Maurice Le Glay

Maurice Le Glay

Maurice-Edouard Le Glay, né à Bordeaux en 1868, mort à Casablanca le 3 avril 1936, était un militaire et écrivain français.

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Biographie

Maurice Le Glay
Maurice Le Glay

Il s’engage dans l’armée française à l’âge de 19 ans. Peu après sa sortie de l'Ecole d'Application de l'Artillerie & du Génie de Fontainebleau, où il est élève-officier, il est envoyé en Algérie. Il devient un membre assidu de la société géographique d’Alger et d’Afrique du Nord, section Historique et Archéologique.

Promu capitaine, fin 1908, il arrive au Maroc, envoyé par le ministre des Affaires étrangères, en tant « qu’officier détaché aux Affaires Etrangères, envoyé en mission aux ordres de notre Consul à Fez pour y étudier quels pourraient être nos moyens de pénétration militaire, politique et économique ». Il fait partie du 13ème régiment d’artillerie, affecté à la Mission militaire chargée d’encadrer l’armée chérifienne. Le 11 juillet 1909, il est nommé Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur.

Sur les années qui précèdent le traité du Protectorat (30 mars 1912), il a rédigé son journal : Chronique marocaine - Année 1911 jusqu’à l’arrivée des Français à Fez (publié en 1933), relatant l’encerclement de la ville par des tribus berbères, ses rapports avec le colonel Emile Mangin et le commandant Edouard Brémont, puis la délivrance de la ville par la colonne du général Moinier. Il rencontra à cette époque le « capitaine Chleuh » Léopold Justinard, fréquenta intimement le palais du sultan Moulay-Abdelhafid (1910-1911) dont il réorganise et commande la Garde Noire. Il pénétra loin dans le pays à la tête des Mehallas qu’opposait Moulay Hafid aux tribus berbères hostiles au Makhzen. Une citation au Bulletin officiel du Ministère de la Guerre lui est accordée le 8 avril 1910 : « a fait preuve de sérieuses qualités militaires dans la direction des opérations entreprises par les troupes chérifiennes contre les tribus Beni-Mtir, du 13 au 18 mai 1909. »

En 1913, Lyautey le place, comme agent politique auprès du général Henrys. Il fut notamment témoin de l’action militaire française contre les Zaïanes et leur chef Moha ou Hammou, se terminant par la tragique bataille d'El-Herri, survenue le 13 novembre 1914. Dès juillet 1913, à la demande d’enquête du Général sur le statut coutumier des tribus berbères, le capitaine Le Glay avait écrit des notes constitutives à la question. Officier de la Légion d’Honneur, au titre des faits de guerre au Maroc, le 22 août 1913, et Médaille militaire, le 30 septembre 1913 : « Maurice Le Glay, capitaine d’artillerie, en mission pour les troupes auxiliaires marocaines, hors cadres (service d’état-major), 25 ans de services, 10 campagnes, 1 citation. »

Il avait adhéré à la politique des égards de Lyautey envers l’élite citadine du Makhzen et les caïds des tribus ralliées. Il installa le premier poste des Affaires indigènes à El Hajeb, au sud-ouest de Fez. Durant toute la première Guerre mondiale, officier rompu aux réceptions diplomatiques de la cour chérifienne, on le retrouve également en guerrier indigène, entraînant derrière lui ceux qu’il appelle ses « salopards », des Berbères ralliés au Makhzen qui chevauchent ses traces contres les tribus dissidentes des Beni Mtir et Beni Mguild.

« C'était sur la Haute Moulouya (le 10 octobre 1917), où deux colonnes françaises, l'une venant de Meknès, l'autre de Bou-Denib faisaient leur jonction. Le Général en Chef (Lyautey) tint à consacrer par sa présence ce brillant fait d'armes. Passant « en revue » les troupes, devant les Commandants des colonnes et leurs états-majors, lorsqu'il arriva en face du Capitaine Le Glay, le Général Lyautey s'arrêta et, à voix haute: « Le Glay, dit-il, voila votre œuvre. » Le Général Lyautey lui remet à cette occasion la Croix de Guerre.

En 1918, après son départ de l’armée, il devient Contrôleur Chef de la Région civile des Abda-Ahmar, à Safi. Fonctionnaire plus pacifique, fréquentant avec une obstination curieuse tous les milieux, il acquiert, en une quinzaine d’années, une documentation unique. Vice-président de la société des écrivains de l’Afrique du Nord, en 1921, il publie deux premiers ouvrages : Récits marocains de la Plaine et des Monts, et, Badda, fille berbère et autres récits, qui obtiendront un grand succès et lui valurent le grand prix de Littérature coloniale, décerné par la Société coloniale des artistes français, en juin 1922. Mais l’étiquette de «berbériste» collée aujourd’hui à son œuvre a certainement fait obstacle à son rayonnement littéraire, comme son indépendance d’esprit a nui à sa carrière militaire.

Dans les milieux nationalistes marocains, on a également reproché à Le Glay d’avoir inspiré une politique de division, opposant les Berbères aux Arabes. Il fut, avec Paul Marty et Georges Hardy, le concepteur de l’école berbère, dans les années 20, qui donnera naissance au collège berbère d’Azrou en 1927. Il a été l’un des principaux instigateurs du Dahir berbère du 16 mai 1930 (décret sultanien, préparé par les autorités protectorales, pour régir la justice coutumière dans les tribus de tradition amazighe). Il a eu l’occasion de défendre ses points de vue à travers des conférences et de nombreux articles, parus dans La Vigie marocaine, le Bulletin de l’enseignement public du Maroc, La Revue des Vivants.

En décembre 1932, il est promu commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur, en compagnie de ses amis le photographe Gabriel Veyre (Officier), et Antoine Mas, propriétaire d’un groupe de Presse dont La Vigie Marocaine, La Vie Marocaine Illustrée, France-Maroc et Le Petit Marocain faisaient partie. Veyre et Le Glay ont été de proches collaborateurs d’Antoine Mas, dans des activités journalistiques et économiques. Il se lia particulièrement d’amitié avec Edouard de Billy, René Euloge, Jean du Pac, et fut l’« informateur » d’ Henry Bordeaux au Maroc.

En 1934, ses œuvres ont inspiré le scénario (écrit par l’avocat et haut fonctionnaire Georges Duvernois) du film Itto, réalisé par Jean Benoît-Lévy et Marie Epstein, avec pour interprètes Simone Berriau (veuve du Colonel Berriau), Moulay Ibrahim, Aisha Fadah et Simone Bourdet.

Maurice Le Glay meurt le 3 avril 1936, à Casablanca, où il s’était retiré. Une rue portera son nom, aujourd’hui rue Bir El Jadid près du Lycée Lyautey.

Publications

  • Récits marocains de la plaine et des monts, Paris, Berger-Levrault, 1921 (Grand Prix de Littérature Coloniale en 1922)
  • Badda, fille berbère et autres récits, Paris, Plon-Nourrit, 1921 (Grand Prix de Littérature Coloniale en 1922)
  • Le chat aux oreilles percées (roman), Paris, Plon-Nourrit, 1922
  • Itto, récit marocain d’amour et de bataille, Paris, Plon, 1923
  • La mort du Rogui (Histoire du Sultan Moulay Hafid, de son gouvernement, des Européens de Fez en 1910), Paris, Berger-Levrault, 1926
  • Les pasteurs (Ichou et Itto, enfants berbères), Paris, Berger-Levrault, 1929 ; publié pour la première fois dans la revue mensuelle illustrée France-Maroc, en mars 1922 ;
  • Les sentiers de la guerre et de l’amour, récits marocains, Paris, Berger-Levrault, 1930
  • Trois Récits marocains (illustrés par Abascal), 150 exemplaires, Les Bibliophiles du Maroc, Casablanca, 1930
  • Nouveaux récits marocains de la plaine et des monts, Paris, Berger-Levrault, 1932
  • Chronique marocaine (Année 1911 jusqu’à l’arrivée des Français à Fez), Paris, Berger-Levrault, 1933

Sources

Une biographie, écrite par le Père Michel Lafon, a été publiée dans "Mémoire Plurielle d’Afrique du Nord" (cahier N°8)

Michel Lafon, "Un écrivain oublié, Maurice Le Glay", in Regards sur les littératures coloniales, tome II, L’Harmattan, Paris, 1999

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