Bataille de Platée

Bataille de Platée

Bataille de Platées (479 av. J.-C.)

La bataille de Platées (479 av. J.-C.) est la dernière grande bataille terrestre des Guerres médiques, à l'issue de laquelle les Grecs dirigés par le Lacédémonien Pausanias et par l'Athénien Aristide battirent complètement le général perse Mardonios.

Sommaire

Les événements de -479

Après Salamine

Mardonios, le nouveau généralissime perse, avait déclaré à Xerxès Ier, après Salamine : « Les Chypriotes, les hommes de Phénicie, de Cnide et d'Égypte, seuls étaient vaincus, non les Perses qui n'ont pu combattre[1]. » Cet état d'esprit est révélateur de la volonté des Perses de continuer le combat malgré le départ de Xerxès. Cependant Mardonios estime impossible la poursuite des opérations à l'approche de la mauvaise saison et prend ses quartiers d'hiver en Thessalie[2]. Il en profite pour lancer d'intenses manœuvres diplomatiques auprès d'Athènes qu'il espère détacher du reste de ses alliés. Mais l'ambassade envoyée dans la capitale attique, sous la direction d'un prince de Macédoine, Alexandre, se voit répondre que « tant que le soleil suivrait son chemin habituel » les Athéniens ne feraient pas alliance avec le souverain perse[3]. Inquiets, les Spartiates envoient eux aussi une ambassade afin de contrer l'argumentation des Perses. Elle est reçue assez fraîchement par les Athéniens furieux que l'on puisse douter de leur détermination. Ils précisent que « le fait d'être Grec, de partager le même sang et la même langue, d'avoir des sanctuaires et des sacrifices communs ainsi que des mœurs semblables » leur interdit la trahison[4].

Reprise des hostilités

Au printemps, Mardonios envahit de nouveau l'Attique, qui est une fois de plus évacuée par ses habitants, réoccupe Athènes et s'installe en Béotie[5]. Une coalition des forces du Péloponnèse se crée, au printemps 479 av. J.-C., dirigée par Pausanias, régent de Sparte et neveu de Léonidas Ier[6]. Elle comprend des troupes de Sparte, sans doute 10 000 hoplites[7] et 30 000 à 35 000 supplétifs, plus 8 000 Athéniens et quelques milliers d'hommes venant d'autres cités de Grèce, telles que Corinthe, Épidaure, Mégare, Platées, Trézène, Chalcis, Phlionte, Égine. Les Grecs alignent au total environ 110 000 soldats, soit trois fois moins que les Perses. Cela constitue la troupe grecque la plus considérable jamais réunie, même s'il faut sans doute minorer fortement les effectifs réels.

Les Grecs franchissent l'Isthme de Corinthe, arrivent près d'Éleusis afin de passer en Béotie[8]. Mardonios choisit un emplacement qui doit favoriser sa cavalerie[9], au sud de Thèbes, près de Platées. En face, les Spartiates tiennent l'aile droite et les Athéniens l'aile gauche[10].

La bataille

Pausanias passe pour un général avisé, apte à déceler les points faibles de l'adversaire, mais Mardonios est considéré lui aussi comme un excellent tacticien et le meilleur général perse. De plus, le départ de Xerxès Ier lui laisse les mains libres pour mener la bataille à sa guise. Chacun des deux généraux souhaite, à Platées, amener l'adversaire à se lancer contre ses propres positions.

Dans un premier temps, Pausanias prend position sur les contreforts du mont Cithère, tandis que Mardonios installe son camp fortifié sur l'autre rive du fleuve Asopus. Une attaque de la cavalerie perse sur les positions grecques échoue, mais Mardonios fait harceler les lignes de ravitaillement de ses adversaires[11] et les points d'eau. Pausanias change alors de position et s'installe dans la plaine, où un petit massif de collines protège son armée d'une attaque frontale des cavaliers ennemis. Mais au bout de dix jours, le manque d'eau et de vivres le contraint à se retirer, en pleine nuit, vers une position plus proche des ses anciennes lignes, où le ravitaillement est plus facile. Cette retraite se fait dans une certaine confusion et les différentes unités grecques perdent le contact.

C'est alors que Mardonios commet une erreur d'appréciation fatale. Il estime que la désorganisation chez les Grecs lui permet de lancer un assaut, le 27 août 479 av. J.-C., au lieu d'attendre que les querelles entre les divers contingents grecs ne divisent ses adversaires[12]. L'attaque perse se heurte à une farouche résistance, surtout de la part des Spartiates qui, bien que coupés du reste de l'armée, occupent une position de surplomb les protégeant de la cavalerie adverse. C'est dans ce combat que Mardonios est tué[13]. La mort de leur chef, puis l'assaut donné contre leur camp retranché et l'arrivée des autres unités grecques qui venaient de vaincre les Béotiens, alliés aux Perses, entraînent la défaite des troupes de Xerxès Ier et leur massacre en grand nombre. Bien peu, semble-t-il, parviennent à s'enfuir et à rejoindre un autre corps de l'armée perse dont le chef, Artabaze, en conflit avec Mardonios, faisait déjà demi-tour vers l'Hellespont avec environ 40 000 hommes[14]. Quant à Thèbes, qui avait collaboré avec les Perses, elle est prise rapidement et ses chefs sont exécutés[15]. Les pertes grecques sont estimées à environ 3 000 morts ; il est par contre impossible d'évaluer celles du camp perse. Un énorme butin est pris dans le camp de Mardonios[16].

Notes et références

  1. Hérodote, Histoires, l. 8, ch. 100.
  2. Hérodote, Histoires, l. 8, ch. 126 et 133.
  3. Hérodote, Histoires, l. 8, ch. 143.
  4. Hérodote, Histoires, l. 8, ch. 144.
  5. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 1-3.
  6. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 10.
  7. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 10-11.
  8. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 19.
  9. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 25.
  10. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 28.
  11. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 39-40.
  12. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 41-44.
  13. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 63.
  14. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 66.
  15. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 86-88.
  16. Hérodote, Histoires, l. 9, ch. 70 et 80-81.

Voir aussi

Bibliographie

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