- Denise Scharley
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Denise Scharley (née le 15 février 1917 - morte le 26 juillet 2011 (à 94 ans) à Versailles[1]) est une mezzo-soprano ou contralto française, à la voix unique, puissante, profonde et émouvante, du contre-mi grave au si bémol aigu sur une même couleur de timbre, et à l'incomparable tempérament de tragédienne.
Biographie
Du Conservatoire de Paris, elle sort en 1942 avec trois premiers prix. Elle débute à l'Opéra-Comique le 29 novembre suivant dans le rôle de Geneviève de Pelléas et Mélisande. Elle y chante jusqu'en 1948. Elle débute à l'Opéra de Paris en 1951 dans Maddelena de Rigoletto. Elle y chante les principaux rôles de mezzo ou contralto. Le 21 juin 1957 elle crée le rôle de la Prieure dans Dialogues des carmélites de Francis Poulenc. Parallèlement, elle poursuivit une brillante carrière à l'étranger, principalement en Europe[2].
Denise Scharley a occupé une place de tout premier plan au sein des artistes lyriques français. De Dalila à Carmen, de Charlotte à Dulcinée ou Geneviève, cette immense interprète s'est imposée sur toutes les scènes dans le grand répertoire. Deux rôles phares l'ont cependant tout particulièrement démarquée, valorisant un tempérament dramatique des plus forts : celui de Mme de Croissy, Première Prieure des Dialogues des carmélites de Poulenc, en 1957, (le disque en restitue le témoignage) et celui de Mme Flora dans The Medium (1946) de Menotti, à Marseille d'abord (1961) dans une mise en scène d'Antoine Bourseiller, Salle Favart ensuite, pour des soirées gravées dans toutes les mémoires. Un film du The Medium sera d'ailleurs tourné pour la télévision en 1968 par le compositeur lui-même, avec Lila De Nobili pour les décors et les costumes.
Dès ses débuts Salle Favart, le 29 novembre 1942, dans le rôle de Geneviève de Pélléas et Mélisande, quelques mois après avoir obtenu trois premiers prix au Conservatoire de Paris, le répertoire de Denise Scharley semble constitué: Mignon, Charlotte, Carmen… Dès la fin de la guerre, elle reçoit des engagements des grandes scènes étrangères. La Suisse, la Hollande, l'Angleterre, la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne l'applaudissent. Attentive à cette voix de caractère rare et à l'intensité dramatique qu'elle dégage, l'Italie la réclame aussi. Naples, Bologne, Rome pour Pelléas et Mélisande, puis Carmen en avril 1947, auprès de Mario Del Monaco, partenaire qu'elle retrouvera pour de mémorables représentations de Samson et Dalila au Palais Garnier en 1960.
Son mariage avec Jacques Hivert, baryton de l'Opéra-Comique, et la naissance de deux enfants, Sylvie et Gérard en 1948 et 1949, l'ayant momentanément éloignée de la scène, elle quitte la Salle Favart pour la Monnaie de Bruxelles. Une année durant laquelle elle est titulaire du rôle de Carmen et qui précède son engagement à l'Opéra de Paris en 1951.
Dès lors, elle y assure une activité considérable, toujours encensée par la presse, abordant, entre autres, Amnéris, Mary du Vaisseau fantôme, Carmen toujours, dans la production de Raymond Rouleau, Ulrica du Bal masqué (de 1958 à 1966) auprès de Régine Crespin ou Jon Vickers, dans la mise en scène de Margherita Wallmann. De Wagner, outre Mary, elle chantera Fricka de La Walkyrie, Erda de Siegfried, la Première Norne du Crépuscule des Dieux (Régine Crespin et Rita Gorr étant les deux autres) dans la Tétralogie, dirigée en 1958, par Hans Knappertsbusch… Lors de la création d'Obéron de Weber à Paris en 1954, elle deviendra Puck, sous la baguette d'André Cluytens, puis le jeune David, lors de la présentation scénique de l'oeuvre sacrée d'Arthur Honegger, Le Roi David en octobre 1960. En 1972, elle sera à nouveau Mme de Croissy dans la nouvelle production des Dialogues des carmélites, signée Raymond Rouleau. À Genève, une scène qui l'aura beaucoup acclamée, elle aura eu aussi l'occasion d'aborder, en outre, le répertoire russe, comme La Dame de pique ou La Khovantchina. C'est en 1983, après une série de représentations de Ondine de Daniel-Lesur au Théâtre des Champs-Elysées, que la cantatrice tirera sa révérence en prêtant avec élégance sa voix inaltérée à une série de représentations de Faust au Théâtre de la Halle aux Grains, à Toulouse, mettant ainsi un terme à quarante années d'un parcours sans faute[3].
Répertoire
- Carmen (Georges Bizet) : Carmen, bohémienne et cigarière (mezzo-soprano ou soprano dramatique)
- Werther (Jules Massenet) : Charlotte, fille aînée du bailli, 20 ans (mezzo-soprano)
- Don Quichotte (Jules Massenet) : Dulcinée (mezzo-soprano)
- Mignon (Ambroise Thomas) : Mignon (mezzo-soprano)
- Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns) : Dalila (mezzo-soprano)
- Aïda (Giuseppe Verdi) : Amneris, fille du roi d'Égypte (mezzo-soprano)
- Dialogues des carmélites (Francis Poulenc) : Madame de Croissy, dite « mère Henriette de Jésus », la première prieure (contralto)
- Rigoletto (Giuseppe Verdi) : Maddalena, sœur du Duc de Mantoue (contralto)
- The Medium (en) (Gian Carlo Menotti) : Madame Flora ou Baba, médium (contralto)
- Le Bal masqué (Giuseppe Verdi) : Ulrica, devineresse (contralto)
- Oberon (Carl Maria von Weber) : Puck, lutin (mezzo-soprano)
- Orfeo ed Euridice (Christoph Willibald Gluck)
- L'Ange de feu (Sergueï Prokofiev)
- Zoroastre (Jean-Philippe Rameau)
- Pelléas et Mélisande (Claude Debussy) : Geneviève, mère de Golaud et Pelléas (contralto)
- Tango pour femme seule (Raffaello de Banfield (en))
- Alissa (Raffaello de Banfield)
- The Consul (en) (Gian Carlo Menotti)
- Maria Golovine (en) (Gian Carlo Menotti)
- La Dame de pique (Piotr Ilitch Tchaïkovski)
- La Khovanchtchina (Modeste Moussorgski)
- L'Annonce faite à Marie (Renzo Rossellini)
- Les Indes galantes (Jean-Philippe Rameau)
- The Rake's Progress (la Carrière d'un libertin) (Igor Stravinski)
- Antigone (Arthur Honneger)
- Le Roi David (Arthur Henneger) : le jeune David
- Siegfried (Richard Wagner) : Erda, déesse mère (contralto)
- Le Crépuscule des Dieux (Richard Wagner) : la Première Norne, l'aînée (contralto)
- La Walkirie (Richard Wagner) : Fricka, déesse du mariage, épouse de Wotan (mezzo-soprano)
- Le Vaisseau fantôme (Richard Wagner) : Mary, nourrice de Senta (mezzo-soprano)
- Mariana Pineda (Louis Saguer)
- La vie brève (Manuel de Falla)
- Louise (Gustave Charpentier)
- Les Noces (Igor Stravinski)
- Boris Godounov (Modeste Moussorgski)
- La Flûte enchantée (Wolfgang Amadeus Mozart)
- Bolivar (Darius Milhaud)
- Ondine (Jean Yves Daniel-Lesur)
- Le Bon roi Dagobert (Marcel Samuel-Rousseau)
- Le Prince Igor (Alexandre Borodine)
- Mireille (Charles Gounod)
- Faust (Charles Gounod)
Notes et références
- Décès de Denise Scharley sur forumopera.com, Forum Opéra, 29 juillet 2011. Consulté le 29 juillet 2011.
- ISBN 2-7273-0164-2). Jean Gourret (dir.), Dictionnaire des Cantatrices de l'Opéra de Paris, Albatros, 1987, 320 p. (
- Voir aussi Cantatrice française, Denise Sharley, Renaud Marchart, in Le Monde, 3 août 2011, p. 23.
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