- Docteur Morhange
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Le Docteur Morhange est une femme médecin française juive, déportée à Auschwitz. À l'infirmerie de Birkenau, elle côtoie le médecin nazi Joseph Mengele. Elle meurt peu-après son retour de déportation. Sa fille Claude lui a consactée une biographie[1],[2],[3],[4],[5]. Le Docteur Morhange a sauvé de nombreuses vies à Auschwitz.
Sommaire
Éléments biographiques
Le Docteur Morhange et son mari sont tous les deux médecins. Elle est oto-rhino-laryngologiste. Le mari décède dans un accident d'automobile.
L'arrestation
Les époux Morhange, résistants [6], habitent le village de Chamberet, en Corrèze à 52 kilomètres au nord de Tulle et à 59 kilomètres au sud-est de Limoges. le Docteur Morhange (mère de Claude Morhange) est médecin de campagne et médecin du Maquis[7]. Elle est arrêtée à Chamberet tôt le 8 avril 1944[8] sur dénonciation par le maire du village, lui aussi médecin, qui s'appelle Le Seigneur[9], un partisan de Vichy, qui désire se débarasser "de la compétition". Une vieille dame du village pointe la maison du Dr. Morhange à la Gestapo. Consciente du danger, car les allemands sont dans la région, le Dr. Morhange place sa fille Claude[10], alors âgée de 7 ans, chez des parents d'une camarade de classe[11], de l'autre côté de la rue, les Balard[12].
Le jour de l'arrestation du Docteur Morhange, sa fille Claude se trouve à l'école. Dans cette même école, dans une classe réquisitionnée, les allemands emmènent le Docteur Morhange pour l'interroger. Ils lui demandent où se trouve sa fille? Elle déclare ne pas savoir.
Deux professeurs à l'arrivée de Claude lui font quitter sa classe, pour la confier à une couturière du village, Marie, qui connait sa famille. Marie cache Claude, sa grand-mère, et une tante chez elle ce jour-là, et à la nuit les cachent dans une grange.
Le lendemain, à l'aube, le forgeron du village conduit Claude hors du village et la place chez de pauvres paysans qui partagent avec elle leurs maigres resources. Plus tard, elle est cachée dans un château.
Lors de l'arrestation du Docteur Morhange, sa sœur et sa mère réussissent à fuir par la porte de derrière de la maison[7].
La tante de Claude trouve refuge chez un pasteur protestant près de Castres, dans le Tarn.
La grand-mère, qui a trois filles - dont le Docteur Morhange - est sauvée par une ancienne patiente du Docteur Morhange. La grand-mère vient d'une famille juive russe[13]. Le Docteur Morhange parle un peu le russe, une langue qui lui sera utile durant sa déportation[14].
Médecin à Auschwitz
Le Docteur Morhange est déportée à Auschwitz. Elle arrive à Auschwitz en été 1944[15].
Parmi les nombreuses déportées à Auschwitz qu'elle aide, le Docteur Morhange procure des médicaments (de l'aspirine) à Rose Warfman, pour atténuer ses souffrances apres avoir subi des injections de substances inconnues aux jambes, une opération expérimentale de Mengele faite sans anesthésie. Elle l'avertit d'une sélection à venir de Mengele. Rose Warfman est la belle-sœur de David Feuerwerker, le rabbin de Brive-la-Gaillarde et de la Corrèze, durant la guerre. Le docteur Morhange les connaissait avant d'être déportée.
Le retour
Alors qu'elle est cachée, après l'arrestation de sa mère, Claude Morhange se fait passer pour une jeune catholique. Elle essaie d'oublier l'image de l'arrestation de sa mère et de leur séparation[16]. Son nom est Jeanne Duval[17].
En automne 1945, Claude Morhange rentre à Chamberet, dans sa maison. Sa mère n'est pas là[18].
Après treize mois d'absence[19], le Docteur Morhange rentre de déportation. Physiquement, elle est méconnaissable. Elle a terriblement souffert physiquement et moralement.
Sa fille Claude devient sa confidente. Elle lui raconte nuit après nuit, pendant des années, ses souvenirs. Elle lui décrit la marche forcée de Pologne en Allemagne, avec les nazis en retraite.
Elle lui parle de sa vie comme médecin juive à l'infimerie de Birkenau. Elle lui décrit ses efforts en faveur des mourants qu'elle encourage à quitter l'infirmerie pour éviter la sélection par le Docteur Mengele, dont l'aboutissement est la chambre à gaz. Elle lui raconte son désespoir de ne pas pouvoir sauver ces femmes malades et démoralisées, ayant perdu le désir de survivre.
Le Docteur Morhange partage avec sa fille son passé mais ne met pas par écrit ce qu'elle a vécu. Elle dit même, "Je n'ai pas envie d'écrire"[20].
Trente ans après l'arrestation de sa mère, ayant à son tour une fille du même âge qu'elle, enfant, avait en 1944, Claude Morhange se fait le porte-parole[21],[22],[23] de sa mère, pour témoigner[24],[25].
Notes et références
- In Search of Lost Memory, p. 195, In: Sicher, 1998. Voir,
- Christine Colin. Through the Eyes of a Child: Using Works by Children to Understand the Holocaust. September 8, 2007. Voir,
- Kluge and Williams, Re-examining the Holocaust through Literature. 2009 Voir,
- Louise O. Vasvari. Introduction to and Bibliography of Central European Women's Holocaust Life Writing in English. March 2009. Voir,
- Books. Google. Chamberet: Recollections from an Ordinary Childhood. Voir,
- Voir : Morhange-Bégué, 2000, p. 19.
- Voir, Fine, 1992.
- Voir : Morhange-Bégué, 2000, p. 12.
- Voir, Morhange-Bégué, 2000, p. 8 .
- Plus tard connue sous le nom de Claude Morhange-Bégué.
- Andrée Balard. Voir, Claude Morhange-Bégué, 2000, p. 56.
- Voir, Morange-Bégué, 2000, p. 5.
- Voir, Zuccotti, 1993, p. 235-236.
- Voir Morhange-Bégué, 2000, p. 110.
- Voir, Morhange-Bégué, 2000, p. 63.
- Voir, Colin, 2007, "Abstract".
- Voir, Morhange-Bégué, 2000, p. 30.
- Voir, Morhange-Bégué, 2000, p. 41.
- Donc en mai 1945.
- Voir, Morhange-Bégué, 2000, p. 34.
- Le livre de Claude Morhange parait en anglais en 1987. Selon Vasvari, 2009, une recherche par Bella Brodzki pour trouver l'édition originale française de la fin des années 1970 s'avère infructueuse. Brodzki réussit à contacter la traductrice, qui lui apprend que la version originale en français n'a jamais été publiée.
- Fine, 1992, note que livre de Morhange-Bégué est toujours inédit en France. Le manuscrit en français été intitulé: "Fragment d'une enfance ordinaire", écrit dans la fin des années 1970. Elle note aussi qu'il y a une édition publiée en Angleterre, sous le titre "The True Story of a Jewish Family in Wartime France".
- Brodszki, Bella. Trauma Inherited, Trauma Reclaimed: Chamberet: Recollections from an Ordinary Childhood. The Yale Journal off Criticism. Spring 2001. Voir,
- Voir, Sicher, 1998, p. 195, 197.
- Ellen S. Fine. Mémoire collective ou mémoire absente? La génération de l'après. Novembre 1992. Voir,
Bibliographie
- Claude Morhange-Bégué. Recollections from an Ordinary Childhood. Translated from the French by Austyn Wainhouse. The Marlboro Press: Malboro,Vermont, 1987, ISBN 9780910395267, ISBN 0910395268 [Autre édition publiée par Marlboro Press/Northwestern University Press: Evanston, IL , 2000. ISBN 0810160773, ISBN 9780810160774], [Une édition est parue en Angleterre, sous un autre titre: The True Story of a Jewish Family in Wartime France. Peter Owen: London, 1990.]
- Susan Zuccotti. The Holocaust, The French, And The Jews. Basic Books (Harper Collins Publishers): New York, 1993. ISBN 0465030343
- Claire Gorrara. Women's Representation of the Occupation in Post '68 France. Macmillan: Basingstoke, 1998.
- Efraim Sicher. Breaking crystal: writing and memory after Auschwitz. University of Illinois Press, 1998. ISBN 0252066561, ISBN 9780252066566
- Aukje Kluge and Benn E. Williams. Re-examining the Holocaust through Literature.Camridge Scholars Publishing: Newcastle Upon Tyne, 2009. ISBN 1443801763, ISBN 9781443801768
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