- Tricherie aux échecs
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- Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.
La tricherie aux échecs consiste à tenter d'obtenir par des moyens non conformes aux règlements le gain d'une partie d'échecs, d'un prix dans une compétition d'échecs, ou d'autres avantages liés à ce jeu, tels qu'un classement Elo élevé ou un titre de la Fédération internationale des échecs.
Sommaire
Principales formes de tricherie
Frederic Friedel, le fondateur de l'éditeur de logiciels d'échecs Chessbase, identifie trois principales formes de tricherie : modifier la position de façon non conforme aux règles du jeu d'échecs, perdre ou annuler volontairement une partie en échange d'une récompense[1], et consulter un joueur plus fort, qui peut être un programme d'échecs. D'autres possibilités existent, mais sont plus rares. Selon Friedel, la deuxième forme de tricherie est de loin la plus fréquente en pratique et la troisième est fréquente lors des matches par équipes[2].
Non-respect des règles du jeu
Kasparov à Linares
Lors du tournoi de Linares 1994, Garry Kasparov a pris son cavalier en d7 sans annoncer « j'adoube », l'a lâché en c5, puis l'a repris, en violation de la règle de la pièce touchée, pour le poser sur la case f8. Son adversaire, Judit Polgár, n'a pas protesté et a perdu la partie[3].
Utilisation de sources d'information pendant la partie
Exemple de Fischer-Kovačević
Fischer-Kovačević, Zagreb 1970.
Trait aux noirs.Friedel rapporte[2] que lors de la ronde 8 du tournoi de Zagreb, en 1970, Bobby Fischer obtient la position ci-contre, avec les blancs, contre Vlatko Kovačević. Le coup 18…Ch4, laissant la tour g8 attaquer la dame blanche, semble très fort pour les noirs, car après 19.De5 Cd7 20.Df4 Cxg2 21.Rxg2 Th4, la dame blanche est perdue. En effet, sa seule case de fuite est e3, mais 22.De3 se heurte à 22…Txh2+ 23.Rxh2 Dh4+ 24.Rg1 Txg3+ 25.Rf2 Tg8 mat.
Tigran Petrossian et Viktor Kortchnoï, qui suivent la partie, voient que cette variante ne marche pas : après 18…Ch4, Fischer peut jouer 19.fxe4!, laissant la tour prendre la dame, car après 19…Txg5 Fxg5, les blancs sont gagnants. Sans l'aval des joueurs, la femme de Petrossian décide de communiquer cette analyse à Kovačević, qui joue 18…e3 et gagne la partie, infligeant à Fischer sa seule défaite du tournoi.
Utilisation d'une machine électronique
Des machines miniaturisées permettent de tricher de deux façons différentes : en utilisant un programme d'échecs hors de la vue de témoins (par exemple aux toilettes), ou en communiquant avec un complice. Plusieurs joueurs ont été repérés pour de tels agissements, mais n'ont pas toujours été sanctionnés[2],[4],[5],[6]. Ce type de tricherie se rencontre aussi lors de compétitions sur Internet[7].
Classement Elo et titre de la FIDE
Alexandru Crisan
En 2001, un sous-comité du comité de qualification de la FIDE, en charge de l'attribution des titres tels que maître FIDE, maître international et grand maître international, s'est intéressé au cas du grand maître international roumain Alexandru Crisan. Constatant que ce joueur, pourtant numéro 1 roumain, avait obtenu son classement et son titre uniquement sur la base de tournois qu'il avait lui-même organisés et ne participait pas aux compétitions telles que le championnat de Roumanie ou les Olympiades, le comité lui a « recommandé » de participer à trois tournois. Crisan n'a participé qu'à l'un d'eux, le Memorial Vidmar, ne marquant que 0.5 point sur 9. Le grand maître Alexander Baburin remarque dans Chess Today[8] qu'au cours de ce tournoi, Crisan a commis des erreurs très inhabituelles pour un joueur professionnel. Ainsi, dans la position du diagramme ci-contre, il lui aurait suffi de jouer 57…Txe3+ 58.Rxe3 Re5 pour obtenir une nulle élémentaire. Au lieu de cela, Crisan a perdu la partie, conduisant Baburin à conclure que son classement Elo de 2 635 n'est pas mérité. Le 8 septembre 2001, le sous-comité chargé de l'étude du cas de Crisan, s'appuyant sur l'avis du grand maître Zurab Azmaiparashvili, a recommandé au comité de qualification le retrait du titre de grand maître de Crisan et l'annulation de son classement Elo, qui devrait être remis à zéro et ne tenir compte que des résultats du mémorial Vidmar[9]. Cette recommandation n'a pas été suivie d'effet[10].
Vladimir Afromeev
Dans Chess Today[8], Alexander Baburin accuse un autre joueur, le Russe Vladimir Afromeev, d'avoir obtenu son classement Elo sans rapport avec son niveau réel lors de tournois qu'il a organisés. La FIDE n'a entrepris aucune enquête officielle à son sujet. Afromeev conserve donc son classement Elo de 2 646 et ses titres de maître FIDE et d'arbitre international[11].
Dopage
Article connexe : dopage (sport).Règles de la FIDE contre le dopage
La FIDE s'est dotée d'un règlement contre le dopage[12], dont la première version est entrée en vigueur le 1er juillet 2001. La liste des substances interdites reprend celle de l'Agence mondiale antidopage[13].
Certains joueurs ont critiqué ce règlement, qu'ils jugent inadapté aux sports de l'esprit dans la mesure où il n'existe pas de substance connue pour améliorer les performances, et que d'autre part certaines substances comme la caféine consommée dans les tournois était susceptible de rendre un contrôle positif.
En 2010, aucun joueur n'a encore été contrôlé positif.
Un incident a eu lieu à l'Olympiade de 2004 à Calvià, au cours duquel deux joueurs amateurs de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Bermudes ont refusé de se soumettre au test. Le comité de discipline de la FIDE a annulé leurs performances.
Le seul incident impliquant un joueur professionnel concerne Vassily Ivanchuk, qui a refusé de se soumettre à un contrôle anti-dopage, ou n'a pas compris qu'on lui demandait de s'y soumettre, lors de l'Olympiade d'échecs de 2008[14]. La FIDE a décidé de ne pas le sanctionner, estimant qu'il n'avait pas été correctement informé sur la procédure à suivre[15].
Anatoli Karpov
Anatoli Karpov aurait utilisé une « machine à oxygène » (dopage sanguin) durant son match de Championnat du monde de 1990 contre Garry Kasparov[16].
Jeu d'échecs par correspondance
Selon différents règlements, les cas les plus graves de tricheries dans le jeu par correspondance n'impliquent pas l'utilisation de logiciels pour choisir ses coups, mais plutôt le recours à l'assistance d'une personne plus qualifiée. Dans le cas de la France, dès son 2e article, le règlement de l'Association des joueurs d'échecs par correspondance précise que chaque participant à un tournoi organisé par l'AJEC s'engage « à ne consulter personne pour la conduite de son jeu ». La règle H1 de la BCCA (British Correspondence Chess Association) stipule qu'on ne doit ni rechercher ni accepter l'assistance ou les conseils de tiers relatifs au jeu[17]. Dans son livre Winning at correspondence Chess (ed. Batsford, 1996), Tim Harding note cependant qu'il n'y a « rien d'explicite » au sujet de la consultation de tiers dans les règles de l'ICCF.
La tricherie dans la littérature
Schaccia ludus, poème en latin de Marco Girolamo Vida publié en 1527, met en scène une partie, arbitrée par Jupiter, opposant Phœbus à Mercure. Ce dernier triche plusieurs fois pendant la partie[18],[19].
La tricherie est aussi un sujet de plaisanteries, comme le montrent par exemple les livres de William Hartston et Bill Tidy, How to Cheat at Chess[20] (« Comment tricher aux échecs ») et sa suite Soft Pawn[21], qui donnent des conseils parodiques pour avoir les meilleures chances de tricher sans être pris, en suivant l'exemple de champions.
Notes et références
- nulle de salon. Article connexe:
- (en) Frederic Friedel, « Cheating in Chess », dans Advances in Computer Games, vol. 9, 2001 [texte intégral (page consultée le 16 mars 2010)]
- (en) Jim Eade, Chess for Dummies, Hungry Minds, 9 septembre 2005, 2e éd., 384 p. (ISBN 978-0-8050-2935-2), p. 254
- (en) India: player gets ten year ban for cheating. Consulté le 21 février 2010
- (en) Wesley So wins Dubai Open, player disqualified for cheating. Consulté le 21 février 2010
- (en) Dutch chess player banned after using Pocket Fritz. Consulté le 21 février 2010
- (en) Nigel Short, « The Sunday chess column », The Daily Telegraph, 2 janvier 2005. Consulté le 21 février 2010
- (en) [PDF] Chess Today, numéro 300. Consulté le 20 février 2010
- (en) FIDE Ruling on Alexandru Crisan. Consulté le 20 février 2010
- (en) Crisan, Alexandru FIDE Chess Profile. Consulté le 20 février 2010
- (en) Afromeev, Vladimir FIDE Chess Profile. Consulté le 20 février 2010
- (en) FIDE Anti-Doping Regulations, FIDE. Consulté le 21 février 2010
- (en) [PDF] Liste des interdictions 2010, Agence mondiale anti-dopage. Consulté le 21 février 2010
- Olympiad Dresden: The Ivanchuk Files, Chessbase. Consulté le 24 février 2010
- Decision of the FIDE Doping Hearing Panel, FIDE, 22 janvier 2009. Consulté le 24 février 2010
- Europe Echecs, n° 503 (septembre 2001), page 66. revue
- (en) Tim Harding, Winning at correspondence Chess, Londres, Bastford, 1996, poche, 196 p. (ISBN 978-0-7134-7731-3)
- (la) Vida's Scacchia Ludus. Consulté le 9 mars 2010
- (en) English translation of Vida's Scacchia Ludus. Consulté le 9 mars 2010
- (en) William Hartston et Bill Tidy, How to Cheat at Chess : Everything You Always Wanted to Know About Chess, but Were Afraid to Ask, Londres, Everyman Chess, 22 août 1994, poche, 96 p. (ISBN 978-1-85744-099-7)
- (en) William Hartston et Bill Tidy, Soft Pawn : The Uncensored Sequel to How to Cheat at Chess, Londres, Cadogan Books, mai 1995, poche, 94 p. (ISBN 978-1-85744-145-1)
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