- Cadence évitée
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Cadence (musique)
Pour les articles homonymes, voir Cadence.Dans la musique occidentale, et plus précisément, dans la musique tonale, le mot cadence recouvre plusieurs notions.
- Le terme vient de l'italien cadenza — chute —, lui-même dérivé du verbe cadere — tomber.
En musique classique, une cadence est au départ une formule mélodique et harmonique ayant pour fonction de conclure un morceau, ou tout au moins, une phrase musicale. Les autres significations sont plus ou moins liées à celle-ci. Par ailleurs, le terme est également utilisé dans le jazz et les musiques apparentées.
Sommaire
Repos musical
En harmonie classique, une cadence est une progression harmonique d’un accord de dominante vers un accord de tonique destinée, par son caractère conclusif, à marquer la fin d’une pièce ou, plus généralement, d’une phrase musicale.
Dans ce sens précis, les cadences sont souvent comparées aux divers signes de ponctuation de la littérature. On peut dire également que les cadences constituent la respiration du discours musical.
Types de cadence
Il existe principalement six types de cadences. La cadence parfaite, qui est la plus employée, doit être considérée comme l'archétype de la cadence : les autres en effet, n'en sont que des avatars, autrement dit, des cadences parfaites avec quelque chose en moins.
La cadence parfaite
En harmonie tonale, la cadence parfaite est une cadence consistant en un enchaînement des degrés V et I, tous deux dans leur état fondamental (c’est-à-dire que la fondamentale de l’accord est à la partie basse dans les deux cas) et sur les temps forts. Pierre angulaire de la musique tonale, la cadence parfaite est habituellement comparée au point de la phrase.
- C’est le type de cadence que l’on trouve généralement à la fin d’un morceau ou d’une section importante. Elle donne une impression de repos complet. Dans les conclusions, on place habituellement la tonique à la partie supérieure.
- Dans un accord parfait, la sensible monte toujours à la tonique sauf dans le seul cas où on entend la tonique à la voix juste au-dessus (par exemple, dans <sol si ré> le <si> peut déscendre au <sol> car on entends le <do> venant du <ré> juste au-dessus)
- La cadence parfaite est habituellement précédée de l'accord de IVe degré, ou plus largement, de tout autre accord préparatoire. Parfois, l'accord de quarte et sixte de cadence vient s'intercaler entre le premier accord et l'accord de dominante : ce type de cadence parfaite amplifiée est appelé cadence italienne ou cadence complète.
- En mineur (forme mélodique descendante), il peut arriver que la sensible de la cadence parfaite soit remplacée par une sous-tonique : on parle alors de cadence modale.
La cadence italienne
En harmonie tonale, la cadence italienne — ou cadence complète — est une cadence consistant en un enchaînement des degrés IV, V et I. La cadence italienne peut être considérée comme une cadence parfaite amplifiée.
- L'accord de sous-dominante peut être remplacé par le IIe degré, sous-dominante secondaire, ou plus largement, par n'importe quel accord préparatoire.
- Entre le premier accord et l'accord de dominante, l'accord de quarte et sixte de cadence est fréquemment intercalé.
La Cadence imparfaite
En harmonie tonale, la cadence imparfaite est une cadence consistant en un enchaînement des degrés V et I, l'un des deux accords au moins, étant à l'état de renversement — le plus souvent, c'est le Ier degré qui est un accord de sixte.
- La cadence imparfaite peut se rencontrer n’importe où. On la compare au point-virgule de la phrase. Elle donne une impression de repos plus passager et son caractère conclusif est moins accentué que dans la cadence parfaite.
La cadence rompue
En harmonie tonale, la cadence rompue — ou cadence évitée, ou encore, cadence trompeuse — est une cadence consistant en un enchaînement entre le Ve degré et un degré autre que le Ier, auquel on s'attend — en référence à la cadence parfaite ou à la cadence imparfaite.
- Ce degré peut être un autre accord de la tonalité — le VIe, très souvent — : la cadence rompue a dans ce cas la même valeur que la cadence imparfaite — voir dans l’exemple ci-dessous la différence d’effet entre la cadence parfaite à gauche, et la cadence rompue à droite.
- Ce degré peut être également un accord étranger à la tonalité : dans ce cas, l'effet de surprise est plus accusé, et la cadence rompue est alors en mesure d'introduire une modulation. La cadence rompue peut donc constituer un enchaînement exceptionnel de l'accord de dominante.
- Certains auteurs considèrent que cadence évitée et cadence rompue ne sont pas synonymes : pour eux, en effet, la cadence évitée aboutit à un accord appartenant à la tonalité, alors que la cadence rompue, aboutit à un accord étranger à la tonalité.
La demi-cadence
En harmonie tonale, la demi-cadence — ou cadence à la dominante — est une cadence consistant en un enchaînement produisant le Ve degré — à l'état fondamental, le plus souvent. On la compare à la virgule de la phrase.
- La demi-cadence donne une impression de simple respiration, de suspension en l'attente d'autre chose, le repos sur la dominante étant par essence instable.
- Le premier accord — celui produisant l'accord de dominante — est appelé accord préparatoire.
La cadence plagale
En harmonie tonale, la cadence plagale est une cadence, consistant généralement en un enchaînement des degrés IV et I.
- La cadence plagale est comme une cadence parfaite dont on aurait remplacé l'accord de Ve degré par l'accord de IVe degré. On peut la comparer à un point final, car elle succède le plus souvent à l'ultime cadence parfaite d'un morceau.
- La cadence plagale peut être considérée comme un accord préparatoire produisant directement le Ier degré, sans passer par le Ve. On pourra donc remplacer le IVe degré de la cadence plagale par n'importe quel bon degré préparatoire autre que le Ier : IIe degré, VIe degré, sixte napolitaine, etc.
Emploi
Ce type de cadence se rencontre traditionnellement dans la musique religieuse et donne un caractère assez solennel à une conclusion. On la trouve notamment chez Brahms, par exemple à la fin de la 1re symphonie, en majeur, et à la fin du 1er mouvement de la 4e symphonie, en mineur. Elle est une survivance de la musique modale.
Origine
Quatre des huit modes ecclésiastiques (modes grégoriens) sont nommés plagaux, par opposition aux modes authentes.
Pour deux de ces modes plagaux, la dominante est sur le IVe degré, et pour les deux autres sur le IIIe degré. La récitation se faisant sur la dominante, et la conclusion sur la finale (tonique), le plaint-chant utilise les cadences IV-I ou III-I.
Le IIIe degré n'étant pas considéré comme un bon degré en musique tonale, seul l'enchainement IV-I est qualifié de plagal aujourd'hui.
Improvisation ou composition
Dans le domaine de l'opéra, de la musique concertante, etc., le mot cadence — on emploie alors parfois le mot italien « cadenza » — désigne en outre, pour un virtuose vocal ou instrumental, la faculté de réaliser une improvisation à un endroit précis de l'œuvre musicale, pendant que les autres instruments s'immobilisent sur un point d'orgue. Le terme désigne alors la section musicale — utilisant fréquemment les motifs de l’œuvre — que joue le soliste non accompagné. Sur la partition, une telle cadence est très souvent située entre l'accord de quarte et sixte de cadence et celui de dominante précédant l'ultime reprise orchestrale — le tutti de l’orchestre, sur un accord de tonique.
- Ce type de cadence, dans lequel le soliste donne libre cours à son imagination et démontre sa virtuosité, sans être soutenu par le tutti, remonte à l'époque baroque au cours de laquelle une très large place était donnée à l'improvisation dans la formation musicale des artistes. C'est ainsi que l'on trouve, dès le début du XVIIe siècle, dans les premières sonates en duo, en trio, des cadences non écrites où le soliste imaginait la manière la plus esthétique de terminer une phrase musicale. Par la suite, les instrumentistes baroques ont considérablement développé la cadence — qui passe de quelques notes ornementales à plusieurs mesures, voire plusieurs dizaines de mesures — et ont fini par consigner certaines d'entre elles par écrit, au point d'en faire disparaître le caractère improvisationnel — cf. les cadences des concertos de Bach ou de Haydn. Mozart a été l'un des premiers à écrire lui-même ses cadences, qui feront désormais partie intégrante de ses concertos, et ouvrant ainsi la voie aux compositeurs des XIXe et XXe siècle. Dans le domaine de l'opéra, à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les compositeurs prennent l'habitude d'écrire entièrement les cadences dans les arias, ceci, afin de limiter les abus commis par les solistes, trop souvent soucieux de mettre en valeur leurs qualités techniques au détriment de l'œuvre musicale. Toutefois, la liberté accordée au soliste perdurera, puisque de nombreux concertistes, aujourd'hui encore, interprètent certains concertos romantiques en y intégrant leur propre cadence, une des plus célèbres étant la cadence de Menuhin du concerto pour violon de Beethoven.
Suite d'accords
Dans son sens le plus large, enfin, une cadence désigne également une « succession d'accords » donnée — donc, en fait, une succession de cadences.
- Par exemple, dans le Canon de Pachelbel, les trois quartes descendantes successivement (ré - la, si - fa#, sol - ré), suivies de la seconde ascendante (sol - la), formant une cellule dont la consécution avec le cinquième degré en fin (la, dominante) suivi du premier degré au début (ré, tonique), entraîne une cadence parfaite à chaque répétition.
L'œuvre est entièrement concentrée dans ces deux mesures jouées 28 fois: Scansion rythmique
Dans le domaine du rythme, la cadence renvoie à l'alternance des temps forts et des temps faibles. C'est ainsi qu'on parlera de la cadence de telle danse, de telle marche, etc.
Jazz et musiques apparentées
Dans le jazz et les musiques populaires apparentées, le mot cadence prend le sens de suite d'accords donnant un cadre et un accompagnement à un morceau de musique.
- Pour plus d'informations, consulter l'article Cadence.
Voir aussi
Liens internes
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