Manon Tardon

Manon Tardon
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Manon Tardon, Yvonne Renée Manon Tardon à l'état civil, est née le 17 août 1913 à Fort-de-France (Martinique), et décédée le 23 décembre 1989 dans la même ville. Elle était la fille d'Asthon Tardon (1882-1944) et de Berthe Marie Waddy (1887-1961), elle fut un personnage de la Résistance et de la France libre.

Sommaire

Biographie

On ne compte pas ce que les Caraïbes ont apportées dans le dernier conflit mondial, leurs actions ont toutefois été un peu passées sous silence et sous-estimées, notamment pour les femmes. Manon Tardon fait partie des personnes qui s'y sont distinguées et jouées un rôle majeur.

Manon est le troisième d'une famille de cinq enfants qui comptait trois garçons et deux filles, son père, Asthon (1882-1944) a été une des figures de la Martinique, propriétaire terrien de plus de 700 hectares, il produisait de la canne à sucre, des citrons, du cacao, au début du XXeme siècle, il a été Maire de la commune du Prêcheur pendant plusieurs décennies, et aussi Conseiller général de la Martinique.

Son frère Raphaël Tardon a été le grand poète et écrivain qui a su si bien décrire l'Île et sa mixité sociale dans ses romans et recherches historiques. Elle est aussi la tante du scénariste et dialoguiste Bruno Tardon, qui a travaillé pour le cinéma et la télévision.

Études

Manon, belle et intelligente, était adorée de son père. A l'âge où les enfants sont désignés pour suivre l'enseignement de l'école publique, on lui donne un précepteur à domicile, comme à une future grande dame. Plus tard, revenue à Fort-de-France elle sera inscrite au pensionnat colonial. Elle est si douée, qu'elle mène de front les programmes de deux classes, seconde et première. Elle passe le Bac à 15 ans avec succès après avoir obtenu une dispense spéciale, vu son âge[1].

Ensuite, c'est le départ pour la Métropole et Paris, avenue Mozart où elle va résider. Elle s'inscrit à la Sorbonne où elle se fait un ami du futur Président Georges Pompidou. En fin d'études, elle récolte une licence d'histoire et géographie et deux certificats supérieurs, une d'histoire moderne et contemporaine, l'autre d'histoire du Moyen Age.

Elle rencontre, au cours de ces années d'étude, Jack Sainte-Luce Banchelin qu'elle épousera. Celui-ci n'est autre que le fils du « Père » Banchelin, qui avait été censeur au vieux Lycée Victor-Schoelcher, situé face au Palais du gouvernement, à angle des rues Liberté et Bertin. Son mari Jack est avocat au barreau de Paris et sera pendant la guerre commandant de parachutistes. De leur mariage naîtront une fille, morte en bas âge, et plus tard un fils, Pierre, né en 1942.

Engagement militaire

La guerre venue, elle s'engage dans l'armée, et suit l'école des cadres du général de Lattre de Tassigny, des cours réguliers d'instruction militaire créés dès 1940 par le Général de Gaulle ; elle est confirmée spécialiste A.F.A.T., autrement dit « Arme féminine de l'armée de terre », d'abord admise au grade d'aspirant, puis d'officier Lieutenant.

Elle participe aux différents réseaux de résistance de la France libre, elle est réfugiée à Chateaudun en Eure-et-Loir, où elle se trouve au moment du débarquement des armées anglo-américaines en Normandie de 1944, elle accueille le 19 août 1944 les troupes du Général Bradley en route sur Paris qui suivirent celles du Général Leclerc de la 2eme DB pour la libération de Paris.

Dans l'armée, elle sympathise avec une autre martiniquaise créole, Simone Beuzelin. C'est ainsi qu'elle vit, dans l'activité la grande période de Résistance. Elle fera la campagne d'Alsace et de Vercors et recevra la Croix de guerre avec palme vermeil pour son action menée pendant la guerre.

Le 8 mai 1945, elle fait partie de la délégation dirigée par le Général de Lattre de Tassigny, pour recevoir l'acte de capitulation de l'Allemagne nazie. Elle y était présente en sa qualité d'officier spécialiste d'état-major de 1ere catégorie, c'était certainement une des seules femmes présentes lors de cet évènement historique.

Démobilisation

En 1945 elle rentre à la Martinique en permission de 6 mois, pour régler des affaires familiales urgentes. Ensuite, elle est démobilisée sur place le 23 juin 1946.

Après avoir été démobilisée en 1946, de retour à la Martinique, sans doute pour rester dans le mouvement, Manon apprit à piloter. Voler en plein ciel c'était la liberté...

Combat personnel

Elle livre, pendant une quinzaine d'années une longue et incessante bataille pour récupérer le domaine familial de l'Anse Couleuvre au Carbet, le patrimoine héréditaire, qui était occupé par un locataire des plus coriaces.

Elle parvient, enfin, à obtenir gain de cause dans le procès qui oppose à ce monsieur, et peut, ainsi reprendre définitivement possession de tous ses biens familiaux. Alors c'est pour Manon une grande joie et une grande victoire, tous ses vœux les plus chers se trouvent merveilleusement réalisés.

Calamity jane

D'après le dires de sa famille, elle était considérée ainsi, elle faisait de longues siestes sur son rocking-chair dans le jardin de la propriété de L'anse Couleuvre, avec sa carabine Wincherter sur les genoux, elle dégommait ainsi les derniers serpents trigonocéphale restants sur la propriété, qu'avait tant combattu son père Asthon lors de son installation sur le domaine au début du XXe siècle.

Décès

Manon est morte brutalement à 76 ans. Elle est tombée de l'escalier de la maison ancestrale sans que l'on sache pourquoi exactement et a été déclarée morte lors de son transfert à l'hôpital de Fort-de-France. Elle a eu des obsèques officielles, où une délégation militaire était présente, et son catafalque était recouvert du drapeau français, en hommage à son engagement pour la République.

Distinctions

  • Croix de guerre France Libre avec palme en vermeil.
  • Hommages militaires de la Nation lors de ses obsèques en 1989.
  • Nom d'une rue de Fort-de-France (quartier Plateau Didier) associée à son frère Raphaël.

Sources

L'intégralité de cette note est issue des travaux et du témoignage de Madame France Tardon-Apprill (généalogiste et historienne amateur), nièce de Manon, qui a réussi à sauvegarder les archives écrites familiales, lors de la vente de la propriété ancestrale de sa famille à l'Anse-Couleuvre.

Notes et références

  1. Notes de France Tardon-Apprill dans son cahier concernant sa famille

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Manon Tardon de Wikipédia en français (auteurs)

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