Kanji Ishiwara

Kanji Ishiwara

Dans la disposition des patronymes japonais, le nom précède le prénom. Ishiwara est donc le nom de famille


Ishiwara Kanji (石原莞爾) (18 janvier 188915 aout 1949) est un officier de lArmée impériale japonaise de lère Shôwa parvenu jusquau grade de général de division. Il est également connu pour ses réflexions sur la guerre et sa théorie du «conflit ultime». Officier détat-major dans larmée du Guandong, Ishiwara est, avec Itagaki Seijirô, un des instigateurs de lincident de Moukden (Incident de Manchourie), évènement déclencheur de linvasion de la Mandchourie. Par la suite, en raison de son opposition avec le général Tôjô Hideki, Ishiwara est mis en réserve. Après la guerre, il n'est pas inculpé en tant que criminel dans le Procès de Tokyo.


Sommaire

Vie

Enfance

Ishiwara Kanji est le 1er janvier 1889 à Tsuruoka (ancien domaine de shônai), dans la préfecture de Yamagata. Il est le troisième fils d'Ishiwara Keisuke, chef du bureau de police de Hannô (pref. de Saitama) et Kanei. Son état civil mentionne le 17 janvier comme date de naissance. Keisuke et Kanei avaient donné naissance à six garçons et quatre filles, mais le premier des fils, Izumi, meurt à lâge de deux mois et le second, Keiji, meurt à lâge de deux semaines. Kanji est donc de fait laîné de la fratrie. Le quatrième fils, Shirô, devient lieutenant-colonel dans la Marine impériale mais meurt en juin 1940 à la suite d'un accident davion. Le cinquième fils, Saburô, meurt à lâge d'un an. Le dernier fils, Fukurô, vit avec Kanji après la guerre et meurt en 1976. La fille aînée Hajimé(?) est mariée à un médecin, la seconde, Shin, à un militaire ; les deux dernières, Yutaka et Sada, meurent à lâge de 24 ans.

Au gré des mutations du père, la famille Ishiwara déménage souvent. Kanji est un enfant violent mais intelligent et est un excellent élève de primaire. Kanji est de santé fragile, les antécédents médicaux de lHôpital de lUniversité impériale de Tôhoku rapportent quil a être vacciné à plusieurs reprises contre la rougeole. Enfant, Ishiwara Kanji aime jouer à la guerre avec ses camarades et rêve déjà de devenir général dans larmée.


Formation militaire

En 1902, il est reçu à lexamen dentrée de lécole préparatoire militaire de Sendai. Parmi sa promotion de 51 élèves, il obtient les meilleurs résultats. Il excelle particulièrement dans des disciplines telles que lallemand, les mathématiques et lécriture ; la gymnastique et les cours descrime (Ken-justsu) ne sont pas son fort. En 1905, Ishiwara Kanji entre au collège militaire central de Tokyo, il reçoit notamment des cours dinstruction générale, de maniement des armes et déquitation. En plus de ses études, il lit des ouvrages sur lhistoire de la guerre et la philosophie. À cette époque, il commence également à lire les ouvrages de Tanaka Chigaku sur le Soutra du Lotus. Comme il réside à Tôkyô, il visite les demeures du général Nôgi Maresuke et de Ôguma Shigenobu. En 1907, il devient cadet à lAcadémie militaire de lArmée impériale de Kyôtô, il passe son temps à étudier seul comme en cours les sciences militaires, et à lire des ouvrages de philosophie et de sociologie ainsi qu'à rendre visite à des notables les jours de congé. En 1909, sur les 350 élèves de sa section, il obtient le troisième résultat mais est rétrogradé au sixième rang pour moqueries et insubordination envers son supérieur. Diplômé de lAcadémie militaire, il intègre lArmée impériale en tant quinstructeur. À cette époque, il étudie et écrit des articles à des revues militaires en réponse à des problèmes tactiques qui y sont posés. Il sintéresse aussi à la philosophie et à lHistoire. Il est affecté au 65e régiment dinfanterie de Wakamatsu et part en Corée, annexée en 1910 par le Japon, en garnison à Chuncheon puis à Séoul. Initié à lidéologie du panasiatisme par Minami Shirô, il se réjouit de la victoire de Sun-Yat-Sen en 1911 et sécrie devant ses subordonnés « Vive la Révolution chinoise ! ». Sur ordre de son chef de régiment, Ishiwara se voit contrait de passer les examens dentrée à la Haute École de LArmée impériale à Akasaka (l'équivalent japonais de West-Point). Désireux daccéder à un poste de commandement mais peu enclin de passer les examens dentrée, il met peu dardeur dans la préparation de ceux-ci mais réussit malgré tout les examens. Il reçoit des enseignements de stratégie et dhistoire militaire. Étant un bon autodidacte, il na pas de difficultés à faire ses devoirs, et complète le temps libre dont il dispose en étudiant la philosophie et la religion. Ses aptitudes en tactique sont élevées et il lui arrive même davoir le dernier mot sur ses instructeurs. En 1918, Ishiwara Kanji termine vice-major de sa promotion de soixante élèves (derrière le futur général Suzuki Yorimichi) en ayant présenté un mémoire sur la bataille de Hokuetsu.

Attaché militaire à l'étranger

Ishiwara Kanji part faire des études en Allemagne de 1922 à 1925, lit avec avidité les biographies de Napoléon et Frédéric le Grand, et étudie les sciences militaires auprès danciens officiers allemands. Il sadonne également à la photographie. À son retour au Japon, il a acquis une très grande culture militaire. Cest également durant cette période qu'Ishiwara se convertit au nichirénisme, organisé sous la houlette de lérudit Bouddhiste Tanaka Chigaku et de sa « Société du Pilier national ». Le nichirenisme de Tanaka Chigaku est alors empreint de nationalisme. Selon Nichiren, un ultime conflit devait précéder un âge dor dans lequel le bouddhisme illuminerait un monde dont le Japon serait le centre. Ishiwara pense alors que le conflit à venir contre la Chine correspond à cette ultime bataille avant lavènement du bouddhisme-nichiren.


Invasion de la Mandchourie

En 1928, Ishiwara rejoint larmée du Guandong comme officier détat-major. Ayant à lesprit sa « doctrine de la guerre ultime », il élabore le projet dinvasion de la Mandchourie. Il prépare en juin, avec le colonel Itagaki Seijirô, lincident de Moukden du 18 septembre 1931 préparatoire à linvasion de la Mandchourie, territoire trois fois plus grand que le Japon, avec seulement onze mille hommes face au deux cent trente mille hommes de Zhang Zueliang dont larmée est trop faible pour rivaliser face aux Japonais. Sans informer létat-major de larmée du Guandong ni létat-major de lArmée impériale à Tokyo, Ishiwara ordonne à ses unités de semparer des villes de Mandchourie. Son action rapide prend de court les politiciens japonais et attire les foudres de la communauté internationale à lencontre du Japon. Après linvasion, la politique japonaise vis-à-vis de la Mandchourie passe rapidement dune politique doccupation vers une politique encourageant lindépendance de la région (en réalité État fantoche) mise en valeur par les slogans « Roi vertueux pays heureux » et « coopération des cinq peuples » (japonais ; chinois ; coréens ; mandchous et mongols). Selon lidéal d'Ishiwara, adepte du panasiatisme, lÉtat du Mandchoukouo devait devenir une sorte d’ « États-Unis » de lorient, enfanté par la Chine et le Japon dont les japonais eux-mêmes devraient acquérir la nationalité, constituant ainsi la première étape dans la préparation dun combat décisif nippo-américain, conflit final. Quant à son initiative impromptue, Ishiwara pensait quil serait disgracié voire exécuté pour insubordination. Or, ses faits darmes lui apportent linverse puisquil est adulé par les officiers dextrême droite et les milieux nationalistes pour son initiative. Après coup, il retourne à Sendai il se voit confier la tête du 4e régiment dinfanterie.


Incident du 26 février

En 1935, Ishiwara Kanji est promu chef dopérations à létat-major de lArmée impériale à Tokyo ce qui lui offre une bonne position pour imposer ses vues quand au futur du Japon. Favorable à la « Restauration de Shôwa » prônée par le philosophe dextrême droite Kita Ikki, il envisage la création dun parti unique de « défense nationale » mettant en œuvre une économie planifiée et les politiciens véreux seraient chassés du pouvoir. Pourtant, au moment de lincident du 26 février 1936, un groupe de jeunes officiers dextrême droite (Kôdô-ha) tentent de semparer du pouvoir en capturant tout les lieux stratégiques du pouvoir, les personnes voulant se rendre dans leurs bureaux étant questionnées sur leur appartenance à la faction militaire dextrême droite (Kôdô-ha) ou conservatrice (Seidô-ha). Pour pouvoir se rendre à son office, Ishiwara répondit quil appartenait à la « faction mandchoue » mais il fut menacé dun révolver par sa subordonnée, Andô Teruzô, à qui il répond alors « Ne te sers pas de larmée de Sa Majesté si tu veux me tuer, fais-le de tes propres mains », puis il est à nouveau menacé sans conséquences graves par Kurihara Yasuhide. Contrairement à ce que pensaient les rebelles, Ishiwara ne rejoint pas le coup dÉtat et appelle à linstauration dune cour martiale pour juger les rebelles. Il se retrouve à sa tête.


Disgrâce et retrait de l'armée

En 1937, au moment éclate la guerre sino-japonaise, Ishiwara est promu chef dopération aux quartiers généraux de lArmée imperiale. À ce moment, létat-major de lArmée impériale est hostile à un élargissement des fronts, et Ishiwara, qui souhaite un renforcement des troupes au Mandchoukouo en vue dune guerre contre LUnion soviétique tolère difficilement de voir hommes et matériel absorbés dans la guerre contre la Chine. En tant que responsable des opérations du front en Mongolie, Ishiwara tente de convaincre sa hiérarchie mais reste coi devant les moqueries du général Mutô Akira, chef des opérations en Chine : « Général Ishiwara, nous nous sommes habitués à votre façon dagir depuis la Mandchourie. ». Prévoyant un enlisement de la guerre, il réclame larrêt de lexpansion du front et participe à la médiation du Trautmann mais, étant en désaccord avec les chefs détat-major de larmée du Guandong comme Tôjô Hideki, Ishiwara est rétrogradé de son poste de chef dopérations dans létat-major de larmée à vice-chef détat-major de larmée du Guandong au mois de septembre 1937. Le mois suivant, il prend ses fonctions à Changchun, capitale du Mandchoukouo. Vers le printemps 1938, ses désaccords avec Tôjô Hideki sur la conduite de la guerre se font plus profonds et linimitié entre Ishiwara et Tôjô devient plus prononcée. En effet, Ishiwara réalise que ses collègues de larmée du Guandong nont pas lintention de faire du Mandchoukouo un État indépendant administré par les Mandchous eux-mêmes et qui serait le centre du panasiatisme dont il rêve, mais de ladministrer comme une simple colonie. Ishiwara médit sur Tôjô quil surnomme « le caporal Tôjô ». Ishiwara ne se prive pas de critiquer les commandants de larmée du Guandong. Il va jusquà proposer une réduction de salaire des officiers. Devenu gênant pour sa hiérarchie, Ishiwara est révoqué de létat-major de larmée du Guandong et en 1939, promu général de division. On lui confie le commandement de la 16e division dinfanterie à Kyôtô. Cependant, il est mis en réserve en mars 1941. Ishiwara se consacre alors à lécriture, il donne également des conférences il milite en faveur du panasiatisme et contre linvasion de la Chine.


Professeur à l'Université de Ritsumeikan

En avril 1941, Ishiwara reçoit une proposition de poste à luniversité de Ritsumeikan (Kyôto) sur linvitation du président Nakagawa Kojûrô qui vient alors dintroduire une chaire sur la défense nationale. Ishiwara, estimant que les connaissances militaires du Japon sont faibles comparées à lOccident, pense que des cours de sciences militaires sont nécessaires à luniversité. Il accepte la chaire. Il se dit également quil pourrait avoir une influence sur le ministère de lÉducation. Daprès le syllabus de lUniversité de Ritsumeikan de 1941, la création dun cours de défense nationale fait suite à labandon de lidée que les questions de défense sont une chose réservée au militaire et quil est impératif que les civils acquièrent des connaissances en la matière. Ishiwara donne des cours une ou deux fois par semaine et enseigne également léquitation. Il consacre son temps libre à la lecture. Cependant, étant sous la surveillance de son meilleur ennemi politique, le général Tôjô, il arrive parfois quassistent à ses cours des membres de la Kempeitai afin den contrôler le contenu. Comme la pression devient trop forte, il doit quitter son poste. Il quitte Kyoto en 1942 pour revenir dans son village natal, il reste jusquà la fin de la guerre. Il écrit un ouvrage « La défense et la politique ». Il étudie également lagriculture.


Critique de la politique japonaise

Concernant la guerre du Pacifique, Ishiwara est résolument contre lidée de faire la guerre pour du pétrole et est favorable à un accord entre les États-Unis et le Japon similaire à celui proposé dans la note Hull. Sur un plan stratégique, il explique, après la guerre, quen ayant fait de Saipan le point ultime de lexpansion vers le sud et quen ayant fortifié lîle, le Japon aurait put être invincible. Il tente également de trouver une solution pour négocier la paix entre la Chine et le Japon avec Miao Ping, mais échoue en raison de lopposition de Mamoru Shigemitsu et Yonai Mitsumasa. Il milite également en faveur de létablissement dune « Ligue dAsie de lEst » dans laquelle la Chine, le Japon, le Mandchoukouo et la Corée formeraient un bloc économique et militaire unifié. Après la guerre, il exerce également une influence dans les partis de droite. Cest également un adepte convaincu de l'école bouddhique Nichiren et sa « théorie du conflit ultime » érige la guerre comme une guerre sainte destinée à répandre la Loi bouddhique dans toute l'Asie.


Après la guerre

Pour son opposition au général Tôjô, Ishiwara Kanji ne fait pas lobjet daccusation de crime de guerre. Il est seulement appelé à comparaître comme témoin au Procès de Tokyo. Il objectera que linvasion de la Mandchourie était un acte purement défensif. Il critiquera également le président Truman pour le bombardement de civils japonais. Il meurt à lâge de 60 ans le 15 aout 1949, à la suite d'une pneumonie.


Ishiwara Kanji dans les médias

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de larticle de Wikipédia en anglais intitulé Ishiwara Kanji
  • (jp) Cet article est partiellement ou en totalité issu de larticle de Wikipédia en japonais intitulé Ishiwara Kanji (いしわらかんじ

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Kanji Ishiwara de Wikipédia en français (auteurs)

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