- Cheval noir (légende)
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Le cheval noir est la créature récurrente d'une légende québécoise dont il existe plusieurs variantes. La constante de cette histoire est la présence du diable déguisé en cheval noir, qui se retrouve forcé par un curé ou un autre homme de Dieu à construire une chapelle, une église ou une cathédrale à condition que personne ne lui enlève sa bride. Cette légende est ainsi présente à Saint-Augustin, à Saint-Michel-de-Bellechasse, à Saint-Laurent, à Trois-Pistoles, à L'Islet et dans un certain nombre d'autres localités québécoises.
Sommaire
Légendes
La légende est connue de plusieurs localités québécoises, avec des variantes.
L'Islet
La légende du cheval noir de l'Islet semble être issue d'un « souvenir populaire que l'on se raconte au coin du feu »[1], et semblait être peu prise au sérieux en 1939[2]. Selon cette légende, L'Islet n'avait pas d'église en mai 1768. C'est alors qu'un curé réfléchit sur les moyens de la bâtir et de charrier les pierres nécessaires tandis que les chevaux étaient à la fois rares et demandés. Une nuit, il veillait lorsqu'il entendit une femme blanche et rayonnante l'appeler. Elle se présenta comme « Notre-Dame du Bon Secours » et lui dit qu'il trouverait un cheval devant sa porte le lendemain, à son réveil. "Il pourra être mis au travail pour charrier la pierre, continua-t-elle, mais il ne faudra jamais le débrider." Le curé trouva un magnifique cheval noir devant sa porte le lendemain. Lorsque les ouvriers vinrent construire l'église, il leur dit avoir emprunté le cheval pour eux, et leur ordonna de ne jamais le débrider. Un ouvrier attela le cheval à un petit chariot et le chargea d'une cargaison raisonnable. Le cheval tira la charge comme s'il ne tractait rien derrière lui. Au second voyage, le curé lui conseilla de charger davantage. Le deuxième chariot fut deux fois plus lourd, et le troisième, trois fois plus lourd, mais le cheval noir continuait à tracter sa charge comme s'il n'avait rien derrière lui. Les ouvriers fabriquèrent alors un chariot deux fois plus grand, et y entassèrent des pierres à la hauteur du foin. Le cheval ne fut toujours pas gêné par sa charge, et avançait sans quasiment toucher le sol. Un jour, un ouvrier peu scrupuleux débride le cheval au passage d'une rivière, et l'animal s'enfuit. Le curé fait un grand signe de croix pour l’arrêter mais le cheval file vers un rocher qui se fend avec un son de tonnerre, des flammes jaillissent du bord de la fissure, et le diable retourna chez lui, en enfer, laissant derrière une odeur de soufre[3].
Trois-Pistoles
Très semblable, elle raconte que de 1882 à 1887, la cinquième église de Trois-Pistoles fut construite grâce à l'aide d'un cheval noir infatigable, venu d'on ne sait où, qui transportait les pierres nécessaires au monument. Personne ne devait lui enlever sa bride, mais un jour, un ouvrier négligea cette recommandation et aussitôt le diable, qui avait pris une forme chevaline, disparut. Il manqua toujours une pierre au sommet d'un des murs de l'église[4].
Île d'Orléans
Le chantier de l'église de l'île d'Orléans se trouvait près de coteaux et d'une montée, et les chevaux souffraient pour amener les pierres sur les chantiers. Un jour, un constructeur dit aux autres ouvriers qu'il allait trouver un cheval capable de fournir à lui seul autant de travail que tous les autres réunis. Il utilisa le Petit Albert et revint avec un splendide cheval qu'il confia aux bâtisseur en leur interdisant de le débrider. Le soir venu, le cheval avait effectué une telle masse de travail qu'un de ses conducteurs le conduisit près d'un ruisseau pour boire, et lui enleva sa bride. Le cheval disparut instantanément. Désespéré, le conducteur se jeta alors dans le ruisseau où il se transforma en anguille. Depuis, il manque toujours une pierre à l’église de l'île d'Orléans[5].
Utilisation commerciale
Le cheval noir figure sur l’étiquette de la bière de Trois-Pistoles.
Notes et références
- Université Laval, Société du parler français au Canada 1939, p. 829
- Université Laval, Société du parler français au Canada 1939, p. 825
- Cheval noir de L’Islet sur http://grandquebec.com. Consulté le 19 mai 2010
- Société historique et généalogique de Trois-Pistoles et Rioux 1997, p. 158-159
- Potvin 1945, p. 91
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Cheval noir de L’Islet sur http://grandquebec.com. Consulté le 19 mai 2010
- Légende de l’Île d’Orléans sur http://grandquebec.com/. Consulté le 19 mai 2010
Bibliographie
- Université Laval, Société du parler français au Canada, Le Canada français: Publication de l'Université Laval, organe de la Société du parler français au Canada, vol. 26, Université de Laval, 1939 [présentation en ligne]
- Damase Potvin, Le Saint-Laurent et ses iles, histoire, légendes, anecdotes, description, topographie, vol. 26, Éditions Garneau, 1945, 425 p.
- Société historique et généalogique de Trois-Pistoles et Emmanuel Rioux, Histoire de Trois-Pistoles, 1697-1997, Centre d'édition des Basques, 1997, 697 p. (ISBN 9782920829039)
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