- Opino
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Opino était une pieve du littoral de la Plaine orientale en Corse, dans l' « En-deçà-des-Monts », un territoire encore dit « Terre-de-la Commune », qui, avec le Cap Corse, équivalait à l'actuel département de Haute-Corse.
Sommaire
Géographie
Opino était une pieve qui comptait environ 450 habitants vers 1520. Elle se situe au nord du cours du Tavignano vers son embouchure, englobant à l'époque le Stagno di Diana. Au nord se situe la pieve de Verde, à l'ouest la pieve de Serra et au sud la pieve de Rogna.
Elle possède une façade maritime allant de l'embouchure de la Bravona au nord, jusqu'à celle du Tavignano au sud, soit à Aléria.
Au XVIe siècle, tout le le littoral de la plaine d'Aléria était déjà abandonné. Vers le Ve siècle, à la chute de Rome, les Vandales avaient déferlé sur la Corse, rasant les villes dont Aléria, apportant avec eux les germes de la malaria. Vivre dans la plaine d’Aléria était impossible pour des siècles.
Opino avait pour seul lieu habité la communauté de Tallone[2]. Accroché à la montagne, Tallone a été bâtie à une altitude moyenne de 500 m afin de voir venir l'envahisseur barbaresque cette fois, qui razziait les côtes de l'île dès 1455 (ils le feront durant près de trois siècles). Son église paroissiale San Cesareo a été construite au XVIIe et XVIIIe siècles. Au début du XVIIIe siècle la pieve de Opino ne comprenait toujours que la seule communauté de Tallone qui comptait alors 142 habitants[3].
Les cartes de Corse du XVIIIe siècle ne font pas toutes apparaître Opino (Voir « la pieve civile » ci-dessous), et Tallone est écrit différemment : Tallone ou Talone.
Histoire
Après une lente et anarchique reconquête de l'île sur les Maures démarrée vers 860, le pape Urbain II nomme archevêque Daibertus évêque de Pise qui devient en 1092 métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses : Nebbio, Mariana, Accia, Sagone, Ajaccio et Aleria. Jalouse parce qu'ayant aussi participé à la reconquête, Gênes obtient en 1133 du pape Innocent II ceux de Nebbio, Mariana, Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aleria.
En 1284 a lieu la bataille navale de Meloria. Henri da Mare (fils d'Ansaldo, cosseigneur de Rogliano, amiral de Gênes) défait la marine pisane. La Corse devient la propriété de Gênes.
Au XVIe siècle l'organisation judiciaire en Corse comprenait le « Syndicat », une sorte de tribunal suprême à fonctions diverses. Celui de l'En-deçà-des-monts, était composé de « syndics » : deux Gênois plus six membres Corses élus à raison de deux par terziero ; leur compétence s'étendait aux juridictions de Bastia, Corte et Aléria. « Mais on ne tarda pas à supprimer les syndics insulaires, de sorte que bientôt les représentants de Gênes purent seuls faire partie du Syndicat »[4].
La pieve civile
Au début du XVIIIe siècle, Opino se situait dans la province d'Aléria et relevait de sa juridiction. L’abbé Francesco Maria Accinelli à qui Gênes avait demandé une estimation des populations de Corse, avait rédigé un texte manuscrit en langue italienne à partir des registres des paroisses. Il avait écrit : « Pieve di Opino : Tallone. 152 »[3].
Après fusion avec Opino, la Serra s'agrandit en s'étalant vers la mer, obtenant ainsi une façade maritime allant de l'embouchure de la Bravona au nord, jusqu'à celui du Tavignano au sud, soit à Aléria[7],[6].
On retrouvera cependant Opino sur la « Carte de l'isle de Corse »[8] de Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772), cartographe, éditée en 1764.
Sur la Carta dell'Isola di Corsica par Domenico Policardi, capitaine ingénieur-cartographe italien, éditée en 1769[Note 1], soit le passage de la Corse sous l'administration militaire française, la Serra se situe toujours dans la province d'Aléria, la pieve d'Opino n'apparaissant plus.
La pieve religieuse
La pieve de Opino se situe dans le diocèse d'Aléria[Note 2], siège d'un tribunal en matière ecclésiastique. Il en existait cinq à l'époque de Morati[Note 3],[9] : Bastia, Aléria, Ajaccio, Nebbio, Sagone.
Pour se mettre à l'abri des Barbaresques qui razziaient fréquemment le littoral, l'évêque d'Aléria demeurait à Cervione dont l'église Saint-Erasme a été une cathédrale de 1558 à 1789, soit jusqu'à la Révolution.
Le centre de la pieve
Tallone (ou Talone selon les cartes de l'époque) était le centre de la pieve. Le lieu-dit « Pieve » à l'E-SE du village et à près d'un kilomètre au nord-ouest de la Punta San Giovanni (147 m), devait être l'emplacement antique de la cité d'Opino ; l'église principale était l'église Saint-Jean depuis longtemps disparue. Des fouilles archéologiques sont opérées sur le site romain de Pieve qui est de nos jours une zone de culture.
Voir aussi
Articles connexes
- Pieve de A Serra
- Liste des pievi de Corse
- La Plaine orientale
Notes et références
Notes
- Légendes : Carta dell'isola di Corsica, dedicata a sua eccelenza il signor Giuseppe Rocco Boyer de Fonscolombe commendatore, e gran croce dell'ordine di San Michele di Baviera, governatore della citta d'Hieres in Provenza / Domenico Policardi capitano ingegniere
- Sur la Carta dell'Isola di Corsica par Domenico Policardi éditée en 1769, on découvre l'orthographe Aleria pour Alleria anciennement
- Le docteur Pietro Morati di Muro est l'auteur de la Prattica manuale, manuel à l'usage des hommes de loi
Références
- BNF no FRBNF405911899) (notice
- ADECEC Eléments pour un dictionnaire des noms propres
- Francesco Maria Accinelli in L’histoire de la Corse vue par un Génois du XVIIIe siècle - Transcription d’un manuscrit de Gênes - ADECEC Cervioni et l’Association FRANCISCORSA Bastia 1974
- Colonna De Cesari-Rocca et Louis Villat in Histoire de Corse Ancienne librairie Furne Boivin & Cie, Éditeurs 5, rue Palatine Paris VIe 1916
- Charles VI en Corse Le capitaine Vogt faisait partie des troupes auxiliaires de l’empereur
- BNF no FRBNF40592487p) (notice
- Nouvelle carte de l'Isle de Corse apartenante a la Republique de Genes, presentement divisée et soulevée, sous les ordres du baron de Neuhoff, élu roy sous le nom de Theodore Premier (1737) du capitaine Vogt
- BNF no FRBNF405910531) (notice
- BNF no FRBNF405911926) (notice
Catégorie :- Paroisse de la Corse
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