Bataille d'Arsouf

Bataille d'Arsouf

32°127.65N 34°4859.82E / 32.202125, 34.8166167

Bataille d'Arsouf
Schlacht von Arsuf.jpg
Bataille d'Arsouf, par Eloi Firmin Feron
(tableau du XIXe siècle)
Informations générales
Date 7 septembre 1191
Lieu Arsouf
Issue Victoire des croisés
Belligérants
Royal Arms of England (1189-1198).svg Royaume d'Angleterre
Cross-Pattee-red.svg Ordre du Temple
Cross of the Knights Hospitaller.png Ordre de lHôpital
Flag of Ayyubid Dynasty.svg Ayyoubides
Commandants
Royal Arms of England (1189-1198).svg Richard Cœur de Lion
Armoiries Robert de Sablé.svg Robert de Sablé
Blason Garnier de Naplouse.svg Garnier de Naplouse
Flag of Ayyubid Dynasty.svg Saladin
Forces en présence
40 000 hommes 35 000 hommes
Pertes
700 morts 7 000 morts
Troisième croisade
Batailles
Hattin — Jérusalem — Saint-Jean-d'Acre — Arsouf

La bataille d'Arsouf est une importante bataille de la troisième croisade livrée le 7 septembre 1191 et qui oppose Richard Cœur de Lion à Saladin. Cette importante victoire des croisés marque le retour de la suprématie militaire des Francs, quils avaient perdu depuis une vingtaine dannées.

Sommaire

Contexte

Après la chute de Jérusalem, une troisième croisade avait été lancée à partir de l'Europe. Lentreprise semblait aisée pour les croisés, mais des querelles entre les rois de France et dAngleterre retardent leur départ[1]. A elle seule, l'armée allemande de lempereur Frédéric Barberousse pouvait inquiéter Saladin, mais la noyade accidentelle de ce dernier entraîne la dispersion de son armée[2]. Les rois Français et anglais Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion ainsi que le grand-maitre de l'Ordre du Temple, Robert de Sablé arrivent enfin en Terre Sainte au printemps 1191 et permettent la prise de Saint-Jean-dAcre assiégée depuis deux ans[3].

Philippe Auguste retourne alors en France, en laissant sur place une partie des troupes françaises (10 000 hommes sous le commandement du duc Hugues III de Bourgogne). Des négociations sont entamées entre Saladin et Richard Cœur de Lion, à propos de la libération des défenseurs dAcre en échange de la restitution de la Vraie Croix et du versement dindemnités mais, trouvant que Saladin fait traîner les choses, Richard ordonne le massacre des prisonniers musulmans, commettant ainsi une faute politique qui révolte les populations musulmanes[4].

Progression de la troisième croisade de Césarée à Jaffa[5].

Ayant détruit loption diplomatique, il sengage avec son allié le Grand-maitre Templier, Robert de Sablé dans la reconquête du littoral palestinien et quittent Saint-Jean-dAcre le 22 août 1191 en direction de Caïffa. Dès la sortie de la ville, larmée croisée est assailli par les cavaliers musulmans qui sont repoussés, et larmée se regroupe en une masse compacte et protégée par les armures que les musulmans ne parviennent à entamer. Le ravitaillement est assuré par la flotte qui suit larmée, laquelle ne séloigne pas des côtes. Après avoir pris sans encombre Caïffa, évacuée la veille par sa garnison, les Francs continue leur route et arrivent en vue d'Arsouf le 5 septembre. Richard envoie un émissaire à Saladin pour des pourparlers et ce dernier, désirant gagner du temps délègue son frère Al-Adel. Onfroy IV de Toron sert dinterprète, mais les négociations naboutissent pas, et larmée repart vers Arsouf le 7 septembre[6].

Déroulement de la bataille

Le poète Ambroise fait une description précise de lordre de marche de larmée : dabord les Templiers mené par Robert de Sablé, suivis des troupes angevines et bretonnes, puis Guy de Lusignan avec les chevaliers poitevins, les Normands, les Anglais, les Français avec le chevalier flamand Jacques dAvesnes et les barons capétiens avec le comte Robert II de Dreux, son frère Philippe, évêque de Beauvais et Guillaume des Barres, et à larrière garde les Hospitaliers mené par Garnier de Naplouse. Henri II, comte de Champagne, garde le flanc gauche de larmée, face à la plaine, et Richard Cœur de Lion et Hugues III de Bourgogne patrouillent en permanence le long de la colonne, prêts à faire face au danger qui peut venir de nimporte [7].

Quand larmée croisée atteint les abords dArsouf, Saladin donne le signal de lattaque et les cavaliers turcs, au nombre de trente mille selon les dires dAmbroise, encercle les croisés et les criblent de flèches. Les soldats, protégés par leurs armures nont que peu de perte, mais de nombreux chevaux sont tués. Un moment les croisés sont au bord du désastre rappelant celui de Hattin. Mais Richard, bien que piètre politique, met en œuvre ses qualités de stratège. Il ordonne aux Hospitaliers de larrière-garde de tenir coûte que coûte, et adopte dans une premier temps une attitude défensive, et interdit aux chevaliers de poursuivre les Turcs, qui tentent leur technique de la fuite simulée. La discipline est telle que les chrétiens obéissent. Faisant preuve d'adresse, les archers et les arbalétriers de Richard infligèrent des pertes notables aux cavaliers turcs[8].

Mais comme les troupes ne peuvent tenir indéfiniment et que les pertes saccumulent, il commence à mettre en place une charge destinée à entourer les cavaliers turcs pour les anéantir. Au moment les chevaliers chrétiens entourent les cavaliers ayyoubides, les sons des trompettes devaient indiquer aux croisés dinfléchir leur charge vers lintérieur afin de tailler en pièces les soldats musulmans et d'anéantir larmée de Saladin. Mais limpatience dun Hospitalier et du chevalier anglais Thomas Carrew déstabilise la manœuvre qui devient une charge directe, qui balaye larmée de Saladin, mais ne peut pas lempêcher de se replier. Les archers musulmans, qui étaient descendus de leur monture et qui se trouvent en première ligne sont décapités ou renversés, et achevés par les sergents. La charge croisée enfonce ensuite les cavaliers trucs qui prennent la fuite. Craignant un piège, Richard interdit la poursuite et leur ordonne de faire demi tour, tandis Saladin regroupe ses troupes, au nombre de vingt mille soldats, sur une colline voisine. Ils attaquent la cavalerie franque qui revient vers Arsouf et tuent un certain nombre de chevaliers dont Jacques dAvesnes, mais les Francs font volte face et chargent à nouveau, dispersant à nouveau les troupes sarrasines, lesquelles fuient à nouveau et se réfugient dans des collines boisées. Conscient quil est dangereux de continuer dans ce terrain couvert, Richard ordonne de nouveau la fin de la poursuite[9].

Conséquences de la bataille

La supériorité militaire, qui appartenait aux Musulmans depuis les années 1170, revient de nouveau aux Francs pour une longue période, selon lhistorien René Grousset qui parle de soixante ans[10], mais il convient de nuancer cette durée, car il y a la défaite du comte de Bar à Gaza (1239) et la Bataille de Forbie (1244) qui contredisent cette avis. A vrai dire, il ny a eu pratiquement aucune véritable bataille en rase campagne dans les décennies qui suivent. Lavenir montre même que, sans le soutien dune armée croisée venu dEurope, les Francs dOrient nont pas vraiment les moyens militaires de se lancer dans des campagnes : on verra notamment le roi Amaury II de Lusignan y renoncer lorsque la quatrième croisade est détournée sur Constantinople.

Saladin, qui na pas réussi à vaincre les croisés, ni par le harcèlement, ni par la bataille, voit son prestige diminué auprès de ses troupes. Il tente de défendre Ascalon, mais ses émirs refusent de le suivre et il doit se résoudre à pratiquer la tactique de la terre brulée, en ordonnant la destruction de Jaffa, dAscalon et de Ramla[11].

Malheureusement pour la croisade, Richard Cœur de Lion nexploite pas son succès. Il entreprend la reconstruction de Jaffa, alors quil aurait pu surprendre larmée de Saladin à Ascalon, ou reprendre Jérusalem, mal défendue par un garnison trop faible et des fortifications qui nont pas encore été réparées depuis le siège de 1187[12].

Notes et références

  1. Grousset 1936, p. 52-3.
  2. Grousset 1936, p. 59-61.
  3. Grousset 1936, p. 89-96.
  4. Grousset 1936, p. 100-2.
  5. Jonathan Riley-Smith, Atlas des Croisades, Paris, Edition Autrement, coll. « Atlas/Mémoires », 1996 (réimpr. 1996), 192 p. (ISBN 2-86260-553-0), p. 64 .
  6. Grousset 1936, p. 102-6.
  7. Grousset 1936, p. 106.
  8. Grousset 1936, p. 106-7.
  9. Grousset 1936, p. 107-110.
  10. Grousset 1936, p. 110.
  11. Grousset 1936, p. 110-1.
  12. Grousset 1936, p. 112-3.

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources

  • René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - III. 1188-1291 L'anarchie franque, Paris, Perrin, 1936 (réimpr. 2006), 902 p. 

Articles connexes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bataille d'Arsouf de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Bataille De Hattin — Informations générales Date 4 juillet 1187 Lieu Hattin à proximité de Tibériade Issue Victoire musulmane …   Wikipédia en Français

  • Bataille de hattin — Informations générales Date 4 juillet 1187 Lieu Hattin à proximité de Tibériade Issue Victoire musulmane …   Wikipédia en Français

  • Bataille Du Mont Gisard — Bataille de Montgisard Bataille de Montgisard Charles Philippe Larivière : La Bataille de Montgisard, 1177 Informations générales Date 25 novembre 1177 …   Wikipédia en Français

  • Bataille de Harran — Informations générales Date 7 mai 1104 Lieu Harran Issue Victoire musulmane Belligérants Croisés Musulmans …   Wikipédia en Français

  • Bataille de Montgisard — Charles Philippe Larivière : La Bataille de Montgisard, 1177 Informations générales Date 25 novembre 1177 Lieu …   Wikipédia en Français

  • Bataille du mont Gisard — Bataille de Montgisard Bataille de Montgisard Charles Philippe Larivière : La Bataille de Montgisard, 1177 Informations générales Date 25 novembre 1177 …   Wikipédia en Français

  • Bataille du mont gisard — Bataille de Montgisard Bataille de Montgisard Charles Philippe Larivière : La Bataille de Montgisard, 1177 Informations générales Date 25 novembre 1177 …   Wikipédia en Français

  • Bataille de Hattin — Gravure de Gustave Doré pour l Histoire des Croisades de Michaud (1885). Informations générales Date 4 juillet 1187 …   Wikipédia en Français

  • Bataille du défilé de Pisidie — Informations générales Date 6 janvier 1148 Lieu Pisidie Issue Défaite croisée Belligérants Croisés francs …   Wikipédia en Français

  • Bataille du mont Cadmos — Bataille du défilé de Pisidie Bataille du défilé de Pisidie Informations générales Date 6 janvier 1148 Lieu Pisidie Issue Défaite croisée Belligérants Croisés francs …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/190027 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”