Charles Cusin

Charles Cusin

Charles Cusin (né avant 1574 - mort vers 1612) fut à la fin du XVIe siècle l'un des premiers horlogers identifiés au sein de la République de Genève.

Sommaire

Contexte

Dès 1541, le réformateur Jean Calvin avait banni à Genève les signes de richesse, obligeant les orfèvres et autres joailliers à se tourner vers l’horlogerie. En 1566, le règlement est aggravé : il est interdit de fabriquer « croix, callices ou autres instrumens servans à la papauté ou idolatrie ». Les orfèvres se tournent vers le travail de la boîte de montre : « Il n'existait pas encore d'horloger qui pût fabriquer ces oignons de Nuremberg inventés au début du XVIe siècle[1] ».

C'est sous le règne d'Henri II, pendant les persécutions qui suivirent l'Édit de Châteaubriant (1551) et celui de Compiègne, qu'on vit les premiers horlogers français se fixer dans la ville : ainsi, Thomas Bayard, venu de Lorraine est présent dès 1554, été accompagné à la même époque par des horlogers de Dijon, d'Avignon, en tout plus d'une quinzaine[2],[3].

Le massacre de la Saint-Barthélemy de 1572 a accéléré le mouvement.

Les débuts de l'horlogerie genevoise

Originaire d'Autun en Bourgogne, Charles Cusin arrive à Genève en 1574[4]. Fils d'un artisan qui fabriquait « des canons, des orgues, des horloges et des montres[5] », il doit peut-être quitter sa ville natale en raison de ses convictions religieuses. En réalité, il doit répondre devant le tribunal de diverses accusation de vol. C'est la justice genevoise qui finit par le condamner.

Son habileté étant reconnue, le Conseil lui commande un mécanisme pour faciliter la sonnerie des cloches de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Son travail est si apprécié qu'en 1587, il obtient gratuitement la bourgeoisie de la ville[5]. Sa réputation traverse les frontières. En 1587, il s'engage par contrat à fabriquer un automate pour un habitant de Saint-Michel-de-Maurienne. En 1588, c'est Henri de Navarre qui lui propose de venir travailler pour lui. Prudemment, Charles Cusin décline l'offre.

En 1590, le conseil de Genève lui commande la réparation de l'horloge du Molard et lui verse des avances. L'horloger disparaît alors brusquement, sans doute vers l'Italie, avant d'avoir exécuté le travail[6]. Les autorités de Genève se dédommagent en ordonnant la saisie du mobilier de l'horloger.

Sa fuite précipitée précède de quelques d'années la naissance d'une corporation en 1601, la « Maitrise des horlogers de Genève », sur le modèle de la jurande des orfèvres de 1566[7].

Postérité

Si son influence réelle sur l'horlogerie genevoise reste contestée, le personnage pittoresque est célébré comme le premier horloger à Genève et son nom a été attribué à une rue de la ville, dans le quartier des Paquis[8].

Notes et références

  1. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 26.
  2. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 27 donne seize prédécesseurs à Charles Cusin.
  3. Claude Raffestin, Genève, essai de géographie industrielle, 1968
  4. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 27.
  5. a et b Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 28.
  6. Antony Babel, La Fabrique genevoise, p. 29.
  7. Les débuts de l'horlogerie genevoise sur worldtempus.com
  8. Situation de la rue Charles-Cusin sur le plan de ville.

Annexes

Bibliographie

  • Antony Babel, La Fabrique genevoise, collection « Institutions et Traditions de la Suisse romande », Édition Victor Attinger, Neuchâtel, 1938

Article connexe

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Charles Cusin de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Cusin — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Cusin est un nom de famille notamment porté par : Abraham Cusin, horloger Suisse du XVIIe siècle ; Alphonse Cusin (1820 1895), architecte… …   Wikipédia en Français

  • Fabrique genevoise — La Fabrique genevoise (localement, simplement « La Fabrique ») désigne l’ensemble des métiers de l’industrie bijoutière et horlogère genevoise au XVIIIe siècle. Sommaire 1 Dénomination 2 Historique 2.1 La république protestante …   Wikipédia en Français

  • Maurice Papon — Maurice Papon, seated (left). Seated middle is Gaston Cusin, Vichy s former Bordeaux prefect (centre) in April 1945. Born September 3, 1910 …   Wikipedia

  • Maurice Papon — Pour les articles homonymes, voir Papon (homonymie). Maurice Papon (né à Gretz Armainvilliers le 3 septembre 1910 – mort à Pontault Combault le 17 février 2007) était un homme politique et haut fonctionnaire français, condamné …   Wikipédia en Français

  • Affaire Papon — Maurice Papon Pour les articles homonymes, voir Papon (homonymie). Maurice Papon (Gretz Armainvilliers, 3 septembre 1910 – Pontault Combault, 17 février 2007) était un homme politique et haut fonctionnaire français, condamné… …   Wikipédia en Français

  • Préfet Papon — Maurice Papon Pour les articles homonymes, voir Papon (homonymie). Maurice Papon (Gretz Armainvilliers, 3 septembre 1910 – Pontault Combault, 17 février 2007) était un homme politique et haut fonctionnaire français, condamné… …   Wikipédia en Français

  • La résistance française — Résistance intérieure française Pour les articles homonymes, voir Résistance. La croix de Lorraine, symbole choisi pour les Forces navales frança …   Wikipédia en Français

  • RESISTANCE DORDOGNE 1944 — Résistance intérieure française Pour les articles homonymes, voir Résistance. La croix de Lorraine, symbole choisi pour les Forces navales frança …   Wikipédia en Français

  • Resistance interieure francaise — Résistance intérieure française Pour les articles homonymes, voir Résistance. La croix de Lorraine, symbole choisi pour les Forces navales frança …   Wikipédia en Français

  • Résistance (France) — Résistance intérieure française Pour les articles homonymes, voir Résistance. La croix de Lorraine, symbole choisi pour les Forces navales frança …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”