- Parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare
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La parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (également appelée parabole du Dives et Lazare), est l'une des paraboles les plus connues de Jésus de Nazareth. Elle est la seule dans laquelle l'auteur mentionne le nom de l'un de ses protagonistes. Cependant, très peu de commentateurs perçoivent une connexion avec le Lazare historique de l'Évangile de Jean.
L'histoire se trouve dans l'Évangile selon Luc 16:19–31 du Nouveau Testament de la Bible, où elle est précédée par l'intendant fidèle. L'auteur y emploie des images apocalyptiques du judaïsme du Ier siècle, notamment le sein d'Abraham. Le concept de l'Hadès est sensiblement différent de celui trouvé dans la Septante.
Interprétations
Hippolyte de Rome a écrit un traité sur le purgatoire qui repose sur Luc 16:19–31. La parabole fournit également une des sources pour le concept de limbes. Jacques Bénigne Bossuet en fait un usage fréquent[1]. À l'ère du rationalisme, les interprétations éthiques et allégoriques ont commencé à circuler, par exemple l'interprétation du secrétaire d'Isaac Newton, William Whiston ; Whiston a confondu une section du traité d'Hippolyte comme étant l'œuvre de Flavius Josèphe, et l'a publié, comme un Discours aux Grecs sur Hadès.
Le théologien allemand Johann Nepomuk Sepp considérait les cinq frères de l'homme riche, dans la maison de son père, comme une référence aux cinq fils d'Anne, le grand prêtre[2]. Par conséquent, l'homme riche doit être une parodie de Caïphe. L'Abbé Claude-Joseph Drioux avait vu dans les mots d'Abraham (Luc 16:30-31), une prophétie concernant la tentative des grands prêtres de faire mourir Lazare de Béthanie de nouveau (Jean 12:10) :
- « Le mauvais riche serait Caiphe qui était arrivé au souverain pontificat à force d'argent. Ses cinq frères seraient les cinq fils du viel Anne son beau-père Eléazar, Jonathan, Théophile, Matthias et Ananias. Après sa résurrection le témoignage de Lazare ne les trouva pas moins obstinés dans leur erreur qu'auparavant et c'est cet endurcissement que Jésus prédit quand il dit que du moment qu'ils n'écoutent ni Moïse ni les prophètes ils n'écouteront pas davantage quelqu'un qui viendrait de l'autre monde et qui aurait été ressuscité d'entre les morts.[3] »
L’homme riche dont Jésus parle ici représente les chefs religieux juifs, non seulement les Pharisiens et les scribes, mais aussi les Sadducéens et les prêtres en chef. Leurs privilèges et leur situation spirituelle les rendent riches ; d’ailleurs, ils se conduisent comme l’homme riche décrit par Jésus. Leurs vêtements d’un pourpre magnifique représentent leur position de faveur, et le lin blanc, la justice qu’ils s’attribuent. Cette classe de l’homme riche, orgueilleuse, regarde les pauvres, le commun peuple, d’une façon parfaitement méprisante, les appelant ‛am ha’arèts, c’est-à-dire gens de la terre. Le mendiant, Lazare, représente donc ces gens auxquels les chefs religieux refusent de donner les privilèges et la nourriture spirituelle dont ils ont besoin. Ainsi, comme Lazare qui est couvert d’ulcères, le peuple est jugé spirituellement malade, tout juste bon à tenir compagnie aux chiens. Pourtant, ceux qui appartiennent à la classe de Lazare ont faim et soif de nourriture spirituelle et se tiennent à la porte dans l’espoir de recevoir quelque maigre bouchée de nourriture spirituelle qui pourrait tomber de la table de l’homme riche. L’homme riche et Lazare n’étant pas des personnes réelles mais symbolisant des classes d’individus, il s’ensuit logiquement que leur mort est, elle aussi, symbolique. Que figure-t-elle? Jésus vient juste de mettre en relief un changement de situation, disant que ‘jusqu’à Jean le Baptiste ce furent la Loi et les Prophètes, mais que depuis lors le royaume de Dieu est annoncé’. C’est donc la prédication de Jean et de Jésus qui entraîne la mort de l’homme riche et de Lazare quant à leur condition passée. Les humains humbles et repentants qui constituent la classe de Lazare meurent quant aux privations dont ils souffraient jusque-là sur le plan spirituel et se voient accorder une place nouvelle : la faveur de Dieu. Alors qu’ils se tournaient précédemment vers les chefs religieux pour ramasser le peu qui tombait de leur table spirituelle, les vérités bibliques exposées par Jésus comblent maintenant leurs besoins. Ils sont ainsi emportés auprès de Dieu, le Grand Abraham, à la place dite du sein, ou position de faveur. Par contre, ceux qui composent la classe de l’homme riche s’attirent la défaveur divine parce qu’ils rejettent obstinément le message du Royaume qu’enseigne Jésus. Ce faisant, ils meurent quant à leur ancienne position, la faveur apparente de Dieu. En fait, il est dit d’eux qu’ils sont dans des tourments symboliques.Œuvres artistiques
La parabole a également été l'objet de quelques-uns des premiers oratorios. Par exemple Dives malus (Historia Divitis) de Carissimi.
Références
- Sermons choisis de Bossuet, 1845, p. 465
- « seine fünf Brüder sind fünf Schwäger mit Namen: Eleazar, Jonathan, Theophilus, Matthias und Ananus, die nach einander ebenfalls das Pontifikat erlangten. Der Vater, an welchen Lazarus geschickt werden soll, ist Annas selber. », Thaten und Lehren Jesu mit ihrer weltgeschichtlichen Beglaubigung, 1844, S. 329
- La Bible populaire : histoire illustrée de l'Ancien et du Nouveau Testament, Hachette, Paris, 1864
Catégorie :- Parabole du Nouveau Testament
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