- Ordre de la Francisque
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L’ordre de la Francisque gallique est une décoration qui fut attribuée par le Régime de Vichy en tant que marque spéciale d’estime du maréchal Pétain.
Elle devait être « le symbole du sacrifice et du courage et rappeler une France malheureuse renaissant de ses cendres ».
Elle est créée, approuvée et régie par les dispositions des arrêtés du 26 mai 1941 de la loi du 16 octobre 1941 et les décrets des 14 mars 1942 et 31 juillet 1942. La Francisque est déclarée « insigne du Maréchal de France Chef de l'État Français ».
Bien qu'étant l'insigne de Pétain à titre personnel, la francisque est progressivement utilisée sur les documents officiels comme symbole de l’État français en tant que personne morale[1].
Sommaire
Conditions et serment
Le candidat devait avoir 2 parrains, « présenter des garanties morales incontestées et remplir deux des conditions ci-après : avant la guerre, avoir pratiqué une action politique nationale et sociale, et conforme aux principes de la Révolution nationale : manifester depuis la guerre un attachement actif à l'œuvre et à la personne du maréchal : avoir de brillants états de services militaires ou civiques ». Il devait prêter ce serment : « Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m'engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre. »
Attribution et Révocation
La distinction est attribuée soit directement par le chef de l'État, soit par le « Conseil de la Francisque » composé de douze membres, nommé par le chef de l'État et présidé par le grand chancelier de la Légion d'honneur. Elle peut être révoquée dans les mêmes conditions car dépendant d'une carte d'autorisation spéciale.
Médaille
Insigne : 26,5 mm de haut sur 19,4 mm de large, cet insigne prétend rappeler la forme de la hache de guerre des Francs et des Germains (la francisque était en réalité une arme de jet à un seul fer, la hache à double tranchant est appelée labrys). Le bâton de maréchal émaillé de bleu, à 10 étoiles et extrémités dorées, est le manche où s'attachent 2 fers émaillés de tricolore. Accroché à gauche au-dessus du rabat d'une poche de poitrine de veste civile ou militaire. Toutes les pièces en or et or et diamants furent créées par les Ateliers Ehret à Paris.
Titulaires célèbres
Une liste de 2 626 titulaires, dont 3 femmes, a été reconstituée par la Haute Cour en 1945 (les archives du Conseil de la francisque ayant été détruites). L'ouvrage de l'Archiviste Jérôme (pseudonyme d'Henry Coston), L'ordre de la Francisque (Paris, Publications H.C, 1995, 64 pages), donne environ deux mille noms, dont notamment :
- la veuve du général Charles Huntziger en est la première récipiendaire ;
- les Frères Lumière en 1941 ;
- Raymond Marcellin, secrétaire général de l'Institut d'études corporatives[2] ;
- Jean Tollinchi, haut-fonctionnaire à Montpellier au service des questions juives (il sauva de nombreux juifs en déclarant non juifs des juifs, et en faisant passer des lettres de la Résistance sous le timbre du Gouvernement de Vichy - à la Libération, plusieurs familles juives témoignèrent de son action), puis huissier de justice à Ajaccio ;
- François Mitterrand, délégué du Service national des étudiants, au printemps 1943[3] ;
- le (futur) général Raoul Salan, alors lieutenant-colonel à l'état-major du général commandant en chef à Dakar ;
- Bernard de Chalvron (résistant des nap) ;
- le journaliste Tony Burnand ;
- le pasteur protestant Marc Boegner (proche de Pétain, il sauva des milliers de Juifs. Il a ensuite été nommé « Juste » par Israël.) ;
- Paul Dungler (résistant alsacien) ;
- l'acteur Charles Vanel ;
- l'acteur Pierre Fresnay ;
- Edmond Giscard d'Estaing, président des compagnies d'assurances « Le Phénix » et père du futur président de la République ;
- Camille Laurens, qui siegera à Vichy avant d'être résistant, futur ministre de l'Agriculture de la IVe République ;
- l'homme de radio et télévision Jean Nohain ;
- l'écrivain Jean Ousset ;
- l'écrivain et journaliste Jacques Ploncard d'Assac ;
- l'écrivain et journaliste Charles Maurras[4] ;
- l'écrivain et journaliste Henry Coston ;
- le sculpteur Maxime Real del Sarte ;
- Antoine Pinay[5] (homme politique) ;
- l'écrivain Henri Pourrat ;
- l'écrivain Henri Massis ;
- l'écrivain Antoine de Lévis-Mirepoix ;
- le général Maxime Weygand, et son épouse ;
- le journaliste Jean-Raymond Tournoux ;
- Xavier Vallat ;
- Jean-Louis Tixier-Vignancour ;
- Pierre Mauriac, doyen de la faculté de médecine de Bordeaux, frère de François Mauriac ;
- Pierre Dunoyer de Segonzac, fondateur de l'École des cadres d'Uriage ;
- l'écrivain Paul Morand[6] ;
- Louis II de Monaco ;
- l'écrivain et journaliste Jean Arfel alias Jean Madiran ;
- l'abbé Fernand Maillet, directeur de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la croix de bois ;
- l'abbé Jean Rodhain, aumônier général des prisonniers de guerre et futur Secrétaire général du Secours catholique ;
- René de Chambrun (gendre de Pierre Laval) ;
- le peintre de marine Marin-Marie ;
- Maurice Couve de Murville, homme politique, futur Premier ministre du général de Gaulle.
- Henri Giraud, Secrétaire d'État, directeur général des travaux de Paris.
- Charles Vallin, ancien vice-président du PSF, membre du Conseil de justice politique du régime de Vichy
- Jean Védrine, père d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Lionel Jospin (1997-2002)
Notes et références
- « Cachet de la sous-préfecture de Dinan, 6 décembre 1943, État français (Régime de Vichy) », Académie de Rennes.
- Pierre Péan, Une jeunesse française. François Mitterrand, 1934-1947, éd. Fayard, 1994, p. 288
- Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du BCRA à l'époque, écrit : « C'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il a été proposé pour la francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette « distinction » pour ne pas dévoiler. » (De Gaulle ou le temps des méprises, éd. La Table Ronde, 1969, p. 216 Pierre Péan, op. cit., p. 292-295.
- Eugen Weber, L'Action française, éd. Hachette, 1990, p. 520
- « Antoine Pinay, ou l’empreinte d’un mythe », L'Humanité, 14 décembre 1994
- Pierre Péan, op. cit., p. 294
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