Jean de Pechméja

Jean de Pechméja

Jean-Joseph de Pechméja, né le 25 janvier 1741 à Villefranche-de-Rouergue, mort le 8 mai 1785, à Paris, est un homme de lettres français.

Le père de Pechméja, né dans une maison de la rue Haute-Saint-Jean à l’entrée d’une rue traversière appelée rue Pechméja, était notaire. Envoyé jeune au collège des Doctrinaires de Villefranche, il s’y fit remarquer par des talents précoces. Les Doctrinaires conservèrent le souvenir de l’exercice qu’il soutint le 3 aout 1755, alors qu’il n’avait que treize ans. Longtemps interrogé sur la rhétorique, les belles-lettres et la poésie, il répondit avec une justesse, une présence d’esprit et une grâce au-dessus de son âge. Il adressa à l’assemblée, un compliment en prose au commencement de son exercice, et le termina par un remerciement en vers. Ces deux pièces, il les avait lui-même composées. Il remporta le premier prix de rhétorique.

Pechméja se sentait attiré par la poésie, mais son père lui destinait sa charge de notaire et il lui fallut aller étudier le droit partir à Toulouse. Il en profita pour concourir, en 1761, aux Jeux floraux avec une ode sur les avantages de la maladie qui fut remarquée et insérée au recueil. Étudiant également l’histoire, il étudiait les littératures française et latine, s’exerçant surtout dans l’art de l’éloquence. Ayant fait preuve d’érudition à Toulouse, il y avait acquis une grande réputation de savoir qui le décida à faire connaitre à son père sa résolution de se livrer exclusivement à l’enseignement des lettres.

Nommé professeur d’éloquence au collège de la Flèche, en 1762, à l’âge de vingt et un ans, il prononça, à la rentrée des classes, un discours admiré. Le 31 mai 1763, il récita, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire d’Henri IV qui avait été le fondateur du collège de la Flèche une ode dont le Mercure de France rendit compte. La réputation de Pechméja ainsi faite à Paris, son compatriote Valadier l’attira dans la capitale. Avant de quitter la Flèche, il présenta aux Jeux floraux une épitre intitulée Épître aux enfants qui remporta le prix du genre, en 1764.

À Paris, M. de Boullongue, un des intendants des finances, caissier du trésor royal lui confia l’éducation de son fils, qui devint maitre des requêtes. Valadier lui fit connaitre Necker et il écrivit dans le Mercure, dont l’abbé Raynal avait la direction. Ce fut à cette époque qu’il se lia avec l’auteur de l’Histoire des deux Indes, à qui il fournit de nombreux morceaux, notamment sur la traite des Noirs. Ce n’était pas le seul collaborateur de Raynal, mais le plus actif.

En 1773, il obtint concourut pour le prix de l’Académie française, qui proposait l’éloge de Colbert, et remporta l’accessit. Il profita de ses succès pour appeler, à son tour, à Paris, son camarade de collège et son compatriote, à l’existence duquel il avait lié la sienne : c’était le médecin Dubrueil. Celui-ci se précipta, en 1776, au secours de son ami dangereusement malade. Sa présence contribua plus que les remèdes à rendre la santé à Pechméja. Dès lors tout fut commun entre les deux hommes. « Vous n’êtes pas riche, dit-on un jour à Pechméja. Mais, répondit-il, Dubreuil est riche. »

En 1778, Pechméja composa un mémoire sur l’établissement, sous le ministère de Necker, des assemblées provinciales dans le Berry et le Dauphiné, qui soulevaient contre lui les Parlements, les intendants et le conseil. Pechméja en démontra l’utilité et la nécessité. Necker lui en sut gré : lorsque fut formée, par arrêt du conseil du roi, en date du 11 juillet 1779, l’assemblée de la Haute-Guyenne, Pechméja en fut élu membre. Il y siégea en 1779 et en 1780, et y fit partie du bureau des affaires extraordinaires et du bien public dont il fut souvent le rapporteur. Il sortit de l’assemblée en 1781, quand Necker quitta le ministère.

Rentré à Paris, il s’occupa de Télèphe, qui parut en 1784, en un volume in-8° ou en deux volumes in-12. Ce poème en prose, en douze livres, fut traduit en anglais et réimprimé en 1795, en 2 volumes in-18, avec figures. Le Mercure fit l’éloge de ce roman philosophique, qui fut comparé, dit Grimm, à Télémaque par des bureaux d’esprit, des académiciens et des femmes académiques.

En 1785, son ami Dubrueil, qui avait été nommé, en 1777, médecin de la Charité royale de Saint-Germain-en-Laye, tomba dangereusement malade. Il appela Pechméja et lui dit tout bas : « Mon ami, la maladie dont je suis atteint est contagieuse ; je ne puis permettre qu’à toi de me donner des soins ; fais retirer tout le monde. » Celui-ci montra, pendant la maladie de Dubrueil, un dévouement puis une douleur profonde lors de sa perte le 17 avril. Il ne lui survécut que peu de jours ; on prétend qu’il avait demandé que la tombe de ce dernier restât ouverte, ayant le pressentiment que le chagrin ne tarderait pas à le réunir à son ami, sans lequel il ne pouvait plus vivre. Après sa mort, survenue le 8 mai, le maréchal de Noailles fit placer un monument en marbre sur la tombe des deux amis dans le cimetière de Saint-Germain.

Sources

  • L. Guirondet, Biographies aveyronnaises, Rodez, N. Ratery, 1866, p. 281-301.

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