- Sarko m'a tuer
-
Sarko m'a tuer Auteur Gérard Davet et Fabrice Lhomme Genre Entretiens Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Stock Date de parution 2011 Nombre de pages 364 ISBN 978-2234069510 Sarko m'a tuer est un livre écrit par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, regroupant le témoignage de 27 personnalités, ces dernières affirmant avoir subi la colère ou les représailles de la part du président français Nicolas Sarkozy. Le titre est inspiré de la phrase Omar m'a tuer.
Dès la parution d’extraits, dans L'Express[1], le livre provoque la controverse[2], ayant un écho jusque dans la presse internationale[3],[4],[5],[6],[7]. Il parait dans la même semaine, le 1er septembre.
Sommaire
Affaire Woerth-Bettencourt
Cet entretien est le premier à susciter la controverse et la Une du quotidien Libération[8] (un seconde Une, trois jours plus tard, concerne l'espionnage de Gérard Davet[9]).
La juge Isabelle Prévost-Desprez y indique que ce qui l’a frappée dans le supplément d’information qu’elle a conduit, c’est « la peur des témoins… Ils étaient effrayés de la violence avec laquelle Claire Thibout avait été déstabilisée, ils ne voulaient pas connaître son sort »[10]. La juge affirme en outre que l'infirmière de Liliane Bettencourt avait confié à sa greffière, hors procès-verbal, que Nicolas Sarkozy aurait reçu des sommes d'argent en liquide. Elle est contredite deux jours plus tard par l'infirmière, qui confirme cependant les pressions subies, indiquant notamment avoir été la cible de « menaces de mort »[11]. Pour sa part, la greffière indique n’avoir « aucun souvenir » de confidences faites par l’infirmière[12].
Dans un autre chapitre du livre, l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, affirme avoir subi d'importantes pressions policières pour qu'elle modifie ses dépositions[13].
Suite à cette parution, le 12 septembre 2011, le président du tribunal de Nanterre annonce qu'il a demandé à Isabelle Prévost-Desprez de se déporter des audiences l'affaire du Mediator suite à ses affirmations dans Sarko m'a tuer[14][15]. Pour les mêmes raisons, elle est également convoquée à « un entretien préalable à l'engagement de poursuites disciplinaires » par le premier président de la Cour d'appel de Versailles[16].
Dans le même temps, Claire Thibout et Isabelle Prévost-Desprez sont auditionnées au tribunal de Nanterre, respectivement le 14 septembre et le 20 septembre[17].
Autres éléments
Les autres témoignages mis en avant par L'Express ou ayant donné lieu à une couverture médiatique :
- Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux[18], inspirateur du titre puisqu’il a déclaré « Sarko m’a tué », phrase transformée en « Sarko m’a tuer » par les auteurs (en référence à la phrase « Omar m'a tuer » de l'Affaire Omar Raddad).
- Dominique Rossi, ancien coordinateur de la sécurité en Corse ;
- Jacques Dupuydauby, homme d'affaires, qui accuse Nicolas Sarkozy, alors avocat, de lui avoir demandé de lui payer des prestations fictives ;
- Aurélie Filipetti, qui accuse l'Élysée d'avoir transmis pour publication au Figaro des informations sur sa vie privée[19] ;
- Daniel Bouton, ancien PDG de la Société générale, qui affirme que Nicolas Sarkozy a voulu « se [le] payer physiquement »[20] ;
- Jean-Pierre Havrin, créateur de la police de proximité et ancien directeur de la police dans le Gard[21].
Le livre comporte également des témoignages à charge sur les pratiques de Nicolas Sarkozy, de la part de personnalités politiques de droite : Patrick Devedjian, Christine Boutin et Dominique de Villepin.
Réactions
Les réactions à ce livre sont nombreuses et vives : la majorité parle de manœuvre à moins d'un an de l'élection présidentielle française de 2012, tandis que l'opposition réclame l'ouverture d'une enquête[22].
Certains journalistes critiquent le livre ou son traitement médiatique : Sébastien Fol, journaliste au Figaro, déplore la référence du titre à Omar Raddad et « l'inflation du vocabulaire politique et le marketing éditorial »[23]. Alain Duhamel, éditorialiste à RTL, n'attaque pas l'ouvrage en lui-même mais regrette que les médias relaient l'information sans vérification ni enquête préalable[24] ; toujours sur RTL, Jean-Michel Aphatie parle de « faillite du journalisme »[25].
Pour Daniel Schneidermann, le titre est bien choisi et « le contenu est à la hauteur, et surtout exceptionnellement médiatisable », mais se demande si l'on peut « mettre sur le même plan » les 27 différentes personnes[26]. Dans le même article de Marianne où il évoque le démenti de l’infirmière, Maurice Szafran écrit « Indispensable de lire, à tête reposée et sans a priori […] Sarko m’a tuer. Rigueur de l’enquête, précision de l’écriture, un thriller de la politique » [27].
Ventes
15 000 exemplaires sont vendus les trois premiers jours, ce qui place le livre en tête du classement des ventes « essais et documents » en France[28]. Au bout de deux semaines, il reste en tête du classement, avec 25 000 exemplaires vendus, ce qui, d'après L'Express, « est exceptionnel dans un marché morose »[29]. Le livre passe en deuxième position en troisième semaine (devancé par La République des mallettes, de Pierre Péan)[30]. Les ventes décroissent ensuite, le livre passant sixième en quatrième semaine[31] puis douzième des ventes en sixième semaine[32].
Références
- Bonne feuilles sur lexpress.fr
- Affaire Bettencourt : écoutes, pressions, la polémique enfle », La Dépêche du Midi, 02/09/2011 «
- Giudice accusa: "Sarkozy prese mazzette" », La Republica, 31/08/2011 «
- Peduzzi di Paola « Sarkozy resta impigliato nel caso Bettencourt, tutt’un affare di donne », Il Foglio, 01/09/2011
- Henry Samuel, « Nicolas Sarkozy 'received cash handouts from L'Oreal heiress' », The Telegraph, 01/09/2011
- Sylvie Corbet, « Sarkozy denies claims of illegal campaign cash », Associated Press, 31/08/2011
- Stefan Simons, « Altskandal verdirbt Sarkozy die Libyen-Sause », Der Spiegel, 31/08/2011
- La juge qui accuse Sarkozy », une de Libération du 30/08/2011 «
- Menteurs d'État », une de Libération du 02/09/2011 «
- p. 135 du livre
- Laurent Neumann, « L’ex-infirmière de Bettencourt : "Je n'ai pas parlé de Sarkozy" », dans Marianne, 31 août 2011 [texte intégral]
- La greffière d'Isabelle Prévost-Desprez lâche la juge de Nanterre sur nouvelobs.com. Consulté le 4 septembre 2011
- "Sarko m'a tuer" : les pressions et la peur des témoins », La Dépêche du Midi, 01/09/2011 «
- La juge Isabelle Prévost-Desprez dessaisie du dossier Mediator », liberation.fr avec AFP, 13/09/2011 «
- François Koch, « "Prévost-Desprez reprendra ses fonctions dans l'affaire Mediator" », L'Express, 13/09/2011
- Pauline Talagrand « Bettencourt: la juge Prévost-Desprez convoquée vendredi par sa hiérarchie », AFP, 27/09/2011
- AFP, « Affaire Bettencourt : la juge Prévost-Desprez entendue sur le financement politique », 21/09/2011
- Sylvain Bourmeau, « «Sarko m’a tuer», témoins à charge » sur Liberation.fr. Mis en ligne le 31 août 2011, consulté le 5 septembre 2011
- Pour Filipetti (PS), l'Elysée a fait fuiter une plainte sur sa vie privée, AFP, 01/09/2011
- L'ex-PDG de la Société générale règle ses comptes avec Sarkozy », Challenges, 31/08/2011 «
- François Barrère, « "J'ai eu envie de mettre un coup de boule" à Nicolas Sarkozy », Midi libre
- Sarko m'a tuer, les réactions
- Sébastien Fol, « "Sarko m'a tuer" : à propos d'un titre », blog.lefigaro.fr, 1er septembre 2011. Consulté le 1er septembre 2011
- Emmanuel Schwartzenberg, « Bettencourt/Sarko : Alain Duhamel s'indigne », dans Le Figaro, 1er septembre 2011 [texte intégral]
- Sarko m'a tuer : "faillite du journalisme" (Aphatie) », Arrêt sur Images, 02/09/2011 «
- Daniel Schneidermann, Sarko m'a tuer : pourquoi ça va marché (sic), Arrêt sur Images, 01/09/2011
- Maurice Szafran, « Sarkozy, le journalisme et nous », dans Marianne, no 750, 3 septembre 2011
- Marianne Payot, « Départ fulgurant pour Carrère et Grangé » (Palmarès L'Express/ Tite-Live du 29 août au 4 septembre), L'Express, 09/09/2011
- Emmanuel Hecht, « Le palmarès répond aux questions des Français » (Palmarès L'Express du 4 au 11 septembre), 16/09/2011
- Marianne Payot, « Carrère et Vigan, gagnants sur tous les tableaux » (Palmarès l'Express du 11 au 18 septembre), 22/09/2011
- Le palmarès fait revivre la philosophie de Lucien Jerphagnon » (Palmarès l'Express du 19 au 25 septembre), 29/09/2011 «
- Palmarès: les éditeurs jouent la marque et sauvent la mise » (Palmarès l'Express du 2 au 9 octobre), 14/10/2011 «
Wikimedia Foundation. 2010.