- Brossinière-en-Bourgon
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Bataille de la Brossinière
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« La journée de la Brossinière consola les bons Français à une époque où le deuil était si grand. »
En 1423, la bataille dite la « besoigne » de la Brossinière (commune de Bourgon, Mayenne), dite parfois la bataille de la Gravelle, oppose les armées anglaise et française, alors que la guerre de Cent Ans a repris depuis peu.
Sommaire
Situation
Jadis, le « chemin gravelais » ou « chemin du Roy » (mentionné en 1454), était une voie ancienne renommée, permettant d'aller « d'Anjou en Normandie ».[1]
Circonstances
La bataille d'Azincourt (1415) avait été « particulièrement meurtrière pour la noblesse de la région. Après cette bataille, le régent anglais Jean de Lancastre, nanti des titres de duc d'Anjou et comte du Maine, ordonne une conquête systématique effectuée non sans résistance.
Lors de ce combat, en septembre 1423, la troupe anglaise commandée par William de la Pole, regagnant la Normandie après une expédition de pillage en Anjou et Maine, subit une écrasante défaite.[2]
William de la Pole
Au mois de septembre 1423, lord William de la Pole, frère du comte de Suffolk, était parti de Normandie avec 2 000 soldats et 800 archers pour faire une course au Maine et en Anjou. Il s'était emparé de Segré, y avait rassemblé un butin immense et un troupeau de 1 200 bœufs ou vaches ; puis il était reparti pour regagner le pays normand, emmenant des otages.
Venger l'affront
La reine Yolande d'Aragon, belle-mère de Charles VII de France, qui était en sa ville d'Angers, eut, la première, la pensée de venger l'affront et le dommage causés à son comté, et elle fit prévenir le plus vaillant des partisans du malheureux roi de France, Ambroise de Loré, commandant depuis 1422 de la place forte de Sainte-Suzanne.
Celui-ci, sachant que le comte d'Aumale, Jean VIII d'Harcourt, gouverneur de la Touraine, de l'Anjou et du Maine, était alors à Tours et préparait une expédition en Normandie, lui dépêcha un messager avec une lettre. Le gouverneur vint en toute hâte à Laval, amenant les troupes qu'il avait déjà réunies, « et manda gens de toutes parts à ce qu'ils se rendissent vers lui ».
La préparation
Le plus prompt et le mieux accompagné fut Jean de la Haye, baron de Coulonges, dont on accepta les services malgré la disgrâce où il était auprès du gouverneur, en lui enjoignant seulement de ne pas se présenter à lui. Toute cette concentration se fit très rapidement. Jean VIII d'Harcourt n'était arrivé à Laval que le vendredi 24 septembre. Il en repartit dès le samedi de grand matin, pour aller prendre position sur le chemin que devaient suivre les Anglais, envoyant des coureurs pour surveiller leur marche et le renseigner exactement.[3]
Jean VIII d'Harcourt tint alors conseil avec Pierre d'Alençon[4], Guy de Laval-Loué, sire de Montjean[5], Louis de Trémigon et Ambroise de Loré. Il leur apprit que les Anglais étaient à trois lieues de là et qu'ils passeraient, suivant le grand chemin qui longe la Bretagne, au lieu de la Brossinière, le lendemain matin dimanche.[6]
Le combat
Il y avait deux heures que les troupes étaient rangés en bataille quand on vit les éclaireurs anglais qui donnaient la chasse aux batteurs d'estrade. Les cavaliers leur coururent sus et les forcèrent à se replier sur leurs corps de bataille, où ils mirent pied à terre.[7]
Les Anglais, marchaient bon train, piquant en terre de gros pieux, derrière lesquels ils pouvaient se retrancher au moment de l'attaque de la cavalerie.[8] Les gens de pied les atteignaient de front ; le convoi de chariots et de troupeaux leur fermait l'issue par derrière ; malgré leur courage, ils ne purent résister longtemps.
Ce fut une boucherie où périrent 1 200 à 1 400 hommes. Les autres, parmi lesquels William de la Pole, Thomas Aubourg et Thomas Cliffeton se rendirent. Il n'en échappa pas 120. De l'autre côté, on ne perdit qu'un seul chevalier, Jean Le Roux, et « peu d'autres ». André de Lohéac, le futur maréchal, fut fait chevalier avec plusieurs de ses compagnons. La dame de Laval fit enterrer les morts.
La victoire
Cette victoire fut d'heureux augure pour le commencement du règne de Charles VII de France. Dans le pays, « la besoigne de la Brossinière » resta un souvenir glorieux.[9]
Liens internes
Notes
- ↑ Elle traversait Bourgon au pré du Pavement. C'était en fait une portion du Chemin de Cocaigne, voie gallo-romaine ancienne qui reliait « le Cotentin à la Gascogne ».
- ↑ Cousinot rapporte qu'« il y eut de grandes vaillances d'armes faites » et que les Anglais « furent desconfits au champ et y en eut de quatorze à quinze cent de tuez... »
- ↑ Il était de bonne heure au Bourgneuf-la-Forêt, d'où il envoya à Vitré, vers Anne de Laval, « luy prier qu'elle luy voulust envoyer l'aisné de ses fils, nommé André de Lohéac, lors estant jeune d'âge de douze ans ; laquelle le fist très volontiers et luy bailla pour l'accompagner, mestre Guy de Laval, seigneur de Montjean, et tous les gens de la seigneurie de Laval, avec plusieurs autres ses vassaux qu'elle peut recouvrer et avoir promptement d'autre part. »
- ↑ Fils bâtard de Jean Ier d'Alençon, tué à la bataille d'Azincourt.
- ↑ Oncle à la mode de Bretagne, que les dames de Laval baillèrent comme gouverneur d'André de Lohéac.
- ↑ Chacun émit son opinion ; il fut conclu que le gouverneur, Pierre d'Alençon et Guy, se mettraient à pied et posteraient leurs hommes en bataille au lieu de la Brossinière ; pendant que Loré, Trémigon, auxquels on permettait de s'adjoindre Jean de la Haye, avec leurs deux cents lances, iraient à cheval « besongner sur iceux Anglois ainsi qu'ils verroient à faire ».
- ↑ Les Anglais ne pouvaient plus s'éclairer, ayant toujours devant eux les cavaliers qui se tenaient tous ensemble, se retirant vers le comte d'Aumale ; ils n'étaient qu'à un trait d'arc quand les troupes se démasquèrent.
- ↑ Trémigon, Loré et Coulonges voulurent en tâter, mais la barrière était trop redoutable ; ils la tournèrent et frappèrent vaillamment sur les Anglais, qui, pris en flanc, se rompirent et furent acculés à un grand fossé.
- ↑ Ceux qui y avaient pris part s'en vantaient à toute occasion et, cinquante ans après, leurs enfants s'en réclamaient comme d'un titre de gloire.
Références
- Jean Cousinot, Chroniques de la pucelle. Paris, 1859 ;
- Revue Historique et Archéologique du Maine, tome I, 1876 ;
- « Bataille de la Brossinière », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition] ;
- La Mayenne des origines à nos jours, Éditions Bordessoules. 1984.
Voir aussi
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