Fabrique genevoise

Fabrique genevoise

La Fabrique genevoise (localement, simplement « La Fabrique ») désigne l’ensemble des métiers de l’industrie bijoutière et horlogère genevoise au XVIIIe siècle.

Sommaire

Dénomination

Selon Antony Babel, l’usage du terme « la Fabrique[1] » pour désigner l’ensemble des entreprises indépendantes liées à l’horlogerie genevoise remonte au début du XVIIIe siècle. La Fabrique s’oppose à la grande manufacture ou la « machinofacture ». Par extension, le terme désigne l’industrie horlogère genevoise presque jusqu’à la fin du XIXe siècle[2].

Historique

Pour consulter un article plus général, voir : Histoire de Genève.

L’horlogerie genevoise naît - assez tardivement - de l’orfèvrerie, dont la première mention à Genève remonte à 1290[3]. Si le développement de l’orfèvrerie genevoise est mal connu, il est cependant notable, en particulier à cause de l’importance économique des foires genevoises : à la fin du XVe siècle, on compte une vingtaines d’orfèvres, dont beaucoup sont d’origine étrangère (allemande, en particulier)[4].

La république protestante

Articles détaillés : Jean Calvin et Réforme protestante.

Le succès de la réforme calviniste au XVIe siècle permet le développement de l’horlogerie, d’abord en proscrivant le luxe et l’apparat - ce qui force les orfèvres à une reconversion -, ensuite en accueillant de nombreux artisans et gens de métiers pourchassés en France en raison de leurs convictions religieuses (« Premier refuge »). Le premier[5] horloger officiellement connu à Genève est le Bourguignon Charles Cusin en 1574[6].

Le 20 janvier 1601, les « Ordonnances et règlements sur l’estat des orlogiers » sont approuvées par le pouvoir politique. On y fixe les conditions de formation au métier d’horloger - l’apprentissage dure cinq ans - et les conditions d’exercice de la profession. Le texte vise également à lutter contre la concurrence. Ce n'est pourtant qu'au milieu du XVIIe siècle que l'horlogerie genevoise l'emporte sur l'orfèvrerie.

Une fois son statut officiellement reconnu, l'industrie horlogère va rapidement se spécialiser et la division du travail y est précoce (1660). La spécialisation des tâches et la forte hiérarchisation sociale et économique qu'elle suppose permet aux femmes d'accéder à certains métiers horlogers (« faiseuse de chaînettes », « vuidage des cages, coqs et coulisses de montres », polissage[7]), et une expansion régionale de l'industrie horlogère dans le pays de Gex, le Jura vaudois et le Faucigny (fabrication des « blancs », ébauches), le travail de « finissage » étant réservé au centre genevois[8].

Au XVIIe siècle se développe une spécialité qui fera la réputation internationale de la Fabrique de Genève, la peinture sur émail. La renommée de la Fabrique s'étend à toute l'Europe : des horlogers genevois sont appelés à Berlin en 1686, à la cour d'Angleterre, auprès de Louis XIV[9]

Notes et références

  1. On utilise une dénomination similaire pour désigner l'industrie de la soie à Lyon et différentes villes françaises à la même époque.
  2. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 13.
  3. Antony Babel, ‘’op. cit.’’, p. 17.
  4. Ibid.
  5. Un titre contesté par Antony Babel, qui avance une liste de de seize horlogers précédant Charles Cusin, mais sans donner d’autre précision (Ibid. p. 27).
  6. David Landes, L'Heure qu'il est, p. 338.
  7. Antony Babel, p. 34
  8. Antony Babel, p. 35
  9. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 35.

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Antony Babel, La Fabrique genevoise, collection « Institutions et Traditions de la Suisse romande », Édition Victor Attinger, Neuchâtel, 1938 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alfred Dufour, Histoire de Genève, Que sais-je ?, PUF, 1997
  • David S. Landes, L'Heure qu'il est. Les horloges, la mesure du temps et la formation du monde moderne, Gallimard, 1987 (en particulier le chapitre 15 « Multum in parvo ») Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Annexes

Articles connexes

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fabrique genevoise de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Charles Cusin — (né avant 1574 mort vers 1612) fut à la fin du XVIe siècle l un des premiers horlogers identifiés au sein de la République de Genève. Sommaire 1 Contexte 2 Les débuts de l horlogerie genevoise 3 Postéri …   Wikipédia en Français

  • Histoire de la soie à Lyon — La Fabrique est un terme utilisé pour désigner l ensemble des acteurs de l industrie de la soie, en particulier à Lyon (mais également à Tours et St Étienne). Sommaire 1 XVe siècle : La naissance de la Fabrique 2 XVIe siècle …   Wikipédia en Français

  • Montre (horlogerie) — Pour les articles homonymes, voir Montre. Montre commune se portant au poignet …   Wikipédia en Français

  • Poinçon de Genève — Le Poinçon de Genève est le sceau de qualité horlogère du canton de Genève (Suisse) afin de certifier de la qualité et l origine des montres. Sommaire 1 Historique 2 Articles connexes 3 Liens externes …   Wikipédia en Français

  • Rubanerie — La rubanerie est l industrie et le commerce du ruban. Sommaire 1 Particularités du ruban 2 Un bref historique 3 Voir aussi 3.1 Articles connex …   Wikipédia en Français

  • Horlogerie — L horlogerie regroupe les techniques permettant de fabriquer des horloges ou des montres. Sommaire 1 À la découverte du Temps 2 Horloges mécaniques 3 L horlogerie suisse …   Wikipédia en Français

  • Saint-Gervais (Genève) — Pour les articles homonymes, voir Saint Gervais. 46°12′23.23″N 6°8′40.46″E / …   Wikipédia en Français

  • Saint-Sigismond (Haute-Savoie) — Pour les articles homonymes, voir Saint Sigismond. 46° 04′ 23″ N 6° 36′ 55″ E …   Wikipédia en Français

  • Saint-sigismond (haute-savoie) — Pour les articles homonymes, voir Saint Sigismond. Saint Sigismond Administration Pays France Région Rhône Alpes …   Wikipédia en Français

  • Jean-François Bautte — Jean François Bautte, né le 22 mars 1772 à Genève où il est mort le 30 novembre 1837, est un horloger bijoutier suisse. Il s est rendu célèbre pour plusieurs raisons : Fondation à Genève la manufacture horlogère la plus… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”