- Xavier de La Chevalerie
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Xavier Daufresne de La Chevalerie, né le 28 janvier 1920 à Paris, mort à Saint Nazaire le 21 août 2004.
Ayant rejoint les forces françaises libres dès juillet 1940, diplomate de carrière, Xavier de La Chevalerie a été le Directeur du cabinet du Général de Gaulle (1967-1969).
Sommaire
Environnement familial
Les ancêtres de Xavier de La Chevalerie sont principalement français ou belges et secondairement Italiens.
Belge, du côté de son père, Christian de La Chevalerie (1895-1966), administrateur de Société, et, français, du côté de sa mère, Alyette de Beaulaincourt (1890-1976). En 1916, les blessés de l’Armée Royale Belge étant soignés à l’hôpital de Mortain (Manche), Christian rencontre alors son épouse, originaire de Mayenne.
Xavier de La Chevalerie est le neveu de Xavier de Beaulaincourt, moine Bénédictin, lequel a côtoyé sur les bancs de l’école de l’immaculée conception, rue de Vaugirard à Paris, le Général de Gaulle dont il était l’ami.
Par sa mère, Xavier de La Chevalerie est le cousin germain de Xavier de Beaulaincourt (1920-2003), le neveu du précédent, Secrétaire particulier du Général de Gaulle (1958-1970).
Par son père, il est le cousin de Guy Daufresne de la Chevalerie (1904-2006), fils du général Raoul Daufresne de la Chevalerie, champion olympique en 1920, Commandant en Chef des Forces belges libres au Royaume-Uni en 1941-1942. Militaire et diplomate, Guy Daufresne de la Chevalerie participe à la Conférence de San Francisco. Xavier de La Chevalerie est également l’arrière-petit-neveu du poète belge, Auguste Daufresne de la Chevalerie.
Sa sœur, Édith de la Chevalerie (1918-1942), est morte pour la France. En novembre 1942, le bateau (sur lequel elle s'était embarquée) convoyé depuis Buenos Aires par le Comité de la France Combattante pour rejoindre les ports anglais est coulé par la Kriegsmarine à 850 milles nautiques de Sainte-Hélène (île), dans l’océan Atlantique.
Enfin, époux de Marie-Francoise Hislaire, belge d'origine (1922-1985 - qui lui donnera sept enfants), il est le gendre de René Hislaire (1890-1951), journaliste, critique et essayiste Bruxellois.
Même si la famille Daufresne de la Chevalerie n'est pas de filiation aristocratique, elle dispose d'un blason : "D’or, à un frêne de sinople, terrassé de même".
Biographie
Xavier de la Chevalerie a été élève à Saint-Louis-de-Gonzague (San Luigi Gonzaga) autrement nommé Franklin. Titulaire d’une licence en Droit, Xavier de La Chevalerie est diplômé de l'École libre des Sciences Politiques, promotion 1939.
Forces françaises libres
Mobilisé en 1940, Xavier de La Chevalerie est incorporé au 27e régiment d’infanterie de ligne, dit régiment de Bourgogne. À l’annonce de l’Armistice du 22 juin 1940, il assume sa Désertion de l’armée française en rejoignant les Forces françaises libres.
« J'avais vingt ans, raconte Xavier de La Chevalerie dans ses mémoires, Je ressentais un serrement de cœur à la pensée de quitter ma famille. Mais je cédais à l'attrait de me lancer dans l'aventure. Je n'oubliais pas que j'étais en réalité un déserteur, puisque j'avais fui le 27ème Régiment d'Infanterie. Cependant, les choses me paraissaient simples : puisque l'Angleterre continuait la guerre, il fallait la rejoindre. J'avais aussi le sentiment de trancher avec la vie trop réglée, trop choyée où j'avais vécu dans ma famille, protégé de tout.
Notre jeunesse n'était guère portée au compromis, nous n'avions pas le souci d'une carrière ou la charge d'une famille, et nous étions dégoûtés par ce que nous avions vu en France au cours de notre long périple entre Dijon et le pays basque, ces trains de soldats où l'on sablait le champagne en se réjouissant de l'Armistice ».
La traversée de la France n’était alors pas aisée. Afin de tromper la vigilance de la Maréchaussée, il se vêtit de l'uniforme d'un sous-officier de l'armée polonaise, arborant au revers de la chemise l’ordre de l’Aigle blanc. Avec quelques camarades, à Saint de Luz, il embarque pour l’Angleterre, sur un ancien navire de croisière, l'Arandora Star. Arrivé en juillet 1940 à Londres, il rejoint aussitôt les Forces françaises libres lesquelles, à cette date, ne rassemblent pas plus de trois mille soldats.
« Si peu nombreux, que, lors d'une visite du Roi George VI du Royaume-Uni, nous avions défilé à plusieurs reprises devant lui pour faire nombre et persuader l'opinion que les Forces Françaises Libres représentaient une force imposante »raconte Xavier de la Chevalerie.
Xavier de La Chevalerie participe à la bataille de Dakar, embarquant sur des paquebots mixtes hollandais réquisitionnés par les Britanniques, le Penland et le Westernland. Arrivé à Brazaville, il participe à la campagne d’Afrique avec notamment, Charles Le Goasguen, Robert Galley et Francois Jacob, Prix Nobel de Médecine, tous trois compagnons de la Libération ainsi que Philippe Peychaud, longtemps Président de l’Association des anciens combattants de la 2e division blindée.
Dans ses mémoires, Xavier de la Chevalerie rapporte l'état d'esprit des combattants de la France libre: « Se comptaient, au sein de nos pelotons, des hommes qui tranchaient par leur ouverture et indépendance d'esprit : tel ce planteur qui s'était échappé de Malaisie pour rejoindre le Général de Gaulle et qui, par les responsabilités qu'il avait assumées dans ses forêts d'hévéas, avait déjà l'expérience du commandement. Tel ce sous-diacre - appelé à devenir plus tard député du Finistère - mobilisé à l'Armée du Levant, qui avait rejoint la Palestine et s'était fait à la radio de Jérusalem un des porte-parole de la France Libre. Tels ces administrateurs des colonies qui avaient choisi d'abandonner leur poste en brousse et le cadre administratif dans lequel devait se dérouler leur existence pour servir dans les Forces Françaises Combattantes. Tel enfin ce professeur de philosophie qui enseignait au Caire et devait, avant d'être tué au combat en Libye ».
Xavier de La Chevalerie déclamait souvent des vers de Charles Péguy lesquels portent témoignage de son engagement. [réf. nécessaire] "Voici que m'en vais vers un pays nouveau
Je ferai la bataille et passerai les fleuves
Je m'en vais m'essayer vers de nouveaux travaux
Je m'en vais commencer là-bas des tâches neuves."
Avec le grade de Maréchal des Logis, en 1942, il est chargé d'acheminer jusqu'au nord du Tchad douze automitrailleuses Marmont Harrington débarquées au Cap et lesquelles sont destinées à la Colonne Leclerc de Philippe Leclerc de Hauteclocque. Arrivé à bon port, il intègre la Compagnie des Automitrailleuses du Tchad, unité de combat de la colonne Leclerc. En 1943, il rejoint le 1er régiment de spahis marocains (1er RMSM) de la France libre.
Au début de 1944, il est affecté au Commissariat aux Affaires Étrangères à Alger.
Carrière diplomatique
Xavier de La Chevalerie est reçu en 1945 au concours spécial des Affaires Étrangères organisé à l'intention de ceux qui avaient été prisonniers ou avaient combattu dans la France Libre ou la Résistance. Il occupera tout au long de sa carrière pas moins de dix-sept postes.
Shanghai (Janvier 1946 - Avril 1947), Manille (Avril 1947 - Août 1947), Paris Direction d'Asie Océanie (Octobre 1947 - Mars 1949), New Delhi (Mars 1949 - Mai 1951), Beyrouth (Mai 1951 - Octobre 1953), Londres (Mars 1954 - Février 1957), Tunis (Février 1957 - Juillet 1961)
En juillet 1961, il devient le Directeur du Cabinet de Georges Gorse, Secrétaire d'État aux Affaires Etrangères, puis au Ministère de la Coopération et ce, jusqu’en janvier 1963.
En juin 1963, Il est nommé au poste de premier conseiller à Rabat depuis, puis en 1965 de chargé d'Affaires après le rappel de l'ambassadeur, M. Gillet, suite a l’affaire Ben Barka.
Directeur du Cabinet du Général de Gaulle (1967-1969)
En janvier 1967, le Général de Gaulle le choisit comme son Directeur de Cabinet. « Je sortis de l'Elysée avec une sensation de vertige, le sentiment qu'une responsabilité écrasante allait tomber sur mes épaules, alors que je ne connaissais guère le monde politique puisque toute ma carrière s'était déroulée à l'étranger et que j'avais peu de goût pour les complexités et les remous de la vie intérieure française. (..) Le service du Général n'était pas de tout repos. Le Général de Gaulle était un homme exigeant qui n'admettait aucun relâchement de la part de ses collaborateurs. Lui qui savait tout, qui avait une mémoire prodigieuse et se souvenait des moindres détails, acceptait mal que son entourage ne fût pas à la hauteur ; c'était là une gageure et un constant défi. (..) Aussi bien était-il prompt à relever la moindre défaillance ou encore une connaissance et une perception insuffisantes des gens et des choses dans l'exercice des responsabilités qu'il confiait. Il le faisait souvent avec vigueur mais, dans l'intimité, car rien ne transpirait - ou très rarement - des menus incidents qui, inévitablement, survenaient au fil des jours »(dans Travailler avec le Général de Gaulle)
Sur Mai 1968 : « L'ampleur et le caractère sans précédent du drame le laissa désemparé. Il penchait pour le recours à des solutions de force et s'irritait contre la tendance de ses ministres à ne pas brusquer les choses. Les événements perturbèrent la vie de l'Elysée. Le rythme n'était plus le même. Après avoir dîné dans son appartement avec Madame de Gaulle, le Général retournait à son bureau. Sans doute ne parvenait-il pas à trouver le sommeil et au matin, ses traits accusaient la fatigue. Il y eut aussi bien sûr l'équipée du Baden. Le 29 mai, à 7 heures du matin, le Général me demandait de venir le voir à son appartement. Il paraissait accablé, devenu en quelques jours un vieillard. »
Après l'échec au referendum d'avril 1969, Xavier de La Chevalerie organise le séjour en Irlande du Général de Gaulle.
En hommage à ce dernier, dans ses mémoires, Xavier de La Chevalerie aimait déclamer ces vers de Charles Péguy.
"Et ce grand Général qui gagnait des batailles
Comme on gaule des noix avec un grand épieu
N'était dessous le casque et la cotte de mailles
Qu'un humble et malheureux enfant."
Xavier de La Chevalerie poursuit ensuite sa carrière diplomatique en assurant successivement les postes d’Ambassadeur de France au Mexique (1970-1973), au Sénégal (1973-1975), au Cap-Vert et en Guinée-Bissau (1975-1976), au Canada (1977-1979), au Japon (1979-1983), près le Saint-Siège (1983-1985).
En conseil des Ministres, daté du 6 juin 1984, Xavier de La Chevalerie est élevé à la dignité d'Ambassadeur de France.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- L'ordre de la Libération sur le site de La France libre
- Musée de l'ordre de la Libération
- Fondation Charles de Gaulle
Bibliographie
- Les journées de Mai 1968 à l'Élysée et leur épilogue, Témoignage, Xavier de La Chevalerie, la revue Espoir no 115, 1998. Archives de la Fondation Charles de Gaulle
- Mémoires éditions Transparence Culturelle, 1988
- La Vie Quotidienne A L'Élysée Au Temps De Charles De Gaulle de Claude Dulong
- L’entourage du général de Gaulle à l’Élysée (janvier 1959-28 avril 1969) » de Eric Chiaradia, Histoire@Politique mai-août 2009
- Le deuil de Xavier de Beaulaincourt
- Ngolo Seto d’André Guibaut
- Poètes et chansons Recueil de vers d'Auguste Daufresne de la Chevalerie (1818-1881), publié en 1877.
- Tante Yvonne : une femme d’officier de Florence D’Harcourt
- Biography et Autobiography de Bigaro Diop, 1986
- Le poids de la coopération : le rapport France-Québec de Frédéric Bastien, Collection Débats, Montréal : Québec Amérique, 2006, 275 p.
- La religion des astres d'Anxmandae de Leira
Sources
- Ministère des affaires étrangères. Commission des archives diplomatiques, documents diplomatiques
- Archives de la Fondation Charles de Gaulle
- Archives de la Fondation de la France Libre
- Archives de la Musée de l’Ordre de la Libération
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