- Plan de paix en cinq points pour le Tibet
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Le plan de paix en cinq points pour le Tibet fut présenté le 21 septembre 1987 au Congrès des États-Unis à Washington par le 14e dalaï lama.
Après la déclaration de Deng Xiaoping en 1979 affirmant "qu'à l'exception de l'indépendance, tous les problèmes pourraient trouver une solution par la négociation"[1], le Dalaï Lama se tourne exclusivement vers la Chine dans l'espoir que des négociations s'ouvrent sur la question du Tibet. Après 8 ans de tentatives infructueuses, en 1987, le Dalaï Lama fait une déclaration à la Commission des Droits de l’Homme du Congrès des États-Unis pour proposer un Plan de paix en cinq points où il demande « à la Chine de s’engager sérieusement dans des négociations pour résoudre la question du futur statut du Tibet »[2].
Les 5 points sont :
- Transformation de l’ensemble du Tibet en une zone de paix ;
- Abandon par la Chine de sa politique de transfert de population qui met en danger l’existence des Tibétains en tant que peuple ;
- Respect des droits fondamentaux et des libertés démocratiques du peuple tibétain ;
- Restauration et protection de l’environnement naturel du Tibet, ainsi que cessation par la Chine de sa politique d’utilisation du Tibet dans la production d’armes nucléaires et pour y ensevelir des déchets nucléaires ;
- Engagement de négociations sérieuses à propos du statut futur du Tibet et des relations entre les peuples tibétain et chinois.
Selon Robert Barnett, suite à ce discours, des médias officiels invectivèrent le dalaï-lama, et les autorités chinoises organisèrent un rassemblement obligatoire le 23 septembre au stade de Lhassa où 14 000 personnes durent écouter la sentence de mort de 2 Tibétains (Les condamnés y ont été exhibés et leur sentence fut annoncé en forme d’avertissement politique, ils furent exécuté immédiatement[3]), des actions qui constituent des causes directes des manifestations des moines en 1987[4].
Suite aux troubles au Tibet qui se développèrent, le dalaï-lama, conscient du danger induit par la violence, augmenta ses efforts à la recherche d'une solution négociée. Il prononça un discours le 15 juin 1988 au Parlement européen de Strasbourg qui stupéfia tout le monde. Il se déclarait prêt à abandonner sa demande d'indépendance et à céder à la Chine la défense et la politique étrangère du Tibet en échange de quoi le Tibet conserverait le contrôle de ses affaires intérieurs, expliquant que la décision définitive appartenait au peuple tibétain[5].
Il espérait que cette proposition de négociation servirait de base pour la résolution de la question du Tibet. Le 14e dalaï lama déclara : « Ma proposition, qui a été ensuite connue sous le nom « d'approche de la voie médiane » ou de « proposition de Strasbourg » consiste à envisager pour le Tibet une véritable autonomie dans le cadre de la République populaire de Chine. Il ne doit pas s'agir, cependant, de l'autonomie sur papier qui nous avait été imposée il y a cinquante ans dans l'accord en 17 points, mais d'une autonomie réelle, d'un Tibet qui s'autogouverne véritablement, avec des Tibétains pleinement responsables de leurs propres affaires intérieures, y compris l'éducation de leurs enfants, les questions religieuses, les questions culturelles, la protection de leur environnement délicat et précieux et l'économie locale. Pékin continuerait à assumer la responsabilité de la conduite des affaires étrangères et de la défense ».
Si les autorités chinoises réagirent en qualifiant ses propos de « séparatistes » les Tibétains en exil étaient très mécontents de cet abandon de l'indépendance historique du Tibet. Certains comme les délégués du Congrès de la jeunesse tibétaine voulaient prendre les armes. Le dalaï lama expliqua que la violence appellerait la violence en retour et que la cause tibétaine risquait de voir s'éloigner la sympathie qu'elle suscite dans le monde pour sa lutte non-violente. Finalement, les jeunes tibétains n'appelèrent pas à prendre les armes. En décembre 1989, le dalaï lama obtint le prix Nobel de la paix pour sa recherche de « solutions pacifiques basées sur la tolérance et le respect mutuel dans le but de préserver l'héritage culturel et historique de son peuple ». Le dalaï lama utilisa l'argent du prix pour créer la Fondation pour la responsabilité universelle pour les hommes et les femmes dans le besoin dans le monde et notamment en Inde. En cette fin d'année, les autorités chinoises condamnèrent 11 moines à des sentences allant jusqu'à 19 ans de prison pour indépendantisme[5].
Selon le journaliste indien Narasimhan Ram, le dalaï-lama devait renoncer, en mars 1991, à son engagement personnel vis-à-vis de la Proposition de Strasbourg en mettant en avant le fait que la Direction chinoise avait une attitude « fermée et négative » à l'égard du problème tibétain[6].
Plus précisément, le Dalaï Lama aurait pris acte de l'absence de réponse du gouvernement chinois à sa proposition et des critiques des médias chinois démontrant une attitude fermée et négative, pour déclarer que la Proposition de Strasbourg était devenue de ce fait inefficace et que, sans nouvelles initiatives chinoises, il se considérerait libre de toute obligation liée à sa Proposition[7]. Le 2 septembre 1991, le gouvernement tibétain en exil décréta que la Proposition de Strasbourg était devenue invalide[8]. En octobre 1991, le Dalai Lama déclara qu'il souhaitait visiter le Tibet : « Je suis extrêmement soucieux de la situation explosive, la violence peut survenir. Je veux faire ce que je peux pour empêcher cela. ... Ma visite serait une nouvelle occasion de promouvoir la compréhension et créer une base pour une solution négociée ».
Liens internes
- Dialogue entre le gouvernement tibétain en exil et la République populaire de Chine depuis 2002
- 14e Dalaï Lama
- Gouvernement tibétain en exil
- Arme nucléaire au Tibet
Lien externe : Allocution du dalaï-lama au Congrès des États-Unis le 21 septembre 1987
Notes et références
- Message à l’occasion du 47e anniversaire du soulèvement de Lhassa 10 mars 2006
- Une chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979
- Le Tibet est-il chinois ?, p. 146 Robert Barnett in
- Robert Barnett, op. cit. p. 387-388
- Mary Craig, Kundun: une biographie du dalaï-lama et de sa famille p. 365-368
- Cf. N. Ram, Tibet - A Reality Check, dans Frontline, India's National Magazine from the publishers of THE HINDU, Volume 17 - Issue 18, sep. 02-15, 2000.
- http://www.dalailama.com/march10/32ndMarch10.html Statement of His Holiness the Dalai Lama on the Thirty-Second Anniversary of the Tibetan National Uprising Day, 1991
- The Dalai Lama's biography
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