- Maputaland-Pondoland-Albany
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L'ensemble Maputaland-Pondoland-Albany est une écorégion d'Afrique australe considérée comme un hotspot de biodiversité par Conservation International.
Sommaire
Localisation
Ce hotspot couvre globalement toutes les zones au climat subtropical humide d'Afrique (ces dernières étant localisées presque uniquement en Afrique du Sud) soit une superficie de 274 136 km². Il forme une large bande côtière allant de l'extrême-sud du Mozambique et du nord-est du Mpumalanga jusqu'à l'est de la province du Cap-Oriental en Afrique du Sud. Il comprend également l'est du Swaziland et borde le sud et l'est du Lesotho. Il se compose donc de trois régions plus ou moins proches biologiquement mais qui possèdent chacune des particularités propres. Le Maputaland (appelé également Tongaland) correspond à la partie sud du Mozambique, au Swaziland et au nord du Kwazulu-Natal, le Pondoland englobe le centre et le sud du Kwazulu-Natal et la région d'Albany correspond à l'est du Cap-oriental[1].
Caractéristiques
C'est une région assez complexe qui se compose d'une grande diversité de paysages avec des reliefs assez marqués. Elle englobe le sud-est du Great Escarpment et descend ainsi jusqu'au bord de l'Océan Indien. De ce fait ce hotspot inclut une grande partie de la Chaîne du Drakensberg, surtout dans le sud et le centre de l'aire. L'une des caractéristiques notables de cette région est le fait qu'elle soit l'une des plus arrosées d'Afrique du Sud, ce qui explique la luxuriance de ses forêts. En effet une grande partie de la zone reçoit en moyenne entre 750 et 1000 mm/an et les côtes du Kwazulu-Natal ainsi que certaines partie du Drakensberg dépassent les 1000 mm annuels. Des villes situées dans ce hotspot comme Durban ou Port Elizabeth reçoivent respectivement 1009 et 1120 mm de pluie par an. les températures ne sont pas extrêmement élevées mais sont constantes au cours de l'année, notamment à Durban[2]. La partie nord se compose principalement de plaines de moyenne et basse altitude, anciennes dunes de sable, alors que le sud possède des reliefs plus accidentés avec de nombreuses falaises découpées par toute une série de cours d'eau. La végétation se compose principalement de forêts, de broussailles, de bushveld et de prairies. Ce hotspot comprend 80% des forêts intactes de l'Afrique du Sud et possède une très grande variété d'espèces d'arbres. La région d'Albany connaît également une grande diversité de plantes succulentes, notamment arborescentes contrairement au port compact des espèces déserticoles du Karoo, par exemple[3].
Biodiversité
L'ensemble Maputaland-Pondoland-Albany supporte une très forte biodiversité tant animale que végétale. Néanmoins avec presque 2000 espèces de plantes endémiques il est le deuxième espace le plus riche en Afrique, en termes de diversité végétal, après le Royaume floral du Cap. Comme dit précédemment cette région possède une immense richesse végétale. Elle compte 8100 espèces de plantes vasculaires, dont environ 1900 sont endémiques. On retrouve notamment près de 600 espèces d'arbres, soit plus que n'importe quelle autre région tempérée au monde. Sur 1500 genres 39 sont endémiques. Il existe également une famille endémique, celles des Rhynchocalycacées qui ne comporte qu'une seule espèce: Rhynchocalyx lawsonioides. De nombreuses plantes présentes dans ce hotspot ont été largement utilisées par la suite comme plantes ornementales ou médicinales. On peut citer par exemple les Strelitzia reginae et nicolai, la Clivia miniata, les Kniphofia ou encore la rarissime Sandersonia aurantiaca. L'Aloe ferox est très utilisée pour sa sève aux vertus curatives.
La diversité animale est moindre avec un endémisme assez faible. Il apparaît 194 espèces de mammifères, mais seulement 4 sont endémiques: Écureuil à ventre rouge (Paraxerus palliates), Pétrodrome à quatre orteils (Petrodromus tetradactylus), la Taupe dorée de Marley (Amblysomus marleyi) et la Taupe dorée géante(Chrysospalax trevelyani). Il existe cependant de nombreuses espèces notables: antilopes, félins, primates, rhinocéros qui ne sont pas endémiques mais très représentatifs des zones protégés notamment dans le Maputaland[4]. C'est le cas tout particulièrement de la sous-espèce méridionale du Rhinocéros blanc (Ceratotherium simum simum) qui était autrefois largement distribuée en Afrique australe et orientale et qui a failli disparaître à cause du commerce de cornes. Pourtant c'est avec une douzaine d'individus placés dans la Réserve d'Hluhluwe-Umfolozi que la population a connu un sursaut extraordinaire. Aujourd'hui la population compte près de 12 000 individus répartis dans plusieurs réserves et ce même hors de l'Afrique du Sud. Il existe aussi plusieurs espèces d'antilopes forestières comme le Suni de Zanzibar (Neotragus moschatus) ou le Céphalophe bleu (Philantomba monticola).
Il existe 540 espèces d'oiseaux dans ce hotspot. Si aucune n'est endémique il apparaît que beaucoup d'espèces forestières d'Afrique australe sont présentes dans cette région et que certaines sont quasiment endémiques à ce hotspot comme le Perroquet robuste par exemple. D'autres sont présentes uniquement dans cette région en Afrique du Sud mais leur aire de répartition se prolonge au delà dans les Forêts côtières d'Afrique orientale[5].
Sur 209 espèces de reptiles 30 sont endémiques. Ce hotspot est le lieu de vie d'au moins 7 espèces de caméléons nains du genre Bradypodion dont l'aire de répartition est très réduite. On trouve aussi un genre endémique contenant une seule espèce: le Serpent noir du Natal (Macrelaps microlepidotus). Parmi d'autres espèces endémiques citons la Cinixys du Natal (Kinixys natalensis), une tortue propre aux Monts Lembobo, la très rare Vipère d'Albany (Bitis albanica), confinée à l'Algoa Bay area dans le Cap-Oriental, tout comme une espèce de lézard: le Cordyle de Tasman (Cordylus tasmani). On retrouve également 72 espèces d'amphibiens dont 11 uniques à cette région. On y trouve notamment un genre monospécifique endémique comprenant la Grenouille de Boneberg (Natalobatrachus bonebergi). On trouve d'autres espèces menacées: la Grenouille de Rattray (Anhydrophryne rattrayi), l'Afrixalus spinifrons et l'Hyperolius pickersgilli. Ainsi qu'une espèce récemment découverte, le Breviceps sopranos qui produit un croassement très aigu.
Parmi les autres groupes du règne animal on peut noter les 73 espèces de poissons d'eau douce avec 22 endémiques. Parmi les espèces d'invertébrés on retrouve notamment les très primitifs Onychophora, qui ressemblent à des vers à la peau velouté, munis de pattes. Dans les humides sols forestiers habite une espèce de ver de terre géant (Microchaetus vernoni) pouvant atteindre 2,6m de long. On y trouve aussi espèce de bousier incapable de voler: le Circellium bacchus, dont l'aire de répartition se concentre seulement dans le Parc national des Éléphants d'Addo et aux environs[6].
Menaces et Conservation
L'ensemble Maputaland-Pondoland-Albany se situe au coeur de l'une des régions d'Afrique subsaharienne les plus densément peuplées[7]. De plus avec son climat relativement humide c'est une région très prisée pour une agriculture qui a augmenté de 122% entre 1987 et 1994 en Afrique du sud. On peut noter la culture de la canne à sucre dans les régions côtières environnantes de Durban qui cause un déboisement important. La culture d'arbres est très intense également avec des essences comme les Eucalyptus, les Pins ou diverses espèces d'Acacias. Ces plantes venues de régions extérieures sont souvent plus gourmandes en eau que les espèces indigènes et changent la nature chimique des sols. Les zones de prairies ou de savanes si elles ne sont pas modifiées par l'agriculture sont utilisées pour des élevages souvent intensifs avec une densité de bétail largement supérieure à ce que la zone est adaptée à recevoir. L'urbanisation est également une menace: avec Maputo (1 099 102 habitants), Durban (3 468 086 habitants) et Port Elizabeth (1 050 930 habitants), plus toutes les autres villes environnantes, la pression urbanistique est très importante avec le développement de larges banlieues et bidonvilles qui empiètent sur les espaces naturels proches. Au Mozambique une grande partie du ressources en bois sont converties en charbon [8]. La Guerre civile du Mozambique a causé presque 1 million de morts et beaucoup de déplacés. Indirectement la protection environnementale est passée très largement au second plan et de ce fait l'exploitation des ressources naturelles s'est faite de manière totalement anarchique dans une optique de survie.
Environ 8% de ce hotspot sont protégés à différents niveaux, soit 23 051 km². Le Parc national des Éléphants d'Addo et ses 24 000 hectares et le Parc national des Zèbres de montagne (6536 hectares) sont gérés part le South African National Parks, une branche du Department of Environmental Affairs and Tourism. Au KwaZulu-Natal les zones protégées font partie du Ezemvelo KwaZulu-Natal Wildlife. C'est le Direcção Nacional de Florestes e Fauna Bravia of the Ministério da Agricultura e Pescas qui s'occupe de la protection des réserves naturelles au Mozambique. Quant au Greater St. Lucia Wetland Park (256 644 hectares) il a été déclaré patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Néanmoins la protection n'est pas forcément assurée sur le terrain, notamment au Mozambique et dans le Pondoland où on remarque l'existence d'un nombre faible de zones protégées et ce sur des surfaces très réduites. La création de parcs transfrontaliers est une initiative importante que l'on remarque dans Maputaland entre Afrique du Sud et Mozambique ou Swaziland. L'extension des aires protégées comme dans le Parc national des Éléphants d'Addo est notable. La naissance en 2000 du STEP (Subtropical Thicket Ecosystem Planning) a pour but de protéger les zones de broussailles et de forêts dans ce hotspot et notamment autour de la région d'Albany, très riche en espèces végétales. Une initiative privée et originale est née dans le KwaZulu-Natal en 1978 via des propriétaires terriens avec l'idée de créer des zones protégées privées pour soit maintenir des zones intactes soit aider à la protection d'espèces en particulier. Elles sont aujourd'hui 218 dans le KwaZulu-Natal couvrant près de 1,5 million d'hectares[9].
Références
- http://www.sa-venues.com/maps/south-africa-provinces.htm
- http://www.south-africa-tours-and-travel.com/south-africa-climate.html
- http://www.biodiversityhotspots.org/xp/hotspots/maputaland/Pages/default.aspx
- Chris & Tilde Stuart. Field guide to Mammals of Southern Africa. Struik Publishers, 2001.
- Ian Sinclair, Phil Hockey, Warwick Tarboton. Sasol Birds of Southern Africa. Struik Publishers, 2002
- http://www.biodiversityhotspots.org/xp/hotspots/maputaland/Pages/biodiversity.aspx
- http://earthtrends.wri.org/updates/node/61
- http://www.biodiversityhotspots.org/xp/hotspots/maputaland/Pages/impacts.aspx
- http://www.biodiversityhotspots.org/xp/hotspots/maputaland/Pages/conservation.aspx
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