Jean d'Arenthon d'Alex

Jean d'Arenthon d'Alex

Jean d'Arenthon d'Alex est un ecclésiastique savoyard, Prince-évêque de Genève. Il est né le 29 septembre 1620 au château d'Alex. Ill est le fils de Jacques d'Arenthon, seigneur d'Alex et de Jeanne Françoise dame du Mancy (seconde noce). Il meurt en 1695 dans l'abbaye d'Abondance alors qu'il est en pleine visite de son diocèse.

Sommaire

Biographie

Ses premières années

Alors qu'il est encore enfant la peste frappa en Savoie aux alentours des années 1626, ce qui contraignit son père à se retirer avec sa famille dans une de ses autres terres un peu plus à l'écart de ce fléau à Etrembières. C'est d'ailleurs en ce lieu qu'il faillit périr car d'une part il avait contracté la peste et il faillit d'autre part se noyer dans l'Arve. Il revint à Annecy une fois la peste terminée, et entra au collège à l'âge de 9 ans.

Ses études à Paris

Comme toute personne se destinant à l'état ecclésiastique et aspirant occuper une place importante dans la hiérarchie de l’Église, Jean d'Arenthon va faire ses études à la Sorbonne. Il eut comme professeur Jacques Lescot notamment, futur évêque de Chartres entre 1642 et 1656. Il acheva donc ses trois années d'études en Sorbonne et fini sa formation par un an de retraite au séminaire de Saint-Magloire[1].

Le début de sa carrière ecclésiastique

À son retour en province il aide le R.P Darcy, oratorien, qui lui laisse le soin de faire le catéchisme alors qu'il n'est pas encore tonsuré. C'est à l'occasion d'une conférence organisée par ce dernier que Jean d'Arenthon gagna l'estime de Saint Vincent de Paul qui lui dit : Dieu veut se servir de vous, mon enfant, et je vous assure que vous serez un jour successeur de Saint François de Sales.[2] Jean d'Arenthon reçu la tonsure et les ordres mineurs le 19 décembre 1643 à l'age de 23 ans par Dom Juste Guérin alors évêque de Genève. Il fut nommé à la cure de Chevry dans le Pays-de-Gex, territoire alors majoritairement protestant. Quelque temps après sa tonsure il fut nommé en 1644 chanoine du chapitre Cathédrale Saint-Pierre de Genève.

C'est à cette époque que Jean d'Arenthon d'Alex se fait peu à peu remarquer de la cour de Turin. Il est choisi durant l'année 1650 pour accompagner deux membres de la famille ducale savoyarde à Rome afin que ceux-ci puissent participer au jubilé. Il est donc choisi par Madame Royale, Christine de France afin d'accompagner Antoine de Savoie et sa sœur Marie à travers l'Italie pour gagner le jubilé. Ce voyage dans l'Italie du XVIIe siècle pour un ecclésiastique revêt indubitablement un aspect initiatique, au même titre d'ailleurs que celui que les artistes du XVIe pouvaient entreprendre[3]. Durant le trajet Jean d'Arenthon d'Alex visite avec ces deux jeunes protégés le tombeau de Saint François d'Assise, la maison de Lorette où la tradition veut que Marie ait reçu l'incarnation pour enfin arriver dans la ville éternelle. Il profita de son court séjour dans la capitale du christianisme pour obtenir une licence en droit canonique et débattre avec les religieux de cette ville (Il fut même invité à ouvrir une dispute dans une thèse dédiée au cardinal Antoine Barberini)[4].

Jean d'Arenthon est dès lors considéré en haute estime à la cour de Savoie où ses souverains depuis cette année 1650 n'ont de cesse de le retenir (un peu contre son gré, ce dernier étant déjà très imprégné des idéaux tridentins, dont le devoir de résidence était au premier plan). Il ne rentre qu'épisodiquement remplir les tâches de son canonicat en sa ville chapitrale d'Annecy. C'est consécutivement à son voyage à Rome et grâce à ses excellentes dispositions avec la cour (et principalement avec Dom Antoine de Savoie) que D'Arenthon d'Alex va hériter, de manière un peu inattendue, du revenu de deux commanderies (Chieri et Chivasso en Piémont) gracieusement données par son désormais ami : Antoine de Savoie[5].

En 1659 un conflit éclata entre le chapitre cathédral, duquel il fait donc partie, et l'évêque Charles-Auguste de Sales : le conflit avait regard aux anciennes prérogatives du Chapitre de Saint-Pierre de Genève qui prétendait avoir le droit de fournir des examinateurs pour la collation des cures. Cependant le clergé régulier, soutenu par l'évêque, demandait lui aussi d'accéder à ce droit afin d'être représenté dans les jurys des membres nommés en synode. Le clergé reprochait également aux chanoines, de manière camouflée cependant, de posséder en même temps une cure et un canonicat, recevant donc un double bénéfice[6].

L'épiscopat

Sa nomination

Sa nomination à l’évêché genevois n'a en fait rien de surprenant au vu du cursus du prélat. Docteur en Sorbonne, licencié de droit canonique, ancien alumnus de Saint-Magloire, très proche du séminaire de Saint-Sulpice, Jean d'Arenthon d'Alex avait une éducation plus que solide et pouvait se targuer d'avoir suivi un enseignement de qualité (un enseignement qui faisait sa réputation auprès de ses princes, ou même du Pape).

L'épisode du conflit avec l'évêque évoqué précédemment est également un bon exemple de l'ascendant qu'avait pris d'Arenthon par rapport à ses semblables chanoines. C'est eux-mêmes qui l'ont désigné en tant que porte-parole. Peu de temps après ce conflit, Charles-Auguste de Sales tomba malade. Ce dernier se sentant mourir fit nommer deux personnes comme régents du diocèse : M. Jay (son vicaire général) et le commandeur d'Alex (Jean d'Arenthon)[7].

Le 8 février 1660 Charles-Auguste de Sales vint à mourir après un épiscopat de quinze ans. D'Arenthon occupait donc à la mort de l'évêque une place déjà prépondérante dans la hiérarchie ecclésiastique. Cependant cela ne suffisait pas, en effet l'évêque était nommé par le prince (Duc de Savoie) puis, après vérification de ses bonnes mœurs, il était confirmé par le Pape. Quand on sait les relations très cordiales du commandeur avec la famille ducale, sa nomination ne souffrit aucun doute dans l'esprit de ses souverains. L'affaire ne traîna pas puisque Christine de France (qui règne pour Charles-Emmanuel II de Savoie) envoie une lettre au Pape pour la nomination de d'Arenthon dans le courant du mois de mars[8].

Un évêque Tridentin

Jean d'Arenthon semble dès le début de son éducation comme imprégné des idéaux tridentins. En effet avant même qu'il ne devienne évêque il s'oblige à respecter des aspects mis en valeur par le Concile de Trente. Depuis 1643 et sa retraite au séminaire de Saint-Magloire, il s'efforce d'en prendre régulièrement. Bien sûr ces retraites sont consignées par écrit par le futur prélat, et celles-ci sont un excellent moyen de considérer l'importance qu'il accorde à tel ou tel aspect du culte[9]. La "Sainte messe" y occupe une place prépondérante de même que la charité, un concept remis au goût du jour par ledit Concile[10].Cette place importante de la charité se retrouve d'ailleurs dans son testament. Ce dernier demande que lors de ses funérailles un cortège de douze pauvres habillés de gris soit présent, et que chacun recevra une somme d'argent[11]

Lorsque Jean d'Arenthon accède à la dignité épiscopale, le souvenir de Saint François de Sales est encore vif dans l'esprit des fidèles et des ecclésiastiques. D'Arenthon se pose d'ailleurs, très habilement, dès le début de son épiscopat en héritier de son glorieux prédécesseur puisque c'est sous son épiscopat que le savoyard va être canonisé le 19 Avril 1665. Quoi de plus prestigieux pour lui que de voir son prédécesseur accéder à la sainteté, cela ne peut que rejaillir sur l'évêque en place, sans cesse comparé au saint[12].

Les dernières années de sa vie

Notes et références

  1. BAUD (H.), « Genève-Annecy » in PALANQUE (J.R) et PLONGERON (B.) (dir.), Histoire des diocèses de France, n°19, Paris, Beauchesne, 1985.
  2. Vie de Messire Jean d'Arenthon d'Alex, évêque et prince de Genève, Innocent le Masson, Annecy 1697
  3. BASALMO (J.), « L’Italie françoise ». Italianisme et anti-italianisme en France à la fin du XVIe siècle. Thèse pour le doctorat d’État dirigée par M. Marc Fumaroli, professeur au collège de France. Université de Paris IV-Sorbonne.
  4. Dom Le MASSON (I.), La vie de Monseigneur Jean d’Aranthon d’Alex (…), op.cit. Pp. 39-45
  5. Dom Le MASSON (I.), La vie de Monseigneur Jean d’Aranthon d’Alex (…), op.cit. P. 72-73.
  6. BAUD (H.), « Genève-Annecy » in PALANQUE (J.R) et PLONGERON (B.) (dir.), Histoire des diocèses de France, n°19, Paris, Beauchesne, 1985. Pp. 131-132
  7. Dom Le MASSON (I.), La vie de Monseigneur Jean d’Aranthon d’Alex (…), op.cit. P. 56.
  8. ADHS, 1G195, supplique pour la nomination de Jean d’Aranthon sur le trône de Genève.
  9. Dom Le MASSON (I.), La vie de Monseigneur Jean d’Arenthon d’Alex, évêque et prince de Genève, Annecy, Abry, 1895. Pp. 15-22.
  10. TALLON (A.), Le concile de Trente, Paris, CERF, 2000
  11. Académie Salésienne, Correspondance de Jean d’Aranthon, Testament imprimé de Jean d’Aranthon d’Alex, 1695.
  12. Dom Le MASSON (I.), La vie de Monseigneur Jean d’Aranthon d’Alex (…), op.cit. P.14

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean d'Arenthon d'Alex de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Alex (haute-Savoie) — Pour les articles homonymes, voir Alex. Alex Ajouter une image Administration Pays France Région Rhône Alpes …   Wikipédia en Français

  • Alex (Haute-Savoie) — Pour les articles homonymes, voir Alex. 45° 53′ 23″ N 6° 14′ 21″ E …   Wikipédia en Français

  • Jean-marc salomon — est un des héritiers du groupe Salomon (fils du fondateur), architecte de métier, grand acheteur d Art contemporain et fondateur de la Fondation d art contemporain Salomon dans le château d Arenthon à Alex près d Annecy en Haute Savoie. Portail… …   Wikipédia en Français

  • Jean-Marc Salomon — est un amateur d art contemporain. Un des héritiers du groupe Salomon (fils du fondateur), architecte de métier, Jean Marc Salomon est grand acheteur d art contemporain. Il a fondé, avec son épouse Claudine, la Fondation d art contemporain… …   Wikipédia en Français

  • Château d'Alex — Nom local Château d Arenthon Période ou style Médiéval Type Maison forte Début construction …   Wikipédia en Français

  • Fondation d'art contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon — Fondation d art contemporain Salomon La Fondation d art contemporain Claudine et Jean Marc Salomon a été créée en juin 2001 par Jean Marc Salomon, architecte de métier et fils du fondateur des skis Salomon, dans le château d Arenthon à Alex près… …   Wikipédia en Français

  • Massif des Aravis — Aravis Pour les articles homonymes, voir Aravis (homonymie). Aravis Carte topographique des Aravis …   Wikipédia en Français

  • Massif des aravis — Aravis Pour les articles homonymes, voir Aravis (homonymie). Aravis Carte topographique des Aravis …   Wikipédia en Français

  • Étrembières — 46° 10′ 42″ N 6° 13′ 36″ E / 46.1783, 6.2267 …   Wikipédia en Français

  • Etrembieres — Étrembières Étrembières Administration Pays France Région Rhône Alpes Département Haute Savoie Arrondissement Arrondissement de Saint Julien en Genevois Canton …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”