Cage de contention

Cage de contention

Travail à ferrer

Un travail à ferrer - ou simplement travail (au pluriel « travails » et non travaux) - est un dispositif plus ou moins sophistiqué (autrefois fixé dans le sol, et de nos jours mobile) conçu pour maintenir de grands animaux (chevaux et bœufs), en particulier lors du ferrage.

Si dans la plupart des cas, et pour un animal docile, le ferrage est effectué sans l'entraver particulièrement[1], hormis à la tête ou au cou par une simple corde épaisse - longe - ou sangle (nouée, généralement en laissant du mou, à un anneau contre un mur ou à un poteau) destinée uniquement à le faire rester en place voire à l'empêcher de quitter le lieu (en cas d'éventuel bruit soudain provoquant sa frayeur), le maréchal-ferrant utilise le travail pour les chevaux plus difficiles et pour les vaches et les bœufs qui ne peuvent rester debout sur trois pattes.

Sans entrer dans la catégorie des outils, le travail à ferrer est un espace aménagé (intérieur à l'atelier ou extérieur) constitué d'un bâti très robuste dans lequel le cheval ou le bœuf est entravé à l'aide de sangles et de ventrières. Il semblerait que l'usage de ce dispositif, parfois appelé aussi métier à ferrer[2] ait été plus systématique pour les bœufs.

Cet équipement, témoin d'un mode de vie aujourd'hui disparu, est encore visible dans quelques rares localités rurales, où il peut être désigné sous différents noms selon les régions. Dans celle d'Angoulême, c'était le « tramail »[3], comme à Asnières-sur-Nouère[4]. Dans celle de Grenoble, par exemple, on parle d' « étrait » ou de « détré », ainsi à Quaix-en-Chartreuse et à Proveysieux[5], à Mont-Saint-Martin[6] ou encore à Roissard[7]. En Lozère, à Florac, le dispositif était nommé en occitan ferrador [fer'raδu]. [8]

De nos jours, le terme de travail à ferrer est généralement supplanté par celui de « cage de contention ».[9]

Sommaire

Description

Le dispositif est d'abord caractérisé par sa rigidité et son extrême robustesse. Il s'agit en effet de limiter les mouvements d'animaux particulièrement vigoureux et pouvant peser jusqu'aux environs d'une tonne.

Pour ce qui est de sa conception en général et de l'évolution de celle-ci, on remarque selon les modèles une similitude initiale avec un joug, un carcan et une forme de pilori, par le maintien très coercitif des membres et/ou du cou.

L'étymologie citée ci-dessous fait écho aux techniques mises en œuvre pour les intruments de brimade et de torture très en usage avant la Révolution française.

Dans certains villages de Picardie, et de l'Amiénois en particulier (comme à L'Étoile[10] ou à Bovelles, par exemple), où le souvenir de "travails à ferrer" n'est pas conservé, ont pourtant été utilisés dans les fermes, jusque dans les années 1965 environ (généralisation de l'insémination artificielle), des carcans pour maintenir par le cou ou la tête les vaches que l'on mettait à la disposition du taureau. Il y avait un coin spécial dans l'étable où le carcan était fixé au mur. On peut donc considérer ce carcan comme une version légère et peu sophistiquée du "travail à ferrer".

On faisait pénétrer l'animal à ferrer ou à soigner dans cette sorte de cage en avançant, et il en sortait soit généralement par l'avant (mais après avoir libéré son passage en relevant les parties amovibles servant à lui maintenir la tête), soit par l'arrière (si le côté avant du dispositif était fixe), en l'obligeant à reculer, ce qu'il fait avec beaucoup plus de réticence et de temps.

Parties fixes

Dessin dans le Petit Larousse illustré de 1925.

Si quelques exemplaires sont constitués, ainsi que l'évoque l'étymologie du mot travail, de trois pieux comme celui de Roissard, la majorité semble posséder quatre poutres verticales. L'assemblage du bâti relève de la technique de la charpenterie pour ce qui est des travails à ferrer avec montants en bois. Une variante est observée dans le cas de ceux à montants de pierre.

La section de ces pieux est bien entendu importante, de même que le bois utilisé est sans doute toujours du chêne pour ses qualités de dureté et de résistance à la torsion, aux intempéries, aux insectes et aux champignons. Ces poutres verticales sont très solidement fixées dans le sol et réunies à leur extrémité supérieure, l'une à l'autre, par quatre autres pièces de bois (solives) parfois de section légèrement inférieure. Chaque angle ainsi formé par une pièce verticale et une pièce horizontale est renforcé par l'assemblage d'un gousset, dans le but de parfaitement solidariser les parties principales de ce bâti. Parfois, le renforcement était assuré par la fixation de pattes métalliques, comme à Saint-Sulpice-de-Cognac.

Les deux piliers avant de cette sorte de portique sont munis chacun à environ 50 cm du sol d'une sorte de barre de métal ou de court chevron en bois ou encore de marche destinée à l'appui des pattes avant de l'animal.

Certains travails édifiés à l'extérieur sont couverts d'un toit (oblique à une seule pente dans le cas de travail accolé à un mur voisin, en bâtière, donc à deux pans, pour un travail indépendant et isolé de toute construction proche). Les quatre gros pieux verticaux du bâti sont alors les porteurs directs du toit.

Parties mobiles

Parties mobiles en matériau rigide

  • parties rotatives, faisant fonction de treuil
  • parties amovibles, basculantes ou pivotantes

Parties mobiles en matériau souple

  • lanières et sangles
  • ventrières

Liste non exhaustive des travails à ferrer du "Petit patrimoine"

(Cette liste répertorie des dispositifs conservés (donc encore actuellement visibles) et d'autres définitivement disparus.)

Avec pieux de bois

Ain

Aude

Charente

Doubs

Lot-et-Garonne

Oise

  • Rouvroy-les-Merles, travail dont l'origine reste à déterminer, mais entreposé au Centre de Formation Professionnelle Agricole.

Pas-de-Calais

Le "travail à ferrer" de l'atelier Quénehen, vers 1905, à Puits-Bénault, (hameau du Pas-de-Calais).

Pyrénées-Atlantiques

Somme

Dans la rue de Lihons, à Méharicourt, vers 1905.

Avec montants de pierre

Cantal

Lozère

En Espagne

Voir aussi

Notes, sources et références

  1. Docilité du cheval, attestée par photos ici, ou par tapisserie ancienne consultables en ligne
  2. Gérard Boutet, La France en héritage - Dictionnaire encyclopédique - Métiers, coutumes, vie quotidienne, 1850-1960, éd. Perrin, 2007, 1502 pages - (ISBN 978-2-262-02622-6) (p. 873)
  3. Patrimoine de France
  4. Témoignage recueilli sur le vif en mars 2008 (voir page de discussion).
  5. Quaix-en-Chartreuse (page au format PDF consultable en ligne)
  6. Mont-Saint-Martin (page au format PDF consultable en ligne)
  7. Site sur le Trièves
  8. Florac
  9. Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural - Les mots du passé, éd. Fayard, 1997, 1766 pages - (ISBN 2-213-59587-9) (p. 1632).
  10. Site perso très détaillé consacré au village de L'Étoile
  11. Petite photo du "travail" à Conand
  12. Témoignage recueilli en mars 2008 (consultable en page de discussion) auprès de la propre fille du maréchal-ferrant de l'époque.
  13. photos
  14. Bœufs attachés
  15. Site municipal officiel de Colayrac
  16. Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants d'un maréchal-ferrant d'une autre localité, collègue à l'époque de celui de Groffliers.
  17. Photo de la place de Poey-de-Lescar
  18. Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants du maréchal-ferrant de l'époque.
  19. Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, ayant vu personnellement le travail à ferrer de Buigny-Saint-Maclou jusque dans les années 1950.
  20. Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, ayant vu personnellement le travail à ferrer de Lamotte-Buleux jusque dans les années 1950.
  21. Témoignage oral recueilli en mars 2008 auprès de généalogistes amateurs de la Somme, petits-enfants du maréchal-ferrant de l'époque.
  22. Site municipal officiel de Roffiac
  23. Photo accompagnant le récit d'une randonnnée sur les pas de Robert Louis Stevenson

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