- Gottlieb Fuchs
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Théophile-Gottlieb Fuchs, également connu sous le pseudonyme de Rochat, né le 29 novembre 1904 et mort en 1983 , est un ressortissant suisse connu pour avoir été l'interprète de Klaus Barbie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il aurait selon ses dires et certains témoignages fait double jeu, en aidant les prisonniers de la Gestapo, bien que ce point soit controversé[1].
Sommaire
Biographie
Interprète pour la Gestapo
Fermier, Gottlieb Fuchs réside en France, près de Toulouse, en juin 1940[2]. Suite à la perte de son emploi, il est engagé comme interprète auprès de la Croix-Rouge allemande[2]. Mais la Croix-Rouge n'a pas réellement besoin de ses services, et après quelques semaines il se retrouve interprète pour les troupes allemandes, puis de la Gestapo, d'abord à Dijon, puis à Gex où il se trouve sous la responsabilité de Klaus Barbie[2].
Logé au château de Prévessin-Moëns, il devient l'homme de confiance de Klaus Barbie, et les allemands lui portent un grand respect. Découvrant peu à peu ce qu'est vraiment la Gestapo, il commence à perpétrer différent actes de résistance : subtiliser la photographie d'un indicateur suisse et transmettre le dossier afférent à la police genevoise, obtenir des laissez-passer pour des frontaliers, détruire des lettres de dénonciation[2]…
En novembre 1942, il suit Klaus Barbie à Lyon, où il est également affecté à la surveillance du matériel allemand[2]. Il entre en contact avec la résistance locale, et découvre en même temps la face la plus sombre de la Gestapo, ce qui le motive à user de sa fonction pour aider les Français. Chargé du contrôle du courrier des détenus du fort Montluc, il ferme les yeux sur le contenu des colis, averti les résistants locaux des rafles à venir et parvient même à faire libérer un prisonnier[3].
À sa demande, il est transféré à l'automne 1943 à Annemasse, où la Gestapo siège à l'hôtel Pax. Sous le nom de Rochat, il y est interprète et suppléant du juge d'instruction[3] et chef local de la Gestapo, Georg Meyer. Profitant de l'ivresse de Meyer, il parvient à faire libérer les vingt-huit prisonniers détenus dans l'annexe du Pax[3], située en face de l'hôtel. Il réussit également, profitant des difficultés linguistiques des soldats allemands, à alerter les résistants lors d'une perquisition[3].
Il effectue dans le même temps des aller-retour à Genève, où il rencontre régulièrement des agents de renseignement[3].
Déportation
Gottlieb Fuchs s'attire cependant la méfiance de responsables de la Gestapo et du Sicherheitsdienst (SD) de Lyon. Arrêté le 19 décembre 1943, il est envoyé à Lyon où, accusé d'espionnage, il est torturé[3]. Condamné à mort, sa peine est commuée en prison à perpétuité et il est déporté au Camp de Royallieu, puis à Trèves en Allemagne, où lui est attribué le matricule 44110[4]. En mars 1944, il est transféré au camp de Dora, où il doit creuser des galeries pour les ateliers d'assemblage des fusées V1 et V2. Le fait qu'il parle allemand lui permet cependant d'obtenir un travail moins épuisant en cuisine[4]. Il détourne de la nourriture pour les prisonniers, mais est dénoncé. Battu, il passe trois semaines à l'infirmerie, où un médecin lui attribue ensuite un poste d'infirmier[4].
Devant la progression des Alliés, les prisonniers sont transférés au printemps 1945 au camp de Bergen-Belsen, qui est libéré le 25 avril. Fuchs est interrogé par les autorités anglaises, puis françaises. Il est ensuite rapatrié en Suisse avec les félicitations du général Triff pour sa conduite pendant la guerre. À son arrivée en Suisse, il est arrêté et incarcéré temporairement à Genêve[1].
Controverse sur les activités de résistant
Les activités de Gottlieb Fuchs en tant que résistant sont mises en doute en 1966 par une enquête du journaliste Claude Richoz, malgré un certain nombre de témoignages d'anciens résistants en faveur de Fuchs[1]. Fuchs est l'auteur d'une autobiographie : Le Renard : 30 ans après, l'interprète de Klaus Barbie parle (1973).
Publications
- Gottlieb Fuchs, Le Renard : 30 ans après, l'interprète de Klaus Barbie parle, Éditions Albin Michel, 1973.
Notes et références
- Michel Germain, Chronique de la Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale, La Fontaine de Siloë, 2001 [lire en ligne], p. 109
- Michel Germain, Chronique de la Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale, La Fontaine de Siloë, 2001 [lire en ligne], p. 106
- Michel Germain, Chronique de la Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale, La Fontaine de Siloë, 2001 [lire en ligne], p. 107
- Michel Germain, Chronique de la Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale, La Fontaine de Siloë, 2001 [lire en ligne], p. 108
Catégories :- Naissance en 1904
- Date de décès inconnue (XXe siècle)
- Personnalité suisse du XXe siècle
- Personnalité étrangère dans la Résistance française
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