Henri-Ambroise Bernier

Henri-Ambroise Bernier

Henri-Ambroise Bernier, à Alençon le 29 avril 1795 et mort le 12 juin 1859 à Angersest un chanoine et polémiste catholique français.

Sommaire

Biographie

Après avoir entrepris des études aux collèges de Cholet, de Château-Gontier et de Beaupréau, Bernier entra ensuite au grand séminaire dAngers, d, en sortant, il fut envoyé répétiteur de philosophie au collège de BeaupréauOrdonné prêtre le 5 juin 1819, il accepta, le 28 octobre 1821, la direction du collège de Doué, quil transforma mais quil dut quitter devant les hostilités soulevées par la Révolution de 1830.

Installé par lévêque, malgré les répugnances ministérielles, à la cure de Saint-Pierre de Saumur, le 17 novembre 1831, Bernier y contribua surtout à maintenir en ville les Frères des Écoles chrétiennes et à établir une maison du Bon-Pasteur dans lancienne abbaye Saint-Florent (23 avril 1836) et une maison de secours pour les orphelines abandonnées.

Au commencement de 1837, labbé Mongazon le désigna pour son coadjuteur, chargé en réalité de la direction du petit séminaire dAngers, il resta cinq ans. Cest dans cette position que Bernier publia, 1839, son premier opuscule polémique intitulé : Quelques mots sur le monopole universitaire. Le « monopole universitaire » était linterdiction absolue, signifiée par Narcisse-Achille de Salvandy, ministre de lInstruction publique, à toute personne, graduée ou non graduée, dannoncer ou douvrir, sous quelque forme que ce pût être, des cours préparatoires au baccalauréat ès lettres. Bientôt après, il remit strictement en vigueur les dispositions du décret de 1811 qui obligeait tous les maîtres de pension à conduire aux lycées leurs élèves âgés dau moins dix ans. En se présentant aux épreuves du baccalauréat, le candidat devait fournir le certificat quil avait fait sa rhétorique et sa philosophie dans un collège royal ou dans une école autorisée à ce double enseignement. Quant aux élèves ecclésiastiques des petits séminaires, ils ne pouvaient recevoir, à la fin de leurs études, quun diplôme ayant seulement valeur pour arriver aux grades théologiques. Ceux qui nentraient pas dans le sacerdoce, trouvaient devant eux, faute du titre de bachelier, toute carrière fermée à moins de recommencer deux années détudes. Au cas un enfant qui aurait manifesté le désir dêtre prêtre aurait changé davis après être entré au petit séminaire, son avenir se serait trouvé exposé. Or le collège dAngers avait besoin, pour subsister,  de la liberté denseignement. À la rigueur, il était possible de conduire les élèves des deux classes supérieures aux cours du lycée et ce moyen dut être un moment nécessairement employé, mais il y avait plus dun kilomètre entre les deux maisons. Réglementer les exercices du petit séminaire comme ceux du collège royal était impossible ; de la nouvelle situation naissaient des inconvénients graves,  des dépenses dun genre nouveau et très considérables. Peu de parents, dailleurs, auraient voulu consentir à ce voyage quotidien et quadruple. Établir près du lycée un internat pour les élèves des hautes classes était en somme créer un nouveau collège et sendetter davantage.

Entrant de plain pied dans son sujet, lopuscule de Bernier, qui fut vendu au profit de létablissement dorphelines de Mlle Leguaysattaqua au monopole accordé par Napoléon Ier à la corporation enseignante, dénonçant indistinctement les appointements des inspecteurs, proviseurs, censeurs et professeurs des collèges, le surmenage des étudiants, le personnel de lUniversité, les mutations fréquentes, le défaut densemble, la variété infinie des doctrines. Il récusa les soi-disant innovations introduites, depuis vingt-cinq ans, dans linstruction publique, et dont elle se glorifiait, comme pour le moins, fort douteuses, en tous cas, que le monopole nétait pour rien dans ce quelle avait fait de bon et de louable, comme la remise à honneur du grec classiquelenseignement de la philosophie et létude des mathématiques avant les humanités. Il concluait en proposant à lUniversité, si elle était convaincue de la supériorité des études de ses collèges sur celles des autres, de faire concourir les séminaires avec les collèges royaux comme moyen sûr den convaincre le public.

Parue au commencement de janvier 1839, lédition fut si rapidement enlevée quun second tirage devint nécessaire à la fin du moisPersonne, en Anjou, nignorait le nom de lauteur, bien que la brochure ne fût pas signée. Il se fit un plaisir de loffrir à des universitaires et même à un chaud partisan de la révolution de Juillet, qui avait parlé de jeter au feu un exemplaire de la première édition et qui reçut la seconde avec beaucoup de politesse en prédisant lui-même la chute prochaine du monopole. Étonné de laudace du réquisitoire, le public parla de destituer le supérieur-suppléant. Lui-même sen expliqua ainsi : « Le conseil académique ma dénoncé au ministre de lInstruction publique, en lui envoyant mes Quelques mots. Cela ma fait beaucoup rire en flattant un peu ma vanité. Je regrette une seule chose : cest quon nait pas attendu la deuxième édition. Elle renferme deux notes qui auraient pu intéresser le ministre. Ces gens- sont bien mal avisés ! M. de Salvandy a bien le temps de soccuper de moi ! Quil conserve seulement son portefeuille, quil se maintienne au ministère, voilà tout ce quil peut faire en ce moment. Cest déjà bien fort. Du reste mhonorât-il de quelque attention, je ne vois pas, en définitive, ce qui peut en résulter de fâcheux. »

Nommé, dès son arrivée à Angers, chanoine de la cathédrale, Bernier reçut du Chapitre, à la mort de lévêque Montault, les pouvoirs de vicaire général qui lui furent confirmés par le nouvel évêque, dont bientôt il fut chargé dannoncer la mort. Cest lui rédigea le Mandement à loccasion de la mort de Mgr Paysant (1841). Lannée suivante il fit imprimer un long travail qui loccupait depuis longtemps, sous le titre dExtraits historiques et moraux de la Bible de Carrière, avec notes (6 vol. in-12, Saumur, Paul Godet, 1812), mais cette entreprise neut aucun succès de vente et lendetta pour toute sa vie.

Bernier rentra bientôt dans la polémique avec le lettre diocésaine Sur le Journalisme religieux (Angers, Barassé, in-8° dune f. 1/4), qui lui valut de vives répliques et des adversaires depuis lors en éveil (1845). Son Humble remontrance à Dom Guéranger (1847, in-12nétait pas pour les calmer. La brochure lÉtat et les Cultes (juin 1848, Paris, in-8° de 68 p.), simples notes dabord, développées sur la sollicitation du ministre de lInstruction publique Freslon, et publiées sans nom dauteur par lindiscrétion dun parent, représentant du peuple, devait devenir pour lui la source des dernières peines. Labbé de Solesmes, Dom Guéranger, le prit dès lors à parti avec outrance et malgré dapparentes réconciliations, ne labandonna plus.

À la fin de 1849, Bernier accompagna son évêque au concile de la province de Tours, qui se tenait à Rennes, il fut nommé à lunanimité promoteur et vice-président dune commission. Pendant ce temps, son livre, dénoncé à la Cour de Romeétait condamné par la Congrégation de lIndex. En ayant reçu lavis par les journaux, Bernier leur envoya immédiatement, le 25 juillet 1850, sa soumission pleine et entière, acceptant la sentence et rétractant toute erreur involontaire ; puis il offrit sa démission de chanoine à lévêque, qui laccepta, pour aller prendre refuge, le 17 juillet 1850, dans la modeste cure de Juigné-sur-Loire.

Sur la fin de 1851, labbé Mercier sétant démis de son canonicat en sa faveur, Bernier fut rappelé au Chapitre de Saint-Maurice et y revint prendre la dernière place il avait occupé la première avec honneur. Il avait dirigé longtemps les Sœurs de Saint-Charles dAngers et les Sœurs Hospitalières de Doué et de Baugé ; ces dernières furent les seules qui le supplièrent de les garder dans sa disgrâce. En 1852 il fut nommé administrateur des Hospices à qui il légua tous ses livres.

En dépit de tous ses déboires éditoriaux, Bernier sétait pourtant remis au travail pour raconter lHistoire du collège de Beaupréau (1854), dont une partie parut dans la Revue de lAnjou. Cest une ancienne Étude sur le jansénisme, quil donna plus tard au même Recueil (1858, p. 101), qui réveilla la guerre : dès les numéros suivants, son vigilant adversaire, Dom Guéranger y publia une très vive réfutation à laquelle Bernier répondit (p. 355) avec une énergie quaucune instance, aucune considération personnelle ne purent ébranler.

Au lieu de le reposer, un voyage effectué à Vichy en juin 1858, le ramena malade et le chanoine, décrit comme desprit droit et sûr mais volontiers caustique, dabord sévère et peu engageant, qui gagnait la sympathie et tant damitiés restées constantes par la bienveillance de ses manières, la sincérité, la modestie sérieuse de son caractère, succombait bientôt après dans une petite campagne à une demi-lieue dAngers. Son portrait, dessiné par labbé Bariller, professeur au collège Mongazon, a été lithographié (in-fol.) par Julien Laurens. Un autre, peint par labbé Guillaume, est conservé au collège Mongazon.

Publications

  • Conseils à une jeune mariée, 1838 ;
  • Quelques Mots sur le monopole universitaire, 1839 ;
  • Mandement à loccasion de la mort de Mgr Paysant, 1841 ;
  • Extraits historiques et moraux de la Bible de Carrière, avec notes, Saumur, Paul Godet, 1812, 6 vol. in-12 ;
  • Sur le Journalisme religieux, Angers, Barassé, in-8° dune f. 1/4 ;
  • Humble Remontrance à Dom Guéranger, 1847, in-12 ;
  • LÉtat et les Cultes, juin 1848, Paris, in-8° de 68 p. ;
  • Histoire du collège de Beaupréau, 1854 ;
  • Étude sur le jansénisme, 1858 ;
  • Discours pour linauguration du monument élevé à la mémoire de M. Mongazon, 1844 ;
  • Petit Traité darithmétique et syllabaire pour les écoles de St-Charles, 1845 ;
  • Observation à M. le comte de Quatrebarbes sur sa réponse à une lettre sur le Journalisme religieux, Angers, Launay- Gagnot, in-12 de 1/2 f. ;
  • Discours pour le deuxième anniversaire séculaire de lHôtel- Dieu de Bauge, 1850 ;
  • Éloge funèbre de labbé Ploquin, curé de Notre-Dame de Cholet, prononcé le 29 juillet 1851, Cholet, Laine, 1851, in-8° dune f. 1/2 ;
  • Article nécrologique sur labbé Dubois, 1853 ;
  • Règles pour la Congrégation de St-Charles ;
  • Discours dinauguration des peintures murales de lhôpital Ste-Marie, 1857, Angers, Cosnier et Lachèse, in-8° de 1/2 f. ;
  • Notes particulières sur la polémique avec labbé de Solesmes, Angers, Cosnier et Lachèse, 1858, in-8° de 6 f., tiré à 100 ex. et non mis dans le commerce ;
  • Le Doute légitime sur lapparition miraculeuse de la Très-Sainte Vierge à deux bergers de la Salette, 1859, Angers, Cosnier et Lachèse, in-8° de 7 f. ¾.
    Sauf deux on trois exemplaires restés à Angers, lédition tout entière de cet ouvrage, plus hardi encore que ne lindique le titre, a été remise, après la mort de lauteur, et, assure-t-on, de son consentement, entre les mains dun prélat dorigine angevine.

Sources

  • Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, Angers, J. B. Dumoulin, 1878, p. 328-9.
  • Revue de lAnjou, t. 37, Angers, Germain & G. Grassin, 1898.

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Henri-Ambroise Bernier de Wikipédia en français (auteurs)

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