- Crise boursière de 1825
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La Crise boursière de 1825, démarrée par un krach à la Bourse de Londres le 17 décembre 1825, fut l'une des premières crises boursières de l'histoire. Elle a principalement touché des investisseurs anglais ayant investi dans des sociétés d'Amérique latine, après les indépendances qui ont suivi l'éclatement de l'Empire espagnol[1].
Sommaire
Histoire
Origine
Pendant les quatre années précédent la crise, la Grande Bretagne a connu une expansion monétaire, bancaire et boursière, favorisée par l'Act for the Resumption of Cash Payments de 1819, qui annonce la reprise de la convertibilité-or, achevée en 1821. À partir de 1820, bon nombre de banques anglaises émettent des billets de banque, en profitant de l'arrivée de métaux précieux d'Amérique latine. En avril 1822, le parlement autorise même la Banque d'Angleterre et les banques régionales à émettre des billets au-dessous de 5 livres.
En 1822 aussi, les États-Unis reconnaissent les nouvelles républiques indépendantes d'Amérique latine nées de l'éclatement de l'Empire espagnol, affaibli par l'Expédition d'Espagne, lancée par la France. Anglais et Américains se disputent la conquête de ces nouveaux marchés. Des dizaines de mines d'or et d'argent font leur introduction en Bourse à Londres. Des banques et des commerces se multiplient.
La Guerre d'indépendance du Mexique s'est achevée le 18 septembre 1821, l'année où les frères Arnaud créent le magasin "El Cajon de Ropa de Las Sietes Puertas", qui devient peu à peu une vaste chaîne commerciale. Les investissements miniers se multiplient au Pérou, né le 9 décembre 1824 de la bataille d'Ayacucho, qui voit le général Antonio José de Sucre battre les Espagnols, tandis que le haut Pérou, resté fidèle à Bolivar, prend le nom de Bolivie. Au Chili, indépendant depuis 1818, une banque nationale, au capital de 10 millions de piastres est créée en 1825 et distribue massivement du crédit.
A la suite de spéculations intenses sur l'ensemble des investissements latino-américains (banques, assurances, armement de bateaux, construction de canaux...) une partie de la communauté financière britannique s'inquiète de l'envoi exagéré de capitaux et de la fondation trop nombreuses entreprises entrant en Bourse, qui se traduit par une envolée rapide des cours[2]. Les actions de mines anglo-mexicaines, sur lesquelles en moyenne 10 livres seulement sont payées, sont cotées 43 livres le 10 décembre 1824 puis 150 livres le 11 janvier 1825, seulement un mois après[3].
Du coup, lorsque la nouvelle d'une baisse des prix de vente mondiaux se répand dans plusieurs secteurs (métaux, textiles), le cours de ces Actions s'effondre à la Bourse de Londres le 17 décembre 1825, d'autant que la confiance dans les investissements internationaux vient d'être affectée par lInsurrection décabriste en Russie, trois jours plus tôt.
Suite à la panique boursière, de nombreux déposants veulent retirer leur épargne et convertir leur billets de banque en or[2].
Conséquences économiques
De nombreuses banques qui avaient prêté à ces sociétés ou acheté une partie de leur capital sont en difficulté au début de l'année 1826 et se retrouvent incapables de continuer à distribuer du crédit. Entre octobre 1825 et février 1826, 59 banques provinciales anglaises[4] furent déclarées en faillite. Au cours de la seule année 1826, environ 3300 entreprises font faillite. En France, le secteur de l'industrie textile subit de graves difficultés, d'autant que les points de vente se raréfient en raison de faillites de commerces. Les entreprises sont affectées par une baisse générale des prix, les économistes considérant que la déflation a atteint le niveau record d'un recul de plus de 11% des prix en Angleterre et plus de 6% en Angleterre[5]. La déflation est aggravée par une pénurie de moyens de paiement. Une large partie des billets des banques provinciales consistait en petites coupures dont le public ne voulait plus et les commerçants encore moins[5].
Conséquences financières
Le parlement anglais décida en 1826 d'interdire aux banques régionales, via la première version du Bank Charter Act, l'émission de billets de banque d'un montant inférieur à 5 livres sterling, en fixant cette interdiction à partir du 5 avril 1829, pour limiter l'impact de la crise. Ce Bank Charter Act encourage parallèlement la création de banques dotées d'un capital pour pallier la disparition des banques régionales disparues : les banques qui comptent plus de six associés pourront émettre des billets de banque sans restriction, à condition qu'elles soient situées dans des localités situées à plus de 65 miles de Londres. Malgré cela, la création de banques par actions fut très lente: trois seulement furent formées en 1826, quatre en 1827 et six en 1829[4]. La Banque d'Angleterre avait en effet été incitée à créer des succursales en province.
Notes et références
- "Analyse économique et historique des sociétés contemporaines", par Marc Montoussé, page 166
- "L'œuvre économique de Simonde de Sismondi", par Albert Aftalion, page 31
- "Des Crises commerciales et de leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États Unis", par Clément Juglar, Editions Guillaumin, 1862, page 53
- "Journal de l'industriel et du capitaliste, Volume 3", page 36
- "MILL, TOOKE, MCCULLOCH ET LA CRISE DE 1825", par Alain Béraud, XIII ème Colloque de l’Association Charles Gide pour l’Étude de la Pensée Économique
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