- Joachim Durel
-
Joachim Durel est un homme politique français, né en 1878 et mort en 1939. Militant socialiste en Tunisie.
Biographie
Joachim Durel présente en 1912 à Toulouse une thèse sur Commodien, un poète latin peut-être origaire d’Arles qui écrivait en style populaire.
Il est également l’auteur de La Sagesse d’Henri Frank, poète juif (1931). Il enseigne comme professeur de lettres classiques au lycée de Tunis.
Il adhère au socialisme un peu comme si c’était une religion. Il écrit dans le journal Tunis-Socialiste et a une grande influence sur le programme du PS-SFIO en Tunisie. Excellent orateur.
Il devient franc-maçon à la Loge Volonté. Pour lui, Dieu est soumission et l’étincelle divine se trouve dans l’homme.
Joachim Durel rejette les revendications du mouvement national tunisien. Selon lui, le socialisme condamne « les mouvements de xénophobie, de fanatisme et de nationalisme indigènes ». Cela ne l’empêche pas de se soucier de l’émancipation des peuples colonisés.
Joachim Durel déclare en 1928 : qu’en tant que socialistes "nous voulons l’unité, non par l’absorption d’une race par une autre race ou par l’extermination, mais par la fusion des différents groupes ethniques et les Européens".
"Nous disons, dit-il aussi au congrès de la SFIO de 1928, que la colonisation est antérieure au capitalisme, qu'elle est antérieure au XIXe siècle, qu'elle est vieille comme le monde et qu'elle est légitime... La colonisation n'est pas autre chose qu'un mode de rayonnement de l'activité humaine. C'est le triomphe de la mobilité. Le peuple qui a été plus rapide qu'un autre, qui a marché plus vite que l'autre, a colonisé l'autre. Cela est une vérité historique: elle est antérieure au socialisme et à toutes ses affirmations. C'est par la colonisation que la civilisation s'est répandue, c'est par la colonisation que tous les grou-pements humains se sont constitués, c'est par la colonisation que le progrès humain s'est réalisé... Par cette grande voie, le capitalisme s’avance, aujourd'hui, à la conquête des marchés et le devoir du socialisme c'est de l'y suivre pour organiser, instruire et émanciper le prolétariat que le capitalisme crée partout où il passe. Si nous condamnons la colonisation capitaliste, fondée sur l'exploitation des indigènes, nous devons promouvoir une colonisation socialiste qui les affranchira..."
En 1929, intervenant dans une conférence féministe à Tunis, il s’oppose au port du voile islamique. Le nationaliste tunisien Habib Bourguiba critique son point de vue dans L’Etendard tunisien et l’accuse de ne pas rompre avec le colonialisme.
Joachim Durel est aussi le père du syndicalisme en Tunisie. Il dirige l’Union des Syndicats. Il intervient en mars 1931 au Congrès des Syndicats de Tunisie affilés à la CGT française. En 1937 il s’oppose à l’existence de la Fédération des Ouvriers tunisiens que vient de créer M’Hamed Ali.
Il lutte contre Couitéas, un grand colon qui avait mis la main sur des terres collectives. Renvoyé en France en 1934 par le Résident Général Marcel Peyrouton favorable aux riches colons, il revient en Tunisie en 1937.Bibliographie
- Chokri BEN FRAOJ, Identité et altérité dans la démarche de la laïcité coloniale : l'exemple de la Tunisie dans la première moitié du XXe siècle (1901-1955), in Une France en Méditérranée - Ecoles, langue et culture françaises, XIXe-XXe siècles, Collectif, éditeur CREAPHIS, 2006. Citant : La politique coloniale du parti socialiste», discours de Joachim Durel devant le congrès national de la SFIO, Paris, 15 juillet 1928, cité dans Mustapha Kraïem, Nationalisme et syndicalisme en Tunisie. 1918-1929, éd. Union générale tunisienne du travail, Tunis, 1976, p. 31. - Elie Cohen, Hadria, du protectorat français à l’indépendance tunisienne, souvenirs d’un socialiste, Cahiers de la Méditerranée 1976, Université de Nice.
- L’étendard tunisien, 18 janvier, 1er et 23 février 1929, 6 mars 1933.
- Sous la direction de Patrick Cabanel, Une France en Méditerranée : écoles, langue et culture françaises, XIXe-XXe siècles, Créaphis éditions, 2006, pages 153-154.
- Juliette Bessis, La Méditerranée fasciste : La Tunisie et l'Italie mussolinienne, Publications de la Sorbonne, Karthala, 2000, page 75.
- Joachim Durel, La politique coloniale du parti socialiste, Tunis, éditions Tunis Socialiste, 22 p.
- René Gallissot,Les thèses du Socialisme colonial en Tunisie : colonisation socialiste et formation d’une nouvelle patrie par le mélange des races. Le discours de J. Durel au Conseil National du Parti Socialiste S.F.I.O. de juillet 1928, Pluriel 1977, p. 58.
- Les instructions de Commodien, Traduction et commentaire Joachim Durel, Paris : Ernest Leroux, 1912Catégories :- Histoire
- Histoire contemporaine de la Tunisie
- Personnalité de la Troisième République
- Personnalité de la SFIO
Wikimedia Foundation. 2010.