- Brennilis (centrale)
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Site nucléaire de Brennilis
Le site nucléaire de Brennilis est un site nucléaire actuellement en démantèlement. Il est situé en France, sur la commune de Brennilis dans le Finistère, dans les Monts d'Arrée à environ 25 km de Carhaix-Plouguer et 60 km de Brest.
Sommaire
Installation
A partir de 1962, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) construit un réacteur nucléaire expérimental, modéré à l'eau lourde et refroidi au gaz carbonique (filière HWGCR), d'une puissance de 70 MW. En 1967, il est mis en service et la production d'électricité démarre.
En 1971, les choix gouvernementaux portant sur la filière à eau pressurisée mettent fin au caractère expérimental du réacteur de la centrale de Brennilis.
Le 15 août 1975, deux explosions endommagent la prise d'eau d'une turbine et détruisent un poste téléphonique. De nombreuses vitres sont également brisées. Attentat revendiqué par le FLB-ARB.
En 1979, ce sont deux pylônes électriques à l'entrée de la centrale qui sont détruits par le FLB-ARB. L'électricité ne pouvant plus être évacuée, la centrale doit s'arrêter. C'est la première fois qu'un groupe terroriste réussit à perturber le fonctionnement d'une centrale nucléaire.
En 1985, le réacteur est arrêté définitivement.
Entre 1967 et 1985, la centrale est exploitée conjointement par EDF et le CEA, elle produit 6,235 TWh 106 000 heures de fonctionnement (soit environ 12 ans).
Selon un rapport de la Cour des Comptes, le coût du démantèlement de la centrale de Brennilis est actuellement évalué à 482 millions d'euros, soit 20 fois plus que l'estimation de la commission PEON qui est à l'origine du parc nucléaire actuel[1].
Un démantèlement expérimental
La première phase du démantèlement a été lancée en 1985 :
- décharge du combustible nucléaire ;
- vidange des circuits ;
- mise à l'arrêt définitif.
En 1995 se tient l'enquête publique en vue du "démantèlement partiel" (phase 2 du démantèlement). Sous la pression d'une campagne réclamant le retour à l'herbe par Jean-Yves Cozan, responsable du Parc naturel régional d'Armorique, le décret de 1996 prévoyait que l’exploitant soumettrait au ministre chargé de l’environnement la réalisation d'une étude de faisabilité de démantèlement complet avant fin 1999. La phase 2 a démarré en 1997 :
- décontamination et démontage des bâtiments hors réacteur ;
- évacuation des déchets nucléaires ;
- confinement du bâtiment réacteur.
La centrale de Brennilis était supposée être la première centrale nucléaire à subir un "démantèlement total" en France. EDF et le CEA, les grandes entreprises et l'ensemble des intervenants ont déclaré leur intention de faire de cette opération une vitrine. Ainsi s'exprimait en 1995 Christian Frémont, alors Préfet du Finistère.
Dans la nuit du 12 au 13 décembre 2000, une montée de la nappe phréatique provoque une inondation dans la station de traitement des effluents. En janvier 2001, la centrale a connu un départ de feu dans un joint inter bâtiment.
En 2005, la phase 2 étant pratiquement terminée, il restait les travaux de la phase 3 qui se situent dans l'enceinte du réacteur :
- démantèlement des échangeurs thermiques ;
- démantèlement du bloc réacteur ;
- démolition du bâtiment du réacteur nucléaire.
Cette phase 3 génère un nouveau type de déchets issus du démantèlement et assez fortement actifs (dits FMA vie longue). Le stockage de ces déchets doit être temporairement assuré dans l'installation ICEDA, qui doit être édifiée par EDF sur le site nucléaire de Bugey, en attendant l'ouverture du site de stockage définitif, décidé dans le cadre de la loi dite Bataille.
La solution un temps préconisée d'attendre la décroissance de la radioactivité résiduelle de la cuve et des internes du réacteur pendant encore au moins 40 ans a été abandonnée au profit d'un démantèlement faisant largement appel à des moyens téléopérés (bras et engins robotisés pilotés à distance), permettant les travaux en zone contaminée ou irradiée.
En 2006, Dominique de Villepin signe un décret pour qu'EDF réalise le "démantèlement total" (phase 3) de la centrale.
Mais ce processus a été contrecarré par le réseau "Sortir du nucléaire" qui, le 6 juin 2007, a obtenu du Conseil d'État l'annulation du décret et donc de la procédure de démantèlement. L'organisation antinucléaire explique que, s'il a engagé cette démarche, "ce n'est bien entendu pas pour contester la nécessité de démanteler les installations nucléaires. Il s'agit en réalité d'empêcher EDF d'abuser l'opinion publique : en procédant de façon précipitée au démantèlement de ce petit réacteur d'une puissance de 70 mégawatt (MW), et en prétendant que cette opération se déroule sans difficulté, EDF veut faire croire qu'il serait tout aussi "aisé" de démanteler les réacteurs actuels." [2]
Le 11 juillet 2007, le réseau "Sortir du nucléaire" rend public un rapport d'inspection (menée par l'Autorité de sûreté nucléaire) resté confidentiel, et qui "épingle" sévèrement le chantier de démantèlement de Brennilis. Le quotidien Ouest-France explique "Début juin, les militants du réseau sortir du nucléaire ont obtenu de la justice l'arrêt du démantèlement de la centrale de Brennilis (Finistère). Voilà qu'ils viennent de dénicher un document plutôt embarrassant pour EDF." [3]
Le 29 novembre 2007, le quotidien "Le Télégramme de Brest" rend compte de le réunion de l'observatoire du démantèlement tenue la veille : "Le plutonium détecté dans le chenal de rejet des eaux du site de Brennilis (29) provient de l'activité passée de la centrale nucléaire. EDF l'a reconnu, hier, pour la première fois en public." [4]
En février 2009, l'entreprise privée chargée du démantèlement a été choisie. Il s'agit d'ONET Technologies, une entreprise de Marseille qui devrait également être en charge de deux autres démantèlement de sites nucléaires en France[5]. Le démantèlement a déjà coûté 482 millions d'euros alors que la phase 3 n'a pas encore commencé[6].
Contamination du milieu naturel
La CRIIRAD a réalisé en mars 2006 des prélèvements de mousses aquatiques à proximité de la centrale, derrière la STE (Station de Traitements des Effluents). Selon les analyses de la CRIIRAD, on trouve plusieurs éléments radioactifs provenant incontestablement de la centrale : cesium-137 et cobalt-60. D'autre part, on trouve aussi une concentration anormalement élevée d'actinium-227 (très radiotoxique) dont l'origine n'est pas déterminée[7].
Bande dessinée
La centrale de Brennilis est un des endroits où se déroulent l'action d'une des aventures de Spirou et Fantasio intitulée l'Ankou.
Film
Le démantellement de la centrale de Brennilis constitue le sujet du film documentaire "Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s'éteindre" de Brigitte Chevet (2008, 58').
Références
- ↑ Synthèse du nucléaire, cours des comptes.
- ↑ Dossiers d'actualité - Réseau "Sortir du nucléaire"
- ↑ http://www.mayennesurvoltee.com/Mayenne_survoltee/Actualites/actua_nation/actua_brennilis_12072007/BRENNILIS.jpg
- ↑ Le Télégramme - Le Télégramme - Côtes-d'Armor - Brennilis
- ↑ Le Télégramme - Economie - Brennilis. Onet Technologie va démanteler le réacteur
- ↑ Usine Nouvelle Le bon filon du démantèlement
- ↑ criirad
Liens externes
- Autorisation de mise à l'arrêt définitif et de démantèlement complet de la centrale nucléaire des Monts d'Arrée (Finistère) - Autorité de sûreté nucléaire - note d'information du 13 mars 2006
- La lente agonie d'une centrale nucléaire dans les Monts d'Arrée
- Dossier démantèlement de la Gazette de Brennilis.
- Dossier complet sur le démantèlement de l'association Sortir du nucléaire Cornouaille.
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Catégories : Centrale nucléaire française | Monts d'Arrée
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