- Subalternité
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La subalternité caractérise l'état d'une personne dont la voix et les actions sont ignorées, détournées ou rendues inopérantes. Le Groupe d'études subalternes (Subaltern Studies Group, SSG) ou Collectif d'études subalternes (Subaltern Studies Collective) est un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l'étude des sociétés postcoloniales et post-impériales d'Asie du Sud en particulier, et du Tiers Monde en général. Le terme de subaltern studies peut également désigner plus largement les études menées par des chercheurs partageant un certain nombre de leurs points de vue. Leur approche se concentre sur l'étude des couches sociales à la base de la société, plutôt que sur les élites, généralement privilégiées par la recherche.
Définition
Le terme subalternes renvoie dans ce contexte au travail du marxiste Antonio Gramsci. Littéralement, il désigne une personne ou un groupe de rang inférieur, qu'il s'agisse de race, de classe sociale, genre, orientation sexuelle, ethnie ou religion.
Le SSG émerge dans les années 1980, influencé par les études d'Eric Stokes, qui visent à offrir une nouvelle lecture de l'histoire de l'Inde et de l'Asie du Sud. Cette lecture clairement inspirée par Gramsci est expliquée par leur chef de file, Ranajit Guha, particulièrement dans son « manifeste » Subaltern Studies I, mais également dans sa monographie Les Aspects élémentaires des révoltes paysannes (The Elementary Aspects of Peasant Insurgency), un classique. Même s'ils se revendiquent d'une orientation politique de gauche, ils se révèlent très critiques de la lecture marxiste traditionnelle de l'histoire de l'Inde, selon laquelle l'Inde semi-féodale aurait été colonisée par les britanniques, puis se serait politisée, avant d'obtenir son indépendance. Ils sont tout particulièrement critiques de l'idée que ce serait la prise de conscience politique des élites qui aurait inspiré les masses à la résistance et à la rébellion contre les Britanniques.
Les études subalternistes privilégient un recentrement sur les subalternes, et non les élites, comme véritables agents de changement social et politique. Elles démontrent un intérêt particulier pour les discours et la rhétorique des mouvements sociaux et politiques émergents, dans leurs seules actions directement observables, telles que les manifestations ou les rébellions.
Penseurs associés aux subaltern studies
Le Groupe d'études subalternes a été fondé par Ranajit Guha. Récemment, de nombreux membres ont été déçus par le tournant post-moderniste qu'a pris le groupe[réf. nécessaire] (particulièrement Sumit Sarkar, qui l'a quitté).
Charcheurs associés aux subaltern studies[1] :
- Touraj Atabaki
- Shahid Amin
- David Arnold
- Gautam Bhadra
- Dipesh Chakrabarty
- Partha Chatterjee
- Ranajit Guha
- David Hardiman
- Sudipta Kaviraj
- Lata Mani
- Shail Mayaram
- Gyan Pandey
- M.S.S Pandian
- Gyan Prakash
- Edward Said
- Sumit Sarkar (s'est distancié du mouvement)
- Ajay Skaria
- Gayatri Chakravorty Spivak
- Susie Tharu
Notes et références
- Portail du monde colonial
- Portail de l’Inde
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