- États syro-hittites
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Les États que l’ont désigne sous le terme de néo-hittites, ou plus récemment celui de syro-hittites, étaient des entités politiques de langue louvite, araméene et phéniciene qui se sont créés à l’âge du fer au nord de la Syrie et au sud de l’Anatolie et qui ont émergé après l'effondrement de l 'Empire hittite vers 1180 av. J.-C. et ont perduré jusqu'aux environs de 700 av. J C. Le qualificatif de "néo-hittite" est parfois réservé spécifiquement aux principautés parlant louvite comme Arslantepe et Karkemish, bien que dans un sens plus large, l'expression plus globale de culture "syro-hittite" soit maintenant appliquée à toutes les entités qui se sont développées au sud de la partie centrale de l'Anatolie après la chute de l’empire hittite - telles que Tabal et Quwê - ainsi que ceux du nord de la Syrie et de ses zones côtières[1].
Sommaire
Âge du bronze tardif et transition de l’âge du fer
L'effondrement de l'Empire hittite est généralement associé à un déclin progressif des réseaux commerciaux en Méditerranée orientale et à l'effondrement consécutif des grandes villes de la fin de l'âge du bronze sur la côte du Levant, de l'Anatolie et de la mer Egée[2]. Il a bien entendu culminé avec l'abandon définitif (apparemment pacifique) d’Hattusha, la capitale hittite, en 1180-1175 av. J.-C.. À la suite de cet effondrement des grandes villes et de l'Etat hittite, le premier âge du fer dans le nord de la Mésopotamie a vu une dispersion des colonies et un retour à la terre, avec l'apparition d'un grand nombre de hameaux, villages et fermes[3]. Les états syro-hittites sont apparus au cours de ce processus de transformation majeure du paysage, sous la forme d'états régionaux avec de nouvelles structures politiques et de nouvelles relations culturelles . David Hawkins est en mesure de retracer un lien dynastique entre la lignée impériale hittite et les « Grands Rois » et « seigneurs locaux » d’Arslantepe et Karkamish au début de l'Age du Fer, prouvant une continuité ininterrompue entre l'Âge du Bronze et l'âge du fer sur ces sites[4].
Certains chercheurs ont associé l'effondrement des économies à la fin de l'âge du bronze l'invasion dite des " peuples de la mer ", attestée à l'époque par les textes égyptiens. N'ayant pas retrouvé de preuves irréfutables à partir des données archéologiques, les historiens de l’antiquité ont tendance à considérer désormais que la migration des " peuples de la mer " est probablement le résultat plutôt que la cause de l'effondrement, impliquant des populations sans lien entre elles autour de la Méditerranée qui se sont déplacées à la suite du déclin du réseau d'échange.
En plus du témoignage littéraire des inscriptions, la continuité culturelle et ininterrompue de l'âge du bronze à l'âge du fer est maintenant confirmée par des travaux archéologiques récents sur les sites d’Alep (temple du dieu des tempêtes, sur la Citadelle) [5] et du temple d’Ayn Dara (Temple d’Ishtar-Shawushka)[6], où des temples construits à l'Âge du Bronze ont continué à être utilisés à l'âge du fer, sans hiatus, et ces temples témoignent de multiples reconstructions à l'âge du fer ancien.
Liste des états syro-hittites
Les états syro-hittites peuvent être divisés en deux groupes : un groupe du Nord, où les dirigeants hittites sont restés au pouvoir, et un groupe du sud, où les Araméens sont arrivés au pouvoir aux environs de 1000 av. J.-C[7],[8].
Le groupe du Nord comprend :
- Tabal. Il est possible d’y inclure un groupe de cités-états comprenant Tyanitis (Tuwana, Tunna, Hupisna, Shinukhtu, Ishtunda)
- Kammanu (avec Arslantepe)
- Hilakku
- Quwê (avec un bastion dans la moderne Karatepe)
- Gurgum
- Kummuh
- Karkemish
La partie sud, le groupe araméen comprend :
- Bit Gabbari (avec Samal)
- Bit-Adini (avec la ville de Til Barsip)
- Bit-Bahiani (avec Halaf)
- Unqi ou Pattina (avec la ville de Kinalua, peut-être la moderne Tell Tayinat[9])
- Ayn Dara, un centre religieux
- Bit Agusi (avec les villes d’ Arpad, Nampigi, et (plus tard) Alep)
- Hatarikka-Luhuti (la capitale de ce qui fut d'abord Alep, puis Hatarikka)
- Hama
Inscriptions
Les inscriptions en langue louvite sur les monuments continuent sans interruption à être rédigées en hiéroglyphes hittites, depuis les monuments impériaux hittites du treizième siècle, jusqu’aux inscriptions de âge du fer syro-hittites de Karkamish, de Arslantepe, d’Alep et d'ailleurs[10]. les hiéroglyphes louvites ont été choisis par de nombreux royaumes régionaux syro-hittite pour leurs inscriptions sur les monuments, qui apparaissent souvent en version bi ou tri-lingue avec l’araméen, le phénicien ou l’akkadien. Le premier âge du fer au Nord de la Mésopotamie a également connu une expansion progressive de l'écriture alphabétique en araméen et alphabet phénicien. Durant les interactions culturelles, entre la côte du Levant de la Syro-Palestine et la Syrie du nord du Xe au VIIIe siècle av. J.‑C., les Grecs et les phrygiens ont adopté l'écriture alphabétique des phéniciens[11].
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Syro-Hittite states » (voir la liste des auteurs)
- Hawkins, John David, « Neo-Hittite States in Syria and Anatolia » dans Cambridge Ancient History (2e éd.) vol.3.1, 1982, pp. 372-441. Voir aussi : Hawkins, John David, « The Political Geography of North Syria and South-East Anatolia in the Neo-Assyrian Period » dans Mario Liverani (dir.), Neo-Assyrian Geography, Università di Roma “La Sapienza,” Dipartimento di Scienze storiche, archeologiche e anthropologiche dell’Antichità, Quaderni di Geografia Storica 5: Roma: Sargon srl, 1995, pp. 87-101.
- Voir Hawkins, John David, « The end of the Bronze age in Anatolia: new light from recent discoveries », dans Altan Çilingiroğlu and David H. French (éd.), Anatolian Iron Ages 3: Proceedings of the Third Anatolian Iron Ages Colloquium, The British Institute of Archaeology at Ankara Monograph n°16, Londres, 1994, pp. 91-94.
- Voir Wilkinson, Tony J., Archaeological landscapes of the Near East. Tucson, The University of Arizona Press, 2003.
- Voir « Karkamish » and « Melid » dans Hawkins, John David, Corpus of Hieroglyphic Luwian Inscriptions, (3 vols), Berlin, De Gruyter, 2000. Voir aussi Hawkins, John David, « Great Kings and Country Lords at Malatya and Karkamis », dans Theo P.J. van den Hout and Johan de Roos (éd.), Studio Historiae Ardens: Ancient Near Eastern Studies Presented to Philo H.J. Houwink ten Cate, Istanbul, 1995, pp. 75-86.
- Kohlmeyer, Kay, Der Tempel des Wettergottes von Aleppo, Münster, Rhema, 2000.
- Abū Assaf, Alī, Der Tempel von ءAin Dārā. Mainz am Rhein, Verlag Philipp von Zabern, 1990.
- Siegfried Mittmann, Götz Schmitt (eds.), Tübinger Bibelatlas / Tübingen Bible Atlas, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2001, Carte B IV 13-14.
- O.R. Gurney, The Hittites, Harmondsworth, Pelican, 2e éd.., 1976 (1e édition 1954), pp. 39-46.
- site Internet de Tayinat hébergé par le Department of Near & Middle Eastern Civilizations de l'Université de Toronto. Voir le
- Hawkins, John David, « Writing in Anatolia: imported and indigenous systems », World Archaeology, n°17, 1986, pp. 363-376.
- Brixhe, C. and M. Lejeune, Corpus des inscriptions paléo-phrygiennes, Paris, 1984.
Voir aussi
Liens externes
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