Maurice Gleize (résistant)

Maurice Gleize (résistant)
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Maurice Gleize, né à Nîmes le 7 janvier 1909[1] et mort le 20 avril 2003, est un résistant et poète français.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille ouvrière[2], Maurice Gleize entre en apprentissage dans une imprimerie dès l'âge de 12 ans. Plus tard, il fréquente le soir l'École des beaux-arts de Paris, où il apprend le dessin, et le Conservatoire de musique, où il s'initie au violoncelle, qu'il pratique ensuite en orchestre. Marié, père d'un enfant, il exerce son métier d'imprimeur à Paris, salarié dans une entreprise. Il est mobilisé en 1939, puis, démobilisé, il remet en marche l'imprimerie.

La Résistance et la déportation

Plaque commémorant le premier tirage de France d'abord, 17 rue des Cloÿs à Paris

À partir d'octobre 1940, il met ses connaissances de l'imprimerie au service de la lutte contre l'occupant allemand. Il imprime sous couvert d'éditions commerciales des tracts, des publications clandestines dont L'Humanité et les Cahiers du communisme. En septembre 1941, son imprimerie, située 17 rue des Cloÿs dans le 18e arrondissement de Paris, tire le premier exemplaire de France d'abord, journal qui deviendra l'organe des Francs-tireurs et partisans français.

Il est arrêté le 4 mars 1943. Après avoir transité dans les prisons de la Santé, de Blois, puis au camp de Compiègne, il est déporté au camp de concentration de Neuengamme, où il fait connaissance avec l'ancien chef d'état-major des FTP, Marcel Prenant[3]. Le 2 mai 1945, il est libéré. Il retrouve à Paris son atelier, mais ne reprend le travail que « peu à peu », très affaibli par sa déportation.

Un communiste contestataire : le groupe « Unir pour le socialisme »

En 1945, il reprend son activité d'imprimeur et son activité militante. En 1956, son action pendant la guerre d'Algérie lui vaut la prison.

Militant communiste, secoué déjà par la rupture avec Tito en 1948, il rompt avec le Parti communiste à la suite de l'affaire Marty-Tillon. Avec son « franc-parler »[4], il refuse d'avaliser les accusations portés contre les deux militants[5]. Comptant parmi les animateurs du groupe oppositionnel interne « Unir pour le socialisme », créé en octobre 1952[6], il ne rompt pas avec le communisme mais avec la direction du PCF. En 1960, regroupés au sein d'une Amicale, les militants de ce groupe entreprennent d'écrire une Histoire du PCF. Le premier tome paraît au cours de l'année 1960, mais c'est le tome 2 qui suscite le plus d'intérêt, pour être le premier ouvrage de source interne au PCF à faire état des démarches entreprises en juin/juillet 1940 par des membres de la direction du parti, en vue d'une reparution des journaux L'Humanité et Ce soir, interdits de publication depuis septembre 1939[7]. Ce tome 2 paraît en 1962, accompagné par la décision de militants d'Unir, exclus du PCF, de publier un organe public mensuel, Le Débat communiste. Maurice Gleize est membre du Comité directeur de ce mensuel de 30 à 40 pages, placé sous la direction du biologiste Marcel Prenant, et comptant dans ses rangs l'ancien « kominternien » et résistant Jean Chaintron[8]. Celui-ci en livrant ses mémoires n'oublie pas ses compagnons : « La cheville ouvrière des publications d' Unir était Maurice Gleize, artisan de l'imprimerie Gutenberg, rue des Cloÿs dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Sans son dévouement, sa compétence professionnelle et ses sacrifices financiers, Unir n'eût pu réaliser ses éditions. »

En 1964, Maurice Gleize fait publiquement partie d'un « Comité d'honneur pour la réhabilitation d'André Marty et des victimes de la calomnie », constitué de 100 militants historiques du PCF, notamment issus de la Résistance[9]. En janvier 1966, percevant quelques signes d'ouverture de la part de la direction du Parti communiste, il signe en compagnie d'une vingtaine de militants[10], une « Adresse à Waldeck Rochet demandant solennellement l'annulation des sanctions et exclusions du Parti, prises en l'encontre de militants injustement écartés ».

Ce n'est qu'en 1998 qu'une réponse positive est apportée, pour la plupart des cas de manière posthume[11]. Maurice Gleize est en vie, et c'est à lui, « premier imprimeur de L'Humanité clandestine », que Robert Hue envoie un courrier annonçant sa réhabilitation en même temps qu'il reconnaissait dans le samizdat « Unir pour le socialisme » le bien-fondé de son action contre le stalinisme à la française.

Œuvres

Notes et références

  1. (notice BNF no FRBNF11905170h)
  2. Notes biographiques tirées du témoignage de Jean Chaintron. Voir les sources.
  3. Marcel Prenant, Toute une vie à gauche, Encre éditeur, Paris, 1980. Dans cette autobiographie, Marcel Prenant consacre un long développement aux conditions de « vie » au camp de Neuengamme, p. 225-271. À propos d' Unir, il cite Maurice Gleize, « jadis déporté à Neuengamme », imprimeur du bulletin.
  4. Selon Jean Chaintron. Voir note suivante.
  5. Claude Pennetier, André Marty, Codhos éditions, Paris, 2005 ; Charles Tillon, Un procès de Moscou à Paris, Seuil, Paris, 1971.
  6. Voir l'historique de ce groupe dans le mensuel Le Débat communiste, n° 40, 15 juillet/15 août 1965.
  7. Histoire du Parti communiste français, t. II (de 1940 à la Libération), Éditions Unir, 314 p., s. d., p. 18-28. Cet épisode fait l'objet d'une littérature abondante depuis que ce morceau d'histoire est, théoriquement, dépassionné. Voir Roger Bourderon, La Négociation, été 1940 : crise au PCF, éditions Syllepse, Paris, 2001.
  8. Jean Chaintron,Le vent souflait devant ma porte, Seuil/Mémoire, septembre 1993. La citation qui suit est dans la partie de cet ouvrage qui traite du groupe Unir, p. 383-393.
  9. La liste est publiée dans Le Débat communiste, n° 40, p. 19-23.
  10. « Annulez les sanctions, retirez les calomnies », Le Débat communiste, n° 45, janvier 1966. Les noms de Marcel Prenant et de Jean Chaintron voisinent avec celui de Maurice Gleize. Le texte est repris dans un petit article publié dans Le Monde, courant janvier 1966, sous le titre « Une vingtaine de communistes, parmi lesquels M. Marcel Prenant, demandent leur réintégration dans le PCF ». Maurice Gleize est présenté comme « imprimeur de L'Humanité et de France d'abord dans la clandestinité ».
  11. Article « Mémoire critique », L'Humanite, 2 octobre 1998.

Sources

  • Jean Chaintron, Le Vent soufflait devant ma porte, Le Seuil/ Mémoire, Paris, 1993 (ISBN 2-02-020807-5)
  • Le Débat communiste, mensuel publié par Unir, 55 numéros de 1962 à décembre 1966, directeur Marcel Prenant, imprimé par Gutenberg, entreprise de Maurice Gleize
  • Unir pour le socialisme. Débat, mensuel paraissant à partir de janvier 1967, directeur de la publication : Maurice Gleize
  • « Mémoire critique », réponse de Robert Hue à Maurice Gleize, L'Humanité, 2 octobre 1998



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