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Bataille de Soissons (978)
Cinq siècles après la victoire de Clovis Ier, Soissons fut le théâtre d'une autre bataille.
En l'an 978, l'influence germanique était très forte, ce que certains princes en France ne supportaient pas. L'un d'eux, Lothaire, voulut reprendre la Basse-Lotharingie que l'empereur Othon II (955-983) venait de donner à Charles, propre frère de Lothaire. Lothaire attaqua la Lotharingie et projeta même d'enlever Othon, à Aix-la-Chapelle. Il pilla et saccagea les pays de l'empereur et rentra puis il s'allia à son puissant rival Hugues Capet. Othon le prévint alors par un messager qu'il « envahirait le royaume des Welches aux calendes d'octobre[1] ».
Welches est le nom que donnaient les Germains aux Franco-Gaulois de langue romane alors que eux disaient s'appeler Franks parce qu’ils parlaient la langue de Clovis et de Charlemagne.
Othon tint parole et, le 1er octobre 978, entra en Lorraine et en Champagne avec une armée, laquelle comptait selon Raoul Glaber plus de 60 000 combattants[2]. Il progressa rapidement vers Paris, brûlant et pillant sur son passage les régions de Soissons, de Reims et de Laon où Lothaire est obligé de s'enfuir avec sa cour. Après qu'il eut fait proclamer et couronner roi Charles par l'évêque Thierry Ier de Metz[3], il arriva en vue de Paris dont il incendia les faubourgs, et pour célébrer sa victoire fit entonner l'alléluia par ses soldats du haut de Montmartre.
Les Parisiens dirigés par Hugues Capet sortirent et refoulèrent les Germains aux portes de Paris où ils restèrent trois jours, puis Othon, voyant l'hiver approcher, (on était le 30 novembre) décida de rentrer ; il se considérait satisfait et vengé. Mais les guerriers de France et de Bourgogne, sous le commandement de Lothaire et d'Hugues Capet, suivirent de très près l'armée d'Othon qui avançait sans problème majeur jusqu'aux portes de Soissons où elle devait franchir l'Aisne.
L'empereur Othon voulut établir son campement pour la nuit, mais, sur les conseils du comte des Ardennes Godeffroy, il fit traverser le gros de sa troupe sans attendre les bagages.
Quand la nuit tomba, l'arrière-garde et les serviteurs qui portaient le butin n'avaient pas franchi la rivière, il décidèrent donc de passer la nuit et de la franchir le lendemain. Mais dès l'aube la cavalerie de Lothaire leur tomba dessus, ils s'enfuirent sans livrer combat et se jetèrent dans la rivière qui était en crue ; la plupart périrent noyés. L'arrière-garde de l'armée d'Othon fut entièrement détruite, « il en périt plus par l'onde que par le glaive » d'après Balderic, chroniqueur de l'époque.
L'armée de Lothaire et d'Hugues Capet récupéra ainsi le butin d'Othon.
Selon la tradition soissonnaise, cette catastrophe aurait eu lieu entre la rivière, l'abbaye Saint-Médard et le bourg Saint-Waast, ce lieu s'appelle Le Champ bouillant ou Champ dolent à cause de la douleur qu'auraient eu les guerriers germains de voir périr ainsi leurs camarades sans pouvoir leur porter secours.
Après ce désastre, l'empereur Othon fit demander à Lothaire de fixer un champ de bataille où leurs armées pourraient s'affronter afin que la couronne impériale revienne au vainqueur, mais il n'y eu pas de véritable bataille et les Français poursuivirent leurs adversaires jusqu'aux Ardennes et à la Meuse.
Mais en 980, Lothaire, craignant la popularité et la puissance d'Hugues Capet, fit la paix à Margut sur Chiers avec Othon afin d'acquérir au besoin son appui .
Bibliographie
- Histoire de Soissons de Henri Martin et Paul Louis Jacob
- Soissons son histoire illustrée de Geneviève Cordonnier
Notes et références
- ↑ Henri Martin (historien) et Paul Louis Jacob, Histoire de Soissons, 1837, p. 397
- ↑ Henri Martin et Paul Louis Jacob, op. cit., p. 397
- ↑ Michel Bur Histoire de Laon et du Laonnois, 1987, p. 53
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