- Maurice Le Scouëzec
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Maurice Le Scouëzec (né au Mans le 1er octobre 1881, mort à Douarnenez le 1er mai 1940 (à 58 ans)) est un peintre, mais aussi un écrivain, qui s'est tenu constamment à l'abri des chemins reconnus.
Sommaire
Sa vie
Sa vie a été racontée par son fils Gwenc’hlan Le Scouëzec[1].
Cet artiste fréquente au début de ce siècle l’univers créatif des peintres de Montparnasse. Embarqué sur de grands voiliers, il effectue de nombreux voyages autour du monde avant de rentrer en France et de mourir à Douarnenez. Maurice Le Scouëzec fut tour à tour pilotin sur les grands voiliers, soldat, globe-trotter, aventurier et artiste-peintre…
On l'a dit anarchiste, mauvais soldat, contradicteur forcené ou matelot blackball … jugements auxquels il aurait souscrit sans réserves ; mais le peintre qui avait acquis les premiers rudiments de son métier en 1900 à bord d'un voilier en route pour les mines de nickel de Nouvelle-Calédonie ne saurait être évalué à l'aune de ces seuls traits.
Il a aussi côtoyé des artistes importants de son époque comme Picasso ou Modigliani.
Son œuvre artistique
Son œuvre est abondante : 3 717 œuvres recensées en 2010. De ses séjours au Soudan et à Madagascar, il nous laisse un grand nombre de tableaux nous dépeignant la vie des villages africains avec un rare réalisme, et une grande puissance évocatrice. Il expose ses toiles au Salon d’automne. Peintre entier et passionné, il se reflète dans la Bretagne qu’il peint, à travers ses paysages tourmentés et ses portraits réalistes et âpres[2].
Il serait malvenu de ne voir en lui qu'un peintre voyageur, amateur de lointains ou, au contraire, qu'un chroniqueur avisé des parages du boulevard Montparnasse. À Montparnasse, au Cap Sizun ou à Madagascar, c'est une même recherche qui guide les pas et la pratique artistique de Maurice Le Scouëzec : fixer, sans les déparer de leur fugacité, des instants dérobés, savanes africaines harassées de soleil, visages ravagés des filles de Montparnasse, corps suppliciés sur la croix ou au fond des tranchées. Au long d'un périple où lumière et ombre font jeu égal, les îles du Pacifique ou de l'océan Indien surgissent telles des escales, parfois plombées de l'ennui qu'engendrent certaines navigations au long cours (c'était à l'époque des grands voiliers soumis au caprice des vents), parfois enchantées de parfums (Zanzibar, Mohéli) ou de couleurs (Madagascar) : Nous sommes dans une mer de sang…[3].
À Pont-d'Ouilly, dans la chapelle Saint-Roch alors rénovée, 70 m² de fresques sont peintes en 1932 par Maurice Le Scouëzec. Il raconte la vie du saint en huit tableaux : la Naissance de saint Roch, saint Roch refuse le sein le vendredi, saint Roch distribue ses jouets, saint Roch part en pèlerinage pour Rome, réception de saint Roch à Aquapendente, saint Roch malade en forêt, saint Roch guérit les pestiférés et saint Roch en prison. Une neuvième fresque se trouve derrière l'autel : saint Roch et les Anges. La facture en est un peu fruste et brutale ; le détail inutile est volontairement négligé mais la composition et les attitudes sont si expressives, dans un coloris très doux, qu'il en résulte une impression de force, de vie et aussi de recueillement. Ces fresques ont été restaurées en 1982-1984 par un artiste polonais, Marek Sobczyk pour celles des murs latéraux et en 2003 par Jean Bonavita pour celles du mur sud[4].
À Douarnenez vers la fin de sa vie, le peintre affronte l'horizon des anciens Celtes où se pressentent, tel un rêve accessible, les îles d'Occident (son attrait pour Sein et Ouessant par exemple)[5].
Le livre que lui a consacré Joël Éluard contient une soixantaine de reproductions de peintures en pleine page et est accompagné de textes poétiques d'Henry Le Bal[6]. Un autre livre que lui a consacré son fils Gwenc'hlan Le Scouëzec contient une quarantaine de reproductions de ses tableaux[7].
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Port rouge à Madagascar (Maurice Le Scouëzec)
Son œuvre littéraire
- Maurice Le Scouëzec, Le Horn, Brasparts : Beltan, 1987
- Maurice Le Scouëzec, Le Voyage de Madagascar, Brasparts : Beltan, 1988 (ISBN 2-905939-13-3) (aussi dérangeant qu'il soit aux yeux de la société et des institutions, Maurice Le Scouëzec se voit décerner, en 1930, le grand prix de Madagascar de la Société des artistes français. Il accepte non sans embarras et se voit offrir un voyage à Madagascar où il sera reçu par l'administration coloniale. Le Voyage à Madagascar relate et illustre le lent voyage en vapeur de Marseille à Tamatave. Le Scouëzec y exprime très directement son rejet de la société. Avant même l'appareillage il s'en prend à la population bigarrée de Marseille, mais c'est aux passagers privilégiés de la première classe, le gros ponte colonial, l'évêque, l'épicier, le notaire, qu'il réserve les traits les plus violents.).
- Maurice Le Scouëzec, Sur les grands voiliers, Brasparts : Beltan, 1992
- Maurice Le Scouëzec, L'Afrique (L'œuvre écrite du peintre Le Scouëzec, vol. 3), Brasparts : Beltan, 1993
- Maurice Le Scouëzec, L'Insoumis, Brasparts, Beltan (regroupement par son fils Maurice Le Scouëzec des textes consacrés par l’artiste à sa vie de marin, entre 1896 et 1901)
Notes et références
- ISBN 2-9516454-5-7) Gwenc'hlan Le Scouëzec et Henry Le Bal, Maurice Le Scouëzec 1881-1940, Beltan, Brasparts, 2005, diffusion Coop Breizh (
- Maurice Le Scouëzec (1881-1940) sur www.galerie-doyen.com. Consulté le 28 août 2010
- Gwenc'hlan Le Scouëzec (éd.), « L'œuvre dessiné, peint et gravé de Maurice Le Scouëzec », Brasparts : Beltan, 1991
- Histoire - Chapelle Saint-Roch sur www.pont-douilly.com. Consulté le 28 août 2010
- Maï-Sous Dantec et Gwenc'hlan Le Scouëzec, « Enez Eusa, Ouessant mystérieux : petit guide de l'île d'Ouessant », Quimper : Elisart, 2001
- Joël Eluard, "Maurice Le Scouëzec", éditions Beltan, octobre 2005
- Gwenc'hlan Le Scouëzec, "Maurice Le Scouezec, 1881-1940, L'aventure De Peindre, Exposition Mona Bismarck Foundation
Catégories :- Peintre français du XXe siècle
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- Décès en 1940
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