- Pierrot Rajaonarivelo
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Pierrot Jocelyn Rajaonarivelo, né à l’Ile Sainte Marie (Ex-province de Toamasina, côte-Est de Madagascar)le 17 juin 1946[1], est un homme d'Etat et homme politique malgache, Président national du Mouvement pour la Démocratie à Madagascar. Il a eu 2 frères, prématurément disparus et 4 sœurs. Il est lui-même marié et père de trois enfants.
Cursus scolaire
Suivant les affectations successives de son père, fonctionnaire, il est amené à parcourir de nombreuses provinces de Madagascar au cours de sa jeunesse : ses études primaires sont effectuées dans plusieurs villes et diverses provinces:Moramanga, Andapa, Toamasina et Antananarivo où il effectue ensuite ses études secondaires au Lycée J.J Rabearivelo. Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences expérimentales, il obtient un diplôme de Maîtrise de Droit Public et Sciences Politiques et entre en même temps à l'Ecole nationale d'Administration Malgache(ENAM). Il complète son cursus universitaire à l’Université de Paris Sorbonne (DESS Finances publiques) et à l’Institut d’Administration des Entreprises (DESS de Gestion).
Expériences dans la fonction publique et dans le secteur privé
Durant sa carrière professionnelle, Pierrot Rajaonarivelo a alterné des postes dans l’administration publique et le secteur privé. En début de carrière dans le secteur privé, il a travaillé avec les paysans, dans le monde de l’entreprise et dans le commerce international, en particulier chez SCOA (Société Commerciale de l’Ouest Africain) et à la BFCE (Banque Française du Commerce Extérieur). Il a aussi été directeur commercial du Groupe SICE (malgache).
En entrant dans l’administration publique, Pierrot Rajaonarivelo est devenu haut fonctionnaire à Madagascar en exerçant de multiples fonctions, comme celle de Directeur Général du Commerce (Ministère du Commerce), avant d’être appelé à de hautes responsabilités diplomatiques, notamment auprès de l'ONU à New York où il a représenté son pays aux Assemblées générales. Il a été nommé ambassadeur de Madagascar aux Etats-Unis[2] (après avoir été en poste à Paris comme conseiller économique) et représentant de Madagascar auprès des institutions financières internationales et des grands bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI, SFI).Il restera à ce poste sous plusieurs pouvoirs exécutifs (de 1989 à 1997).
Durant cette période, il dirigera le groupe diplomatique africain à Washington et consolidera les relations politiques et économiques entre les États-Unis et l’Afrique, mission qui débouchera sur l’élaboration du programme AGOA[3] (African Growth and Opportunity Act)[4], décidé sous Bill Clinton.
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Avec le couple présidentiel américain Hillary et Bill Clinton - 1994
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Avec les membres du Fonds Monétaire International (FMI) - 1996
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Avec le 1er secrétaire du parti communiste Chinois Hu Jintao - 2002
Vice-primature et secrétaire national de l'AREMA
Le président Didier Ratsiraka l’appelle à ses côtés pour occuper des fonctions politiques hautement stratégiques en tant que vice-Premier Ministre chargé du Budget et de la Décentralisation[5], une fois le parti AREMA revenu au pouvoir en 1997[6]. Didier Ratsiraka confie également à Pierrot Rajaonarivelo la tâche de réorganiser le parti AREMA, défait lors de l'élection de 1992/93 (Cf.page 2). Pierrot Rajaonarivelo est élu secrétaire national de l’AREMA dès novembre 1997. Les résultats électoraux qui suivent donnent au parti AREMA une large victoire dans toutes les élections locales qui suivront : les législatives de 1998, les communales de 1999 (Cf. page 5) [7], les conseils provinciaux de 2000, les sénatoriales en février 2001, et les élections des gouverneurs de provinces en avril 2001.
Étant chargé du ministère du Budget, Pierrot Rajaonarivelo a hérité d’une situation budgétaire assez délicate [8] du précédent régime (source d'ailleurs de la déchéance du président de la République de l'époque - Cf.point 7)[9], mais le gouvernement duquel il est issu a pu corriger les erreurs pour que Madagascar retrouve une situation budgétaire plus conforme aux normes internationales de comptabilité publique[10].
Chargé également de la Décentralisation, Pierrot Rajaonarivelo a œuvré pour la mise en place d'une politique de décentralisation consistant à donner une autonomie économique aux provinces si longtemps délaissées au profit du pouvoir central (Madagascar étant un pays fortement centralisé) [11] : les provinces autonomes[12].
En décembre 1997, un Groupement pour la défense de l’Autonomie des Provinces (GRAP) s’est formé à l’initiative de divers partis politiques (AKFM/KDRSM, AKFM/Fanavaozana, Fihaonana, RPSD, Leader Fanilo, Monima, PSD, Vonjy Iray Tsy Mivaky, Arema, Udecma etc.) et a élu Pierrot Rajaonarivelo comme président. Au sein du GRAP, il a incité l’ensemble de la classe politique à débattre de tous les sujets, et essayer autant que possible de répondre aux aspirations de tous, avant de soumettre ses conclusions au choix souverain du peuple à travers le référendum constitutionnel de 1998. Et celles-ci furent approuvées mais avec un assez fort taux d'abstention [13].Crise politique de 2002
En tant que secrétaire national de l’AREMA, Pierrot Rajaonarivelo, s’attelle à préparer au sein du parti une relève politique afin de gagner l’élection présidentielle de 2001. En effet, en revenant au pouvoir en 1996, le président Didier Ratsiraka se serait engagé à n’exercer que ce mandat[14] et à se retirer de la scène politique. Mais au dernier moment, Didier Ratsiraka renoncerait à cette promesse, et décide de postuler à sa propre succession[15].
La candidature de Ratsiraka a mis Pierrot Rajaonarivelo dans une position inconfortable puisqu'il est (en tant que secrétaire nationale, alors que Didier Ratsiraka est le fondateur du parti) confronté à un choix délicat : affronter dans les urnes le fondateur du parti, qui plus est le président de la République sortant, quitte à diviser leur électorat commun – ce qui aurait conduit à une défaite certaine –, ou, au contraire, accompagner et soutenir Didier Ratsiraka pour donner le maximum de chance à son camp de gagner la présidentielle.
Sa candidature aurait pu créer une crise de régime (donc un conflit des chefs au sommet de l’État) et propulser le pays dans une crise d'instabilité politique mais il avait finalement décidé de remettre à plus tard ses ambitions et fait appel à tous ceux qui lui font confiance pour soutenir la candidature de Didier Ratsiraka.
La présidentielle venue[16], Didier Ratsiraka, qui n’a pas su anticiper sa retraite politique est devancé au premier tour[17] par le candidat Marc Ravalomanana, lequel déclare l’avoir emporté[18], provoquant ainsi la crise politique post-électorale la plus sanglante que le pays ait jamais connu (Cf.08/07/02)(et)[19],[20],[21] et durant laquelle les forces armées pro-Ratsiraka affrontent les milices et les paramilitaires pro-Ravalomanana[22].
Devant l'affrontement devenu inévitable entre les deux protagonistes[23] de la crise post-électorale de 2002, Pierrot Rajaonarivelo, malgré son appartenance au camp de Didier Ratsiraka, refuse[24],[25] de prendre parti tout en appelant les belligérants à la mesure et au dialogue politique[26].
En qualité de secrétaire national de l’AREMA, il a choisi de favoriser la voie du dialogue et crée dans la foulée avec l’ancien président Albert Zafy, le Comité pour la Réconciliation Nationale (CRN), dont il devient le vice-président (la présidence revenant à Albert Zafy)[27], [28].
Cette prise de position « pacifique » a été très mal vu par certains membres de son propre parti[29] car ils accusaient Pierrot Rajaonarivelo de les avoir trahi.
Pourtant, Pierrot Rajaonarivelo est resté ferme et, avec le CRN, continua à promouvoir la "réconciliation nationale" (Cf. pages 168-169, livre Madagascar: Le Duel) [30] dans l'espoir de mettre fin à la crise politique. Comme par exemple, il n'a pas hésité à refuser publiquement de cautionner les velléités « sécessionnistes »[31],[32] des gouverneurs provinciaux de Didier Ratsiraka, déterminés à se démarquer du pouvoir d’Antananarivo tombé dans la main de l’adversaire.
De la même façon, la Communauté internationale, consciente de l’évolution de la situation sur le terrain et d’une opinion nettement en faveur de Marc Ravalomanana, l’a fortement sollicité[33] – en tant que responsable du plus grand parti politique du moment – pour qu’il mette fin au conflit armé qui mine la société malgache. En réponse à la demande de la Communauté internationale et après avoir longuement consulté son parti et diverses personnalités politiques, Pierrot Rajaonarivelo approuve mais hésite à franchir le pas. Les Etats-Unis bousculent l'évènement en reconnaissant le "régime" de Marc Ravalomanana malgré la position contraire de l'Union Africaine [34],[35]. Finalement, Pierrot Rajaonarivelo se décide et déclare reconnaître le nouveau pouvoir(Cf. 01/07/02) en dépit de la position de Didier Ratsiraka. A la suite de laquelle la Communauté internationale (Cf. 08/07/02- la Chine), notamment la France (Cf. 03/07/02 et 04/07/02), a engagé une sortie de crise rapide par la reconnaissance du nouveau régime[36],[37][réf. insuffisante] avec la garantie d’un arrêt définitif des conflits meurtriers que se livrent les deux camps belligérants.
En effet, Pierrot Rajaonarivelo a exhorté ses partisans à opter pour la politique de la « main tendue »[38] envers le nouveau régime. Une consigne prestement suivie par son parti dont la preuve la plus remarquable fut l’élection au sein du Sénat – à majorité AREMA – d’un président issu du parti de M. Ravalomanana, M. Rajemison Rakotomaharo[39].La cause de son exil involontaire en 2002
Pierrot Rajaonarivelo a accepté (dans une déclaration du 16 octobre 2002 - Cf. L'express de Madagascar du 07/11/02 -)[40]d’engager son parti AREMA dans l’élection législative anticipée du 15 décembre 2002[41] – première élection organisée par le nouveau pouvoir – sous certaines conditions [42], dont la garantie d’un scrutin transparent[43] et libre et le bannissement de toute politique d’exclusion et de vengeance. Seulement,le nouveau régime n'a pas tenu compte du calcul politique de l'AREMA présidé par Pierrot Rajaonarivelo [44],[45],[46][réf. insuffisante]: un « avis de recherche » et un « mandat d’amener » sont émis deux jours après, le 18 octobre 2002[47], à l’encontre de Pierrot Rajaonarivelo, sachant que la date limite de dépôt de candidature courait jusqu’au 5 novembre 2002[33] , soit deux semaines plus tard. L’objectif serait vraisemblablement de le rendre inéligible, c'est-à-dire de l’empêcher de se porter candidat à la législative qui se préparait. En tout cas c'est ce qu'affirment ses partisans. Pierrot Rajaonarivelo, en déplacement à l’étranger, dut se résigner à rester en exil en France.
Se sentant trahi par le nouveau régime, il décide d’initier la création d’une plate-forme appelée « front de refus »[48], en vue de boycotter la législative qui s’annonçait alors exclusive présageant par là des prémices d’une dictature rampante à Madagascar[49],[50],[51],[52].
Exil en France
À la fin de l’année 2002, à la suite de l'arrestation et l'inculpation des membres de l'ancien régime[53],[54], (Cf.Page 6), perpétrée par le nouveau pouvoir [55], Pierrot Rajaonarivelo est contraint de s’exiler en France, mais il ne renonce pas pour autant à l’idée de s'occuper de son parti AREMA.
De France, sa terre d’exil, Pierrot Rajaonarivelo réagit aux incriminations dont il fait l'objet à Madagascar à travers les médias. Sa femme et ses enfants, restés à Madagascar, affirmaient avoir été harcelés par le nouveau pouvoir (Cf.pages 7 et 8). En effet, des fréquentes perquisitions à leur domicile[56],[57] ont été menées par le régime. Les observateurs politiques soupsconnaient le nouveau régime de vouloir éliminer Pierrot Rajaonarivelo de l'échiquier politique (Cf.12/11/2003). Celui-ci continue de diriger à distance son parti AREMA mis à rude épreuve à Madagascar.
Le « front du refus » dirigé par Pierrot Rajaonarivelo regroupe toutes les entités politiques malgaches qui avaient choisi de boycotter la législative de décembre 2002. Pendant ce temps, à Madagascar, les procès contre Pierrot Rajaonarivelo se multiplient aboutissant à des peines excessives: le condamner plus lourdement en tant que "complice" qu’en tant qu’accusé principal [58].
Le 14 mars 2003, le nouveau régime de Marc Ravalomanana, qui a agi au vu et au su de tous dans le traitement judiciaire de l’« affaire Pierrot Rajaonarivelo », le fait condamner par contumace, à cinq ans de prison pour « complicité d’usurpation de fonction »[59] par le Tribunal de première instance d’Antananarivo. Une peine réduite à trois ans, au mois d’août 2003, par la Cour d’appel d’Antananarivo. La peine est ensuite définitivement « cassée » par la Cour suprême[60], le 9 février 2005 (L’express de Madagascar, le 10 février 2005).Confirmer une condamnation où le complice est plus lourdement condamné que l’acteur principal alimente effectivement le soupçon d'injustice émis par ses avocats[58].
Mais ces condamnations ne l'ont pas empêché de continuer à s'opposer au régime en place.
À Madagascar, et parallèlement au parti AREMA, d’autres formations politiques se sont créées pour soutenir la cause de Pierrot Rajaonarivelo : Antson’ny Madagasikara, le Collectif des jeunes pro-Pierrot[61]; Solidarité Pierrot Rajaonarivelo[62].
Par ailleurs, plusieurs autres organisations et réseaux d’influences – dont beaucoup agissaient dans l’ombre – gravitent autour de Pierrot Rajaonarivelo et l’accompagnent dans son combat politique. Cela lui a d’ailleurs permis de constituer, tout au long de son exil, une sorte de « shadow cabinet ».
Opposant déclaré au régime de Marc Ravalomanana (comme cela a été publié dans Afrique éducation), Pierrot Rajaonarivelo s’attache alors à construire les possibilités d’une alternance démocratique, et livre sa vision politique lors d’interviews dans de nombreux magazines dont, entre autres, la Revue de l'Océan Indien (ROI), une revue mensuelle malgache, en mai 2004, ou encore Afrique Education bi-mensuel international édité à Paris), en juillet 2004.
Anticipant l’élection présidentielle prévue pour l’année 2007, Pierrot Rajaonarivelo commence à préparer son retour au pays,d’autant plus qu’aucune loi ne le lui interdit à cet instant là (c-a-d: d'abord jusqu'à la nouvelle condamnation survenue en août 2006 et, ensuite, si par opportunisme on se réfère aux décisions de la Haute Cour Constitutionnelle survenues plus tard)[63].
Une tentative de retour au pays natal en 2006
Confronté au problème de date[64] relative au début de sa prise de fonction effective[65],[66],[67] (le 22 février ou le 6 mai 2002)[68],[69] ; cette date devait permettre de fixer celle du scrutin présidentiel suivant, à la fin de son mandat de cinq ans - Cf. page 8, Art.45 et Art 47), Marc Ravalomanana décide d'anticiper la date de l'élection présidentielle, initialement prévue en 2007, et décide qu’elle aura lieu en 2006[70]. C’était le seul moyen pour lui d’échapper à l’obligation de s’expliquer clairement sur cette confusion qui pouvait lui être pénalement préjudiciable.
En France, toutes les organisations qui soutiennent Pierrot Rajaonarivelo l’aident alors à se préparer pour l’élection présidentielle de 2006, où il se porte candidat (déclaration officielle en mars 2006). Contre toute attente et étrangement, le régime de Marc Ravalomanana à Madagascar décide de nouveau de l’empêcher de participer aux élections (Cf. page 2: Journal Madagascar Tribune du 11/06/2005). Aussi, le 8 août 2006 (soit cinq mois après la déclaration de Pierrot Rajaonarivelo à la candidature, et quatre mois avant l’échéance présidentielle), l’exécutif inculpe de nouveau Pierrot Rajaonarivelo pour détournements de fonds publics[71], et la justice malgache lui inflige une lourde condamnation : quinze ans de travaux forcés. Cette condamnation relève, selon ses avocats: "de procédés éhontés" (constitution de dossiers judiciaires montés de toutes pièces contre lui)[72],[73] : Un procès politique.
Malgré la « nouvelle »(l'ancienne condamnation pour usurpation de fonction étant déjà "cassée" par la Cour suprême - Cf. pages 5 et 6) condamnation qui pèse sur lui, Pierrot Rajaonarivelo décide, quand même de rentrer à Madagascar au mois d’octobre 2006[74] pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle prévue au mois de décembre de la même année. Pierrot Rajaonarivelo semblerait, par ce geste, mettre au défi le régime de démontrer les prétendues indélicatesses judiciaires que celui-ci lui impute. Pierrot Rajaonarivelo prend l’avion Air Austral de Paris via La Réunion pour se rendre à Madagascar par Toamasina où le parti AREMA tient ces jours-là leur Congrès. Le régime décide de l’empêcher de venir en produisant un NOTAM fermant l'aéroport de Toamasina pour trois mois [75].
Sachant qu’une foule compacte et nombreuse l’attend au pays, Pierrot Rajaonarivelo se déplace jusqu’à l’Île Maurice voisine[76] pour tenter une nouvelle fois de prendre un autre vol à destination de Madagascar par, cette fois-ci, Antananarivo dont l'espace aérien n'est pas concerné par la fermeture prévu par le NOTAM en question. De la même façon, le 12, 14 et 15 octobre 2006, il est confronté à un refus d’embarquement de la part de la compagnie aérienne mauricienne[77] qui ne voulait pas prendre un quelconque risque.
En dernier recours, il envoie ses avocats déposer son dossier de candidature auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Il y joint les preuves de cas de force majeure afin d’attester de sa bonne foi et justifier son absence du territoire malgache. Mais la HCC n’en tient pas compte et disqualifie[78] sa candidature pour « vice de forme[79]. En effet, la HCC n’a pas accepté la légalisation de la signature de Pierrot Rajaonarivelo par le maire et s’en réfère au code électoral qui stipule que c'est au préfet ou au sous-préfet de procéder à cette validation juridique. Au contraire, la HCC, étrangement, confirme et prouve - à travers sa décision N° 19-HCC/D3 du 18 octobre 2006 arrêtant la liste des candidats à l’élection du président de la République du 3 décembre 2006 - que « le sieur Pierrot Rajaonarivelo conserve la plénitude de ses droits civils et politiques »[63] (Cf.page 57). La Constitution malgache de l’époque précise dans son article 124 que : « les arrêts et décisions de la Haute Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et s’imposent à tous les pouvoirs publics, aux autorités administratives et juridictionnelles. »[80].
Le deuxième repli stratégique en France
S’étant vu refuser l’entrée sur le territoire malgache par les autorités de l’époque, Pierrot Rajaonarivelo se replie en France tout en poursuivant sa lutte politique.
Il continue de rassembler autour de lui des malgaches déterminés à le replacer au centre du jeu politique malgache, et à assurer les conditions de son retour sur le territoire malgache.
C’est cette même équipe qui a réalisé et diffusé la vidéo de Didier Ratsiraka en 2008[81],[82], laquelle a servi d’étincelle et a enclenché le « mouvement Orange »[83] initié par le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina ; c’est encore cette même équipe qui était au-devant de la mobilisation, en France, en faveur du « mouvement Orange » dans le souci de rétablir la démocratie à Madagascar. C’est toujours cette même équipe qui a coordonné la communication de masse dans la presse internationale sur la réalité du pouvoir de M. Ravalomanana.
De plus, les nombreux réseaux et organisations politiques et associatives malgaches, qui travaillent étroitement avec Pierrot Rajaonarivelo, n’ont jamais cessé de mener un travail de lobbying auprès des instances internationales et des chancelleries étrangères à Madagascar, voire même auprès des différents partis politiques malgaches. Ce qui expliquerait, d’une part, la présence constante de Pierrot Rajaonarivelo dans les événements politiques malgaches et, d’autre part, sa capacité à maintenir, à tort ou à raison, son aura auprès de l’opinion publique malgache et des observateurs politiques étrangers.
Le retour définitif au pays natal en 2009
Une fois le régime de Ravalomanana déchu en mars 2009[84], Pierrot Rajaonarivelo profite de l'opportunité offerte par le nouveau pouvoir pour rejoindre son pays natal en avril 2009, après sept années d’un exil forcé[85]. Le nouveau régime, tombeur de Marc Ravalomanana, a, quand même, tenté de l’empêcher de rentrer[86] à Madagascar sous prétexte que le moment n’était pas finalement opportun[87]. Un communiqué du Premier ministre de l’époque, Monja Roindefo, établi sur le papier à en-tête de la présidence de la Haute Autorité de la Transition (HAT), a même été émis dans ce sens, sans que cela ait produit l’effet escompté. Pierrot Rajaonarivelo arrive à Madagascar au mois d’avril 2009[88], accueilli par des dizaines de milliers de partisans[89]. Son aura était intacte, malgré les longues années d’exil auquel il avait été contraint.
Néanmoins, il a déclaré publiquement ses désaccords sur la manière dont la transition allait être conduite[90]: il a mis en avant l’anti-constitutionnalité du changement de pouvoir, et soulève ainsi les risques d’une possible survivance de pratiques pouvant mettre en danger l’ordre constitutionnel et donc républicain. Il appelle en effet, sans succès, à un changement des règles prévues par la Constitution, à savoir un transfert de pouvoir au président du Sénat suivi d’une élection présidentielle anticipée dans les soixante jours.
Il a refusé de participer à un régime de transition, qu'il pense, comme pour la Communauté internationale, ne pas répondre aux normes communément admises de légalité[91].
Dès son retour, il entame des démarches favorisant le dialogue en vue de conduire une période de Transition apaisée et consensuelle[88]. à travers des consultations sans exclusive de toutes les forces politiques en présence[92], qu’elles soient pour ou contre le nouveau régime de transition[93]. C’est ainsi que le dialogue et les échanges de vue ont été entamés avec différents chefs des partis politiques, mais également avec les représentants de la société civile[94] et les responsables des Églises. Plusieurs entretiens ont également eu lieu avec les représentants officiels de la Communauté internationale dont les ambassadeurs de France, des États-Unis, le représentant de l’Union européenne et ceux de l’Union africaine.La création du MDM: Mouvement pour la Démocratie à Madagascar
Le 28 janvier 2010, Pierrot Rajaonarivelo invite des nombreux partis et associations politiques, à se joindre à lui pour créer la plate-forme politique dénommée Mouvement pour la Démocratie à Madagascar (MDM)[95].
Cette plate-forme élargie se construit à la fois en dehors des partis collaborant alors au régime de transition, et en dehors des partis classiques se regroupant derrière les anciens présidents Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana. Pierrot Rajaonarivelo sillonne ainsi tout le pays[96],[97],[98],[99] regroupant des foules considérables à chacun de ses déplacements.
Le MDM, ayant soumis officiellement un argumentaire de fond sur le refus du projet constitutionnel [100], décide d’entrer dans le jeu normal de toute démocratie en appelant les citoyens malgaches à voter NON[101],[102]. Le résultat, bien qu’imparfait, donne le score de 25 % pour le NON[103].
Lors du premier anniversaire du MDM, le 28 janvier 2011, cette formation politique a montré qu'elle est présente [104] dans les 1 500 communes, les 119 districts et les 22 régions que compte le pays. Par ailleurs, le MDM choisit des positions de fond sur les problématiques de sortie de crise, de rétablissement et de promotion de la démocratie à Madagascar[105].
La Communauté internationale, qui est directement engagée dans la recherche de solutions pour une sortie de crise à Madagascar, en est, elle-même, consciente[106]. Ayant pendant longtemps commis l’erreur d’opter pour une approche en « mouvance » (c'est-à-dire mesurer les forces politiques en présence à travers la personnalité des quatre derniers chefs d’État) dans sa méthode de règlement de la crise malgache, la Communauté internationale a décidé d'opter une nouvelle approche dite "dialogue malgacho-malgache"[107] en y intégrant, alors, d'autres entités politiques qu'elle juge - à tort ou à raison - detenir suffisamment de forces politiques capables d’apporter des solutions pour résoudre la crise dont le MDM [108].
Voulant donner l'impression d'être toujours au-dessus des mêlées politiques[109], Pierrot Rajaonarivelo a quand même usé de tout son poids politique à travers le MDM pour persuader l’autorité de la transition et la Communauté internationale de passer à un acte II de la transition[110], afin de l’écourter au plus vite et de garantir, dans les plus brefs délais, des élections présidentielles[111] et législative propres et transparentes supervisées par la Communauté internationale.
Faisant actuellement partie intégrante des acteurs politiques engagés dans la sortie de crise[112] à Madagascar à travers la feuille de route initiée et validée par l’équipe de médiation de la SADC parrainée par la Communauté internationale, Pierrot Rajaonarivelo, représentant l’AREMA dont il est toujours légalement le secrétaire national[113], et surtout le MDM dont il est le président national, fait désormais partie des personnalités que l'équipe de la médiation consulte régulièrement dans la conduite de la Transition. Le 3 mars, lors de la rencontre politique[114], à Ivato, rassemblant différents partis politiques adhérant à la feuille de route, et dirigée par le président de la Transition Andry Rajoelina, Pierrot Rajaonarivelo annonce ainsi publiquement sa candidature à l’élection présidentielle prévue à la fin de cette année 2011[115].
Soucieux d'obtenir la reconnaissance internationale qui passe par la constitution d'un gouvernement "d'Union nationale" tel que prévu par la feuille de route, le président de la Haute Autorité de la Transition, Andry Rajoelina[116] a sollicité Pierrot Rajaonarivelo pour en faire partie. Celui-ci accepte et devient, le 26 mars 2011, ministre d’État chargé de l’Économie et de l’Industrie [117],[118] et numéro 2 d’un gouvernement d’union nationale, dont l’objectif premier est d’organiser des élections acceptées par tous [108]. Ce gouvernement étant chargé d'assurer les affaires courantes.
Notes et références
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- http://www.primature.gov.mg/index.php/item/1201
- http://www.primature.gov.mg/index.php/item/351
Liens externes
1. Site non officiel des partisans de Pierrot Rajaonarivelo: Madagasikara-soa.com
2. Site d'opinion et d'analyse politique Malgache - considéré à tort ou à raison - comme proche du parti MDM: Le journal le Démocrate.
Remarques
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Catégorie :- Personnalité politique malgache
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