Missions d'enquête au Tibet (1979-1985)

Missions d'enquête au Tibet (1979-1985)
Relations entre le gouvernement tibétain en exil et la République populaire de Chine
Drapeau de la République populaire de Chine
Drapeau : Gouvernement tibétain en exil
Chine et Gouvernement tibétain en exil
     Chine
     Gouvernement tibétain en exil


Dans le cadre du dialogue sino-tibétain, entre 1979 et 1985, le dalaï-lama envoya 4 missions d'enquête dans différentes régions du Tibet[1] et deux délégations de pourparlers à Pékin.

Sommaire

Première mission

La première mission d'enquête quitta l'Inde le 5 août 1979. Son but était de « tenter de comprendre les nouveaux dirigeants de la Chine et de réconforter les 6 millions de Tibétains au Tibet ». Elle passa plus de trois mois au Tibet, mais ne publia pas ses résultats. Les délégués rapportèrent des films dont certains furent diffusés par la BBC en TV. A Dharamsala, ils montrèrent 10 h de film et donnèrent un rapport qui dura 18 h. La délégation rapporta au dalaï-lama que la foi du peuple dans le bouddhisme n'était pas ébranlée, et que la majorité continuait de vénérer le dalaï-lama, rêvant d'un Tibet indépendant sous sa direction, leur condition économique était incroyablement pauvre. Parmi les responsables chinois rencontrés par la délégation, Li Xiannian leur dit que la Chine était « désireuse de résoudre le problème tibétain par la discussion et d'aborder toutes les possibilités pour l'avenir »[1].

En 1979, Juchen Thupten Namgyal dirige la première mission d'enquête au Tibet au cours de laquelle il a visité durant quatre mois, du 24 août au 24 décembre 1979, les trois provinces du Tibet, rencontrant le peuple et enquêtant sur la réalité du terrain au Tibet[2].

Lobsang Samten avait lui aussi fait partie de la 1er mission d'enquête au Tibet. Il déclara à son retour : « Nous avons vu des choses incroyables et révoltantes. Je suis désespéré. Notre civilisation est anéantie. Si au moins les communistes avaient aidé les gens après cette destruction ! Mais, au contraire, ils ont détruit ce qui existait sans rien nous donner à la place »[3].

Pendant ce voyage, les membres de la mission rencontrent également le 10e panchen-lama et d'autres officiels tibétains[2], dont Phuntsok Wangyal qui n'occupait alors qu'un modeste poste administratif sans grand pouvoir[4].

Seconde mission

La seconde mission (mai 1980), comprenant 5 jeunes tibétains instruits et dirigée par Tenzin Namgyal Tethong[5], voyagea dans les différentes régions du Tibet pendant plus de 3 mois. Son court rapport mentionnait que « les Tibétains ordinaires mènent toujours une vie d'une pauvreté indescriptible ». Le plus étonnant était la persistance de la foi religieuse au Tibet. Ils rapportèrent que 99% des monastères et temples avaient été détruits. Dans les villes, il y avait plus de nouvelles maisons que d'anciennes, mais les Tibétains ordinaires ne les habitent pas. Tous les quartiers généraux des districts avaient à leur tête des Tibétains, mais les décisions étaient prises par des Chinois. La délégation ne rencontra aucun Tibétains heureux, ou n'ayant pas une histoire d'oppression ou de souffrance, ni aucun ayant reçu une éducation universitaire durant les 31 dernières années. Au Kham et dans l'Amdo, le Tibétain n'était enseigné dans aucune école, cependant, au Tibet central, il l'était à l'école primaire pendant 3 ans. La délégation ne manqua pas d'observer un processus insidieux de sinisation qui mettait en péril l'avenir de la civilisation tibétaine[1].

La mission s'acheva le 25 juin 1980 sur un incident, quand un délégué cria que le Tibet était indépendant, et que la foule réagit avec émotion[1].

Troisième mission

La 3e mission (juillet 1980) comprenait 7 membres, et était dirigée par la sœur du dalaï-lama, Jetsun Pema. Les délégués voyagèrent durant 3 mois en été 1982. La délégation rencontra des obstacles, confirmant le rapport précédent sur la faiblesse du programme chinois dans le domaine de l'éducation. Leur demande de voir différentes régions agaça Pékin qui souhaitait les confiner aux écoles modèles. Aussi, la 3 mission ne rapporta que des statistiques données par le chinois selon lesquelles il y avait 430 écoles primaires comprenant 17 000 étudiants, 55 écoles intermédiaires avec 10 000 étudiants et 6000 écoles dirigées par les parents avec 200 000 étudiants qui recevaient maintenant des soutiens gouvernementaux, 22 écoles secondaires avec 2 000 étudiants et 4 collèges avec plus de 560 étudiants. Cependant, la délégation ne put visiter que 85 écoles avec 39 844 étudiants, dont seulement 17 660 était tibétains (44%). De même, sur 2 979 professeurs, seuls 1 024 (30%) était tibétains. Aucune des écoles visitées n'étaient "comparable au standard des écoles dirigées par les Tibétains en exil"[1].

Pourpalers à Pékin

La 1er délégation de pourparlers (avril 1982) passa 1 mois à Pékin, explorant différentes propositions pour l'avenir du Tibet. Le dalaï-lama a toujours tenté de lier les conditions de son retour au futur statut du Tibet, et si la Chine ne répondait pas à ses demandes minimales, la possibilité d'un retour était annulée. La délégation avait été briefé par le dalaï-lama avant leur départ[1].

En octobre 1984, une 2e délégation de pourparlers se rend à Pékin.

En 1982 et 1984, en tant que représentant du 14e dalaï-lama, Juchen Thupten Namgyal a dirigé des équipes de négociation à Pékin et a discuté de nombreuses questions importantes avec les responsables chinois, y compris le droit à l'autodétermination du peuple tibétain[2]. Les autres membres de cette délégation comprenaient Phuntsok Tashi Takla et Lodi Gyaltsen Gyari[6].

Quatrième mission

Finalement, l'été 1985, la 4e mission comprenant 6 membres, dont Thubten Samphel, fut envoyée pour enquêter sur les conditions dans l'Amdo. Son rapport fut le plus effrayant. Thubten Samphel évoqua l’extinction des dinosaures. Cette mission posait la question de savoir si les Tibétains rencontreraient le même sort que les Mandchous et les Mongols[1].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f et g (en) Dawa Norbu, Tibet : the road ahead. Rider & Co, 1998, (ISBN 978-0712671965), p. 279-284
  2. a, b et c (en) Former Kalon Tripa Juchen Thupten Namgyal passes away, Phayul.com, 1er septembre 2011
  3. Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, Claire Lumière, 1993, (ISBN 2905998261)p. 300
  4. Claude Arpi, Interview with Kasur Thubten Juchen Namgyal, 15 mars 1997
  5. KALON TRIPA @ 2011
  6. (en) Lobsang Wangyal, Juchen Thupten Namgyal dies at 82, Tibet Sun, 1er septembre 2011

Liens internes


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