- Guerre civile sierra-léonaise
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La Guerre civile de la Sierra Leone , un état de l'Afrique de l'Ouest, se déroula du 23 mars 1991 au 18 janvier 2002.
Sommaire
Origine
La guerre civile fut déclenchée par un groupe armé se nommant le RUF (pour Revolutionary United Front), avec à sa tête Foday Sankoh. Ce groupe est très proche de Charles Taylor, et on peut voir la guerre civile de la Sierra Leone comme une extension de celle du Libéria.
Chronologie
1991
Le 23 mars 1991, le RUF, composé d'une centaine de combattants, attaque deux villages de l'Est du pays. Les troupes gouvernementales de la Sierra Leone sont alors envoyées par le général Joseph Momoh, au pouvoir depuis 1985.
1992
Du fait que les militaires et le RUF ne peuvent gagner du terrain l'un sur l'autre, des tensions naissent au sein de l'armée de la Sierra Leone. Le 29 avril, un capitaine de 26 ans, Valentine Strasser, prend le pouvoir presque accidentellement. Il crée le Conseil national provisoire du gouvernement (NPRC), déclare l'état d'urgence et suspend certaines dispositions de la Constitution.
Le 29 décembre, à la suite d'une tentative de coup d'État, le NPRC fait exécuter 26 militaires soupçonnés de rébellion.
1993
En protestation des exécutions sommaires, le Royaume-Uni décide de suspendre son aide économique à partir de janvier 1993.
Suite aux pressions internationales, Valentine Strasser déclare, en octobre 1993, qu'il organisera des élections vers la fin 1995.
1995
De janvier à mai 1995, le RUF continue de mener des attaques dans la Sierra Leone. Petit à petit, le RUF se rapproche de la capitale. Prenant peur, le gouvernement décide de demander une aide extérieure. C'est ainsi que le 5ème bataillon du 8ème régiment de Gorkhas (Gurkha)s du contingent indien de la mission des Nations Unies est dépêché pour protéger les mines de diamants contre les forces du front unifié de la libération, puis la société militaire privée sud-africaine Executive Outcomes, ainsi que les Kamajors (qui devinrent plus tard les Forces de défense civile (CDF), des chasseurs locaux issus de la Mende, un groupe ethnique du sud et l'est de la Sierra Leone, furent appeler pour prêter main forte.
Le 2 octobre, une nouvelle tentative de coup d'État est déjouée alors que le président Strasser est à l'étranger.
1996
Le 16 janvier 1996, le vice-président Julius Maada Bio organise un coup d'État et écarte Valentine Strasser du pouvoir. Le nouvel homme fort de la Sierra Leone commence alors à entamer des négociations avec le RUF.
Le 15 mars, des élections multipartites sont organisées. Elles portent Ahmad Tejan Kabbah, leader du Sierra Leone People Party (SLPP), au poste de Président de la République avec 59,5% des voix.
Le 22 avril, Ahmad Tejan Kabbah et Foday Sankoh se rencontrent à Abidjan pour établir un plan de paix.
Le 30 novembre, le RUF et le président Ahmad Tejan Kabbah signent un accord de paix à Abidjan. Julius Maada Bio, promu général, organise la phase de transition du pouvoir au profit du président Ahmad Tejan Kabbah. Le RUF est converti en parti politique et est désarmé. Tous les combattants du RUF sont amnistiés.
1997
Le 8 mars 1997, Foday Sankoh est arrêté au Nigeria pour détention d'une arme à feu. Le RUF déclenche alors des attaques dans toute la Sierra Leone.
Le 25 mai, l'AFRC (pour Armed Forces Revolutionary Council), conduit par Johnny Paul Koroma, constitué d'un groupe d'anciens membres de l'armée de la Sierra Leone prend le pouvoir lors d'un coup d'État. Quelque temps après, le RUF et l'AFRC décident de s'allier pour diriger le pays.
Le 2 juin, des militaires français (Aviso Jean Moulin) et américains sont envoyés sur place pour évacuer leurs ressortissants ainsi que les Européens vers les États voisins.
Le 29 août, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), donne un mandat à sa force d'interposition (l'ECOMOG) pour remettre le président élu, Ahmad Tejan Kabbah, à son poste.
Des forces armées s'organisent pour résister contre le RUF et l'AFRC. Ces forces se font appeler les CDF (pour Civil Defence Forces).
Le 8 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies vote à l'unanimité un embargo sur le pétrole et les armes à destination de la Sierra Leone.
Le 23 octobre, sous la pression internationale, ainsi que des troupes de l'ECOMOG, le RUF signe l'Accord de Conakry prévoyant le retour du président Ahmad Tejan Kabbah en avril 1998.
1998
Le 12 février 1998, le RUF et l'AFRC sont chassés du pouvoir par l'ECOMOG. Le gouvernement du président Ahmad Tejan Kabbah retourne au pouvoir officiellement le 10 mars.
Le 13 juillet, la Mission d'observation des Nations unies en Sierra Leone (MONUSIL) est créée pour veiller au désarmement des anciens combattants, à la bonne exécution de l'action humanitaire et au respect des Droits de l'homme.
Le 23 octobre, Foday Sankoh est condamné à la peine de mort par la Haute Cour de justice de Freetown. Le colonel Sam Bockarie, nouveau chef du RUF, menace de « tuer tout ce qui est vivant » s'il advenait quelque chose au chef historique du mouvement.
Fin 1998, une offensive massive permet au RUF et à l'AFRC d'occuper pendant 3 semaines en janvier 1999 la capitale du pays, Freetown. Durant ces 3 semaines, la capitale est mise à feu et à sang lors de l'opération « No Living thing » (en français, « plus rien de vivant »). Le résultat est dramatique, plus de 6 000 morts seront recensés et des dizaines de milliers de personnes quittent la capitale comme ils le peuvent.
1999
La mission de la Monusil est prolongée de deux mois le 11 janvier et la Banque mondiale et le FMI suspendent leur aide au pays le 19 février.
Après avoir été chassées de la capitale, les troupes du RUF et de l'AFRC commettent des atrocités sur la population lors de leur retour dans leur bastion au nord du pays.
Le 7 juillet, le RUF et le gouvernement de la Sierra Leone signent les Accords de Lomé qui prévoit une amnistie des crimes antérieurs au traité, la libération de Foday Sankoh, l'entrée du RUF dans le gouvernement et surtout la création d'une commission chargée des ressources minières et de la reconstruction, dont la présidence devait être tenue par le chef du RUF.
Le 22 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 1270. La Mission des Nations unies en Sierra Leone (MINUSIL) est alors créée. Elle a pour but de garantir le respect des Accords de Lomé.
2000
Le 22 février 2000, le Parlement vote une loi créant la Commission « vérité et réconciliation » chargée d'enquêter sur les atrocités commises pendant la guerre civile.
Le 3 mai, 500 Casques Bleus sont pris en otage par le RUF qui remet en cause le processus de paix et reproche à Kofi Annan de soutenir le chef de l'État, mais surtout ils veulent empêcher le redéploiement des Casques Bleus près des mines de diamants.
Le 17 mai, Foday Sankoh, en fuite, est arrêté.
Les otages sont libérés le 28 mai après des interventions internationales auprès de Charles Taylor.
Suite à la prise d'otages, l'opération Pallister est déclenchée par l'Angleterre. Son but premier était d'évacuer les ressortissants de l’Union européenne et du Commonwealth. Mais après l'avoir fait, ils sont restés en place pour soutenir les troupes régulières.
Le 5 juillet, la résolution 1306 (2000) du Conseil de sécurité de l'ONU est votée. Un embargo sur le trafic illégal de diamants de la Sierra Leone est appliqué, il vise principalement le trafic du RUF qui contrôle 90% des zones diamantifères et le Libéria qui exporte 60 fois plus de pierres qu'il n'en produit (la différence entre la production et l'exportation vient du RUF).
Le 14 août, la résolution 1315 (2000) du Conseil de sécurité de l'ONU autorise la création du Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
Le 10 novembre, un cessez-le-feu est signé à Abuja au Nigeria, entre le gouvernement et le RUF.
2001
La résolution 1343 du Conseil de sécurité de l'ONU est votée le 7 mars 2001. Elle décrète un embargo sur les armes à destination du Libéria. Il exige également qu'il cesse son soutien au RUF et prenne des mesures concrètes pour arrêter le trafic et la vente de diamants provenant de Sierra Leone.
Le 30 mars 2001, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution autorisant l'accroissement des Casques Bleus de la MINUSUSIL pour passer de 6 000 à 17 500 militaires.
Fin 2001, plus de 3 000 enfants soldats sont relâchés par le RUF et les CDF. Le RUF s'engage également à relâcher les femmes sierraleonaises et guinéennes enlevées.
2002
En janvier 2002, plus de 47 000 combattants sont désarmés et démobilisés. La guerre civile de Sierra Leone prend officiellement fin le 18 janvier. Le 28 février, l'état d'urgence est levé.
Le 4 mars, débute le procès de Foday Sankoh. Il est ajourné à plusieurs reprises.
Le 14 mai, le président sortant, Ahmad Tejan Kabbah, est réélu avec 70,6% des voix.
Les victimes
Cette guerre civile a fait entre 100 000 et 200 000 morts. Plusieurs milliers de personnes ont été mutilées délibérement, notamment par l'amputation des mains pour les empêcher de travailler et surtout de voter. Plus de 2 millions de personnes (le tiers de la population) ont été déplacées.
En plus de cela, des enfants (garçons et filles) ainsi que des femmes ont été enlevés. Les garçons étaient enrolés de force comme enfants soldats. Les filles et les femmes étaient transformées en esclaves sexuelles.
Liens avec le Libéria
Le Libéria de Charles Taylor est le principal responsable de la guerre civile de la Sierra Leone.
Charles Taylor a toujours désiré étendre sa domination aux riches provinces diamantifères de la Sierra Leone. C'est pour cette raison qu'il a toujours soutenu, militairement, économiquement et politiquement, le RUF de Foday Sankoh.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone
En raison des différents crimes commis durant le conflit, notamment des crimes contre l'humanité ainsi que des crimes de guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU décida la création d'un Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).
Voir aussi
- Histoire de la Sierra Leone
- Blood Diamond, film d'Edward Zwick
- Beah, Ismael. A long way gone: memoirs of a child soldier. Sarah Crichton Books. 2007
- Lord of War, film d'Andrew Niccol
Catégories :- Conflits ayant impliqué des mercenaires
- Guerre civile
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- Conflit asymétrique
- Violence politique en Afrique
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