- La Fuite en Égypte
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La Fuite en Égypte Artiste Nicolas Poussin Année 1657-1658 Technique Huile sur toile Localisation musée des beaux-arts de Lyon, France modifier La Fuite en Égypte est un tableau de Nicolas Poussin peint en 1657 ou en 1658 et conservé au musée des beaux-arts de Lyon en France.
Sommaire
Histoire
Le tableau fut commandé à Poussin par Jacques Sérisier négociant d'origine lyonnaise, ami et collectionneur du maître[1]. Le tableau fut perdu de vue après la mort du commanditaire après 1667. Connu malgré tout par des gravures, le tableau, en trois versions, se révèle lors d'une vente aux enchères en 1986[2].
Thème
La Fuite en Égypte est un épisode de la vie du Christ accompagnée de sa mère Marie et de son père Joseph, c'est donc également, au vu de l'iconographie chrétienne, une Sainte Famille, représentée lors de son déplacement en Égypte fuyant les armées du roi Hérode voulant tuer Jésus enfant en éliminant tous les enfants de moins de deux ans, épisode relaté dans un passage de l'Évangile selon saint Matthieu (Mt 2, 13-23).
Description
Dans le centre du tableau, le groupe saint, composé de Marie tenant l'Enfant Jésus, dans ses bras, avance vers la droite et porte un regard en arrière, de Joseph levant les yeux vers l'ange les guidant, une main vers l'encolure de l'âne portant leur effets. Il est vêtu de rouge et d'orange et Marie de bleu et de blanc. Un personnage est allongé, accoudé, dans l'ombre d'un arbre dans la partie gauche avec un bâton (un berger ?).
Le décor dans lequel ils évoluent est celui d'une campagne arborée, complétée de parties architecturales : un portique, surmonté de vases à l'aplomb des piliers, est vu en perspective fuyante dans la partie gauche, dans le prolongement même du berger allongé.
Dans la partie centrale, au dessus de la tête de Joseph de la main de l'ange, l'angle d'un bâtiment s'élève, prolongé à droite par des rochers masquant l'horizon (un aigle y est posé), puis d'un arbre qui semble être un chêne.
Cet horizon n'est visible qu'à la gauche du tableau, au delà d'un plan d'eau, de forêts, de montagnes bleutées. Le ciel est bleu sauf dans le prolongement du portique où des nuages gris se développent.
Analyse
Le portique et les reliefs architecturant symbolisent le monde romain et, peut-être, signe de la frontière, entre la Judée, fuie par les protagonistes, et l'Égypte, où ils trouvent refuge.
Le tableau divisé en deux par une diagonale, côté gauche en bas/côté droit en haut, oscille entre lumière et obscurité, entre le passé connu et un passé incertain, médié par l'ange donnant la direction à suivre, qui placé au milieu, sépare également le tableau verticalement.
Les personnages orientent leur regard par rapport à leur position dans le tableau (et le temps) : Marie regarde en arrière, L'ange vers l'avant de la marche, Joseph dans le présent interrogeant l'ange, jésus placé vers le centre de la composition regarde vers le spectateur, conscient de l'histoire qui se déroule dans le temps et son futur.
L'aigle placé sur le rocher est posé en Victoire.
Statut juridique
La Fuite en Égypte est un tableau faisant partie des collections du musée du Louvre[3], déposé par celui-ci au musée des Beaux-arts de Lyon.
La découverte récente et l'acquisition par les musées d'état
Ce tableau est réapparu dans une vente aux enchères à Versailles en 1986, présenté par l'expert[4] comme de l'entourage de Nicolas Poussin, et mis à prix 80 000 francs, il fut acheté par Richard et Robert Pardo, marchands de tableaux anciens à Paris pour 1 600 000 francs. Exposé dans leur galerie, il fut par la suite reconnu comme une œuvre authentique de l'artiste. S'ensuivit un long procès dont l'issue fut défavorable aux Pardo, l'arrêt final ordonnant la restitution du tableau au vendeur, et n'accordant aux frères Pardo aucune compensation, sauf de percevoir la somme versée pour l'achat, la paternité de la découverte leur étant même déniée. Le propriétaire a ensuite souhaité vendre cette œuvre pour plus de 15 millions d'euros. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon a alors entrepris de récolter la somme pour l'acquérir, en partie à cause de l'origine lyonnaise du commanditaire Jacques Sérisier.
Classé Trésor national, l'œuvre s'est à ce titre, vu délivrer en août 2004 une interdiction de sortie du territoire national de trente mois. Depuis le 11 février, l'œuvre attendait un certificat de sortie délivrable dans un délai de 4 mois. Pour le 11 mai 2007, restait à trouver plus de 15 millions d'euros.
En juillet 2007, le Louvre et le Musée des Beaux-Arts de Lyon ont finalement pu récolter les fonds nécessaires afin d'acheter le tableau. Il s'agirait de la plus grosse somme jamais rassemblée par le mécénat[5] pour l'achat un tableau, soit environ 17 millions d'euros (1 million fourni par la Mairie de Lyon, 250 000 par la région Rhône-Alpes, 1 million par le Musée du Louvre sur ses fonds propres, en plus de 18 mécènes tels que Gaz de France qui a donné 3 millions d'euros, Total SA, Axa, des entreprises et banques lyonnaises ainsi qu'un donateur privé[6]). L'œuvre est acquise pour le Louvre et a été déposée en février 2008[réf. nécessaire] au Musée des Beaux-Arts de Lyon, ville natale de Jacques Sérisier, qui fut le premier collectionneur du tableau et qui en fut probablement le commanditaire[7].
Voir aussi
Bibliographie
- Emmanuel de Roux et Nathaniel Herzberg, « Grandes manœuvres pour conserver en France un tableau de Poussin », Le Monde daté du 17 février 2007, appel d'article en une et suite page 28.
- Nicolas Roloff, « Un Poussin pour le musée de Lyon », Grande Galerie, Le Journal du Louvre, n° 1, Automne 2007, pages 76-77.
Articles connexes
Liens externes
- Page consacrée au tableau sur le site du Musée des Beaux-Arts de Lyon
- « Le musée de Lyon vient d’acquérir la Fuite en Égypte de N. Poussin », La Tribune de l'Art
- Poussin s'installe à Lyon : dossier de la Bibliothèque municipale de Lyon sur le peintre et l'acquisition de La Fuite en Egypte
Note
- André Félibien
- Notice de MBA de Lyon
- Quarante-troisième tableau de Poussin appartenant au musée du Louvre.
- Celui-ci pour défendre son attribution timorée, déclara n'avoir jamais reçu de réponse à un courrier envoyé à l'historien d'art Jacques Thuillier, un des spécialiste de l'artiste.
- Peut-on vraiment parler de mécénat quand on sait que les sommes versées par les sociétés sont déductibles à 90% du bénéfice imposable ? Il s'agit ici d'une perte de recettes fiscales du ministère des Finances au bénéfice du ministère de la Culture.
- Une liste plus complète des donateurs se trouve sur l'article de 2007 cité en annnexe.
- « La "Fuite en Egypte" de Poussin racheté par l'Etat », Le Monde, 19 juillet 2007; « 17 millions d'euros pour "La fuite en Egypte" de Poussin », Le Monde, 20 juillet 2007.
Catégories :- Tableau de Nicolas Poussin
- Art chrétien
- Œuvre conservée au Musée des beaux-arts de Lyon
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