- Philippe de Majorque
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Philippe de Majorque (? - 1342) était l'un des fils cadets du roi Jaime II, roi de Majorque et d'Esclarmonde, fille du comte Roger IV de Foix. De ce mariage célébré en 1275, le couple eut quatre fils, les infants Jacques, Sanche, Ferdinand et Philippe, ainsi qu'une fille l'infante Sancia qui épousa Robert d'Anjou, roi de Naples.
Sommaire
Biographie
L'aîné, l'infant Jacques, ayant refusé le trône pour devenir franciscain, leur frère Sanche succéda à leur père. Ferdinand, dit Ferrand, époux en seconde noces d'Isabelle de Sabran, eut son fils Jaime III qui devint roi de Majorque et Jaime IV, son petit-fils épousa la reine Jeanne de Naples. Ayant suivi les traces de son frère Jacques en entrant dans l'Ordre des frères mineurs, l’infant Philippe vécut à la Cour de Naples auprès de sa sœur Sancia.
Pratiquant à la lettre la règle de saint François, il réunit autour de lui un groupe qui prit le nom de « frères de la pauvre vie », une branche des fraticelles ou zelanti. Philippe et ses disciples considérèrent dès lors qu'ils étaient les seuls à réaliser l’idéal des Évangiles. Il réussit à en persuader ses hôtes, le roi et la reine de Naples ainsi que Delphine de Sabran. À sa demande, Delphine prononça, en 1331, ses vœux de pauvreté. Pour réaliser sa promesse elle dut vendre les seigneuries et le patrimoine foncier que lui avait légué, en 1317, Elzéar de Sabran, son époux, dans son « testament de Toulon »[1].
L'Infant s'opposa pour la première fois à la papauté, le 6 décembre 1329, dans un violent prêche, à Naples, où il défendit les béguins et ses « frères de la pauvre vie » contre Jean XXII. Ce mystique étrange et révolutionnaire fut même, en 1333, alors que Jean XXII venait de semer la perturbation dans l'Église avec sa vision béatifique, le candidat pressentit pour lui succéder par le cardinal Napoleone Orsini qui œuvrait pour un concile déposant le pape hérétique. Benoît XII ayant succédé à Jean XXII, Philippe de Majorque demanda à sa sœur et à son beau-frère d'intervenir auprès d'Avignon pour obtenir les privilèges nécessaires à la transformation de l'abbaye Santa Chiara de Naples en un lieu où serait accueillis les « frères de la pauvre vie ». Par deux lettres bullées, datées des 24 juin 1336 et 20 février 1337 }, le pape refusa et ne permit la consécration que le 7 août 1340.
Disciples de Philippe de Majorque
Après la mort de Philippe de Majorque, en 1342, Robert d’Anjou et la reine Sancia restèrent sous l’influence des « frères de la pauvre vie ». De plus leurs chapelains, Andréa de Galiano et Pietro de Cadeneto étaient des disciples de Michel de Césène. Les souverains avaient accueilli au Castel Nuovo deux évêques spirituels, Jean de Bertholeo, qui venait d’être relevé de son siège de Calvi, et Guillaume de Scala, confesseur de la reine. Le pire de tous était le Fra Roberto, ami personnel d'Angelo Clareto, le chef de file des Fraticelles. Quand Pétrarque arriva à Naples, en septembre 1343, en tant qu'ambassadeur du pape Clément VI, il découvrit un royaume semblable à « un navire que ses pilotes conduiraient au naufrage ». Il mit particulièrement en cause le Fra Roberto, de son vrai nom Roberto de Mileto. Ce petit homme gras, couvert de haillons, toujours appuyé sur une canne et ne portant ni chapeau, ni couvre-chef, lui sembla être le comble de l’abjection et il le décrivit tel « un horrible animal à trois pattes ».
Un an après la mort du roi Robert, en 1344, la reine Sancia désignée par son époux, sur son lit de mort, comme régente du royaume en attendant les vingt-cinq ans de majorité de la reine Jeanne, sous l'influence de ses confesseurs, marqua l’anniversaire de ce décès, le 20 janvier, en trahissant son engagement et en entrant à Santa Croce, dont on disait que c’était le couvent des enterrées vives (sepolte vive).
Notes et références
- Paul Amargier, Dauphine de Puimichel et son entourage au temps de sa vie aptésienne (1345-1360) in, Le peuple des saints. Croyances et dévotions en Provence et Comtat Venaissin des origines à la fin du Moyen Âge, Académie de Vaucluse et CNRS, 1987, 1987 (ISBN 2906908002) p. 155.
Bibliographie
- Guillaume Mollat, Les papes d’Avignon (1305 – 1378), Limoges. 1949
- Yves Renouard, La papauté à Avignon, Paris. 1954
- Emile-G. Léonard, Les Angevins de Naples, Presses universitaires de France, Paris, 1954
- Bernard Guillemain, La cour pontificale d’Avignon, (1309 – 1376). Étude d’une société, Paris. 1962
- Dominique Paladilhe, Les papes en Avignon, Paris. 1975
- Archives municipales de Marseille, Marseille et ses rois de Naples, La diagonale angevine 1265-1382, Edisud, Aix-en-Provence, 1988 (ISBN 2-85744-354-4)
- Bernard Guillemain, Les papes d’Avignon (1309 – 1376), Paris. 1998
- Benoît Beyer de Ryke, Le Moyen Age et ses dissidents religieux : cathares et béguines, XIe-XIVe siècles, Colloque international « Sectes » et « hérésies » de l’Antiquité à nos jours. Le rapport au pouvoir, Université Libre de Bruxelles, Institut d’Étude des Religions et de la Laïcité, Bruxelles, mai 2002
- Jean Favier, Les papes d’Avignon, Fayard, Paris. 2006
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