CL-289

CL-289
Pix.gif CL-289 Silhouette d’un avion militaire.
CL289 uav start.jpg
Lancement d'un CL-289 allemand.

Constructeur Drapeau : Canada Canadair
Rôle Drone tactique hypervéloce
Mise en service 1990 en Allemagne, 1992 en France
Nombre construits 160
Motorisation
Moteur KHD T117
Type moteur-fusée et Turboréacteur
Puissance unitaire 100 N
Dimensions
Longueur 3,5 m
Masses
À vide 140 kg
Maximale 300 kg
Performances
Vitesse maximale 720 km/h
Plafond 1 200 m
Rayon d’action 200 km
Avionique
Capteurs, caméra optique ZEISS et/ou senseur infrarouge[1], radar SAR sur la version la plus récente

Le CL-289 est un drone de reconnaissance tactique hypervéloce de deuxième génération dérivé du CL-89. Il est issu d'un projet tri-nation entre le Canada, l'Allemagne et la France. Le programme était mené par Bombardier Inc. et le groupe Canadair, en partenariat avec Dornier GmbH (du groupe EADS) ; la Société Anonyme des Télécommunications (SAT) intégrée depuis à Sagem (maintenant Safran) et Matra intégré à Aerospatiale (maintenant EADS), sous contrat avec le gouvernement français, étaient responsable de l'optronique.

Sommaire

Histoire

Sa conception a débuté en 1974 comme une version améliorée du CL-89. Il reçoit la dénomination OTAN d'AN/USD-502. En 1979, il commence ses essais opérationnels avec la Drohnenbatterie 300 basée à Idar-Oberstein. Ils sont poursuivis par la même unité à Yuma Proving Ground en Arizona jusqu'en 1983 puis sur le camp de Bergen-Hohne jusqu'en 1986. En mars 1987, un accord est signé entre le Canada, l'Allemagne de l'Ouest et la France pour la production du système CL-289. Il est mis en service dans la Bundeswehr le 29 novembre 1989 et en 1992 dans l'armée française (7ème régiment d'artillerie puis 61ème régiment d'artillerie). Il est déployé en Bosnie en 1995, au Kosovo en 1999 et au Tchad en 2008.

En janvier 2001, EADS Dornier GmbH est chargé de la modernisation de 160 CL-289 français et allemands au standard « AOLOS » (ADA OperationaL On board System). Cette modernisation comprend un nouveau logiciel de vol, un système de guidage GPS et un meilleur système barométrique de mesure de l'altitude. Les CL-289 AOLOS sont opérationnels à partir de 2004.

Description

Au plan tactique la Bundeswehr recherche un système de renseignement qui puisse aller au delà de la portée du CL 89 (60 km) dans la zone d'intérêt du corps d'armée (200 km) derrière la ligne de front. L'armée française recherche, elle, un système d'acquisition d'objectifs pour ses missiles nucléaires Pluton puis Hadès. A la fin de la Guerre froide, la guerre du Golfe met en évidence les carences en matière de recherche du renseignement. Après la fin du Pluton puis du Hadès, le système CL 289 retrouve une certaine jeunesse en comblant ce vide tant bien que mal.

L'avantage du concept est triple : d'abord, il offre des renseignements de même qualité que ceux d'un avion avec une vitesse identique mais avec une vulnérabilité et un coût bien moindre. Ensuite, de son départ jusqu'à sa phase de récupération, il est parfaitement autonome. Ses commandes programmées en interne ne peuvent être brouillées. Enfin, il peut acquérir des renseignement bien au delà de la ligne d'horizon ce qui n'est pas vraiment possible avec un drône guidé par une station au sol.

Sa mise en œuvre s'effectue à partir d'une rampe de lancement montée sur une plateforme sur un camion 6t classe OTAN. L'aéronef qui a une apparence de missile est subsonique. Il est doté de 4 larges empennages à l'arrière du fuselage et de 4 surfaces de contrôle canard consommables dans le nez. Le design des sections transversales et l'utilisation de matériaux RAM permet de réduire la Surface équivalente radar SER[2] .Dans la phase de départ, le décollage est assuré par un moteur-fusée à carburant solide (booster), qui est largué quand la vitesse de croisière est atteinte ; un petit turboréacteur à étage simple Klöckner Humboldt Deutz AG-KHD T117 de 100 N de poussée prend alors le relais pour la suite du vol.

La capacité du programmateur est de 199 d'évènements qui permettent d'alterner des phases de croisière généralement en mode suivi de terrain grâce au radar Doppler et des phases de prises de photo en palier grâce à un dispositif barométrique. Les capteurs sont au nombre de deux, une caméra analogique Zeiss Optronic KRb 8/24D[2] à trois plan de vue, un vertical, deux obliques qui permettent des prises de vue stéréoscopiques et une caméra infra-rouge Safran Corsaire IRLS Infra-red line scanning - scan infra-rouge en ligne) Pendant les passes photos, les deux caméras peuvent fonctionner séparément ou ensemble. Les clichés pris par la caméra analogique sont toujours exploités en différé à l'issue de la phase de récupération. Les photos prises par l'IRLS en revanche, sont envoyés par un lien radio électrique vers une station au sol de type Matra M-11 N, interopérable avec celle des Mirages F1CR. Ils sont alors imprimés sur du papier thermo sensible et exploitable dans un délai proche du temps réel. Par ailleurs, la caméra de bord enregistre les clichés qui pourront être exploités après la récupération comme les photos analogiques.

A la fin du vol, l'aéronef est récupéré par une station de radio-ralliement. Dans un premier temps, il est ramené sur une trajectoire optimum entre deux lobes radio puis, une fois aligné, un marker déclenche la phase de récupération. Le moteur s'arrête, un parachute frein sort du dessous de l'aéronef, l'oblige à culbuter vers l'avant pour amener les senseurs vers le haut afin de les protéger de la chute. Un parachute de récupération plus grand s'ouvre alors et deux coussins qui entoure le fuselage se gonflent pour amortir le choc avec le sol. L'équipe de récupération extrait les cassettes de film, les fait porter à la section d'interprétation photographique alors que l'aéronef est mis sur une remorque, évacué du site de récupération et amené à la compagnie de maintenance pour être testé et recyclé pour un nouveau vol.

Dornier GmbH (maintenant EADS) et Thomson/CSF ont développé un nouveau radar SAR miniature (environ 30 kg)[3] pour le programme franco-allemand Sword (System for All-Weather Observation by Radar on Drone – système pour drone d'observation tout temps par radar), qui permet notamment l'observation de véhicules en mouvement. Mais l'abandon du système d'arme a eu raison de cette amélioration.

Au sein de l'armée française, le système comprend en plus du missile CL-289 et d'un système de préparation et d'interprétation des vols des engins de reconnaissance (PIVER) développé et produit uniquement en France[4].

Missions au sein de l'armée française

Initialement, sa mission était d'éclairer les batteries de tir (nucléaires) Pluton et Hadès, un système mort-né dans les contradictions de l'après chute du mur de Berlin. Après le retrait du service des Pluton, le « 289 » fut déployé par le 7e régiment d'artillerie puis le 61e régiment d'artillerie de Chaumont, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, et encore en 2008, au Tchad, dans le cadre de l'Eufor[5]. Sur ces théâtres d'opération, le drone fut utilisé à des fins de détection et d’acquisition d’objectifs, ainsi que pour des missions de classification et d’identification. Il assurait également des vols de surveillance, de reconnaissance et d’évaluation des dommages[4].

Son niveau d'emploi était le bureau renseignement de la grande unité ou le Centre de mise en œuvre du renseignement (CMO RENS) s'il était activé. Contrairement aux drones plus récents équipés de liaisons de données il ne fournissait que du renseignement différé, avec un temps de traitement des données de 45 minutes après la récupération du drone. Ses capteurs, caméra optique Zeiss et/ou senseur infrarouge permettaient l’observation de 60 km de terrain, qu'il survolait entre 300 et 1 200 m à 720 km/h[4]. Il pouvait ainsi effectuer des prises de vue optiques utiles jusqu'à 900 m d'altitude (en argentique) et jusqu'à 600 m en infrarouge, pour une précision de localisation de 10 m après corrélation entre cartes et photos. La modernisation de 2004 avait permis de le doter d'une capacité de transmission de données de la caméra infrarouge et du radar SAR.

Retrait opérationnel de l'armée française

D'abord, l'appareil était seulement capable de suivre une route préprogrammée, il n'était pas possible de modifier son vol, ce qui posait des problèmes dans le cas d'un adversaire mobile ; ensuite, son mode de fonctionnement (lancement par booster, récupération par parachute) générait une empreinte logistique plutôt lourde ; de plus, son autonomie de vol était particulièrement réduite (30 minutes) ; enfin, son principal avantage, sa vitesse, qui lui conférait une capacité d'incursion en territoire fortement hostile, était d'un faible intérêt dans les conflits tels que l'Afghanistan, où les menaces air-air et sol-air sont inexistantes. Son inadaptation aux besoins des forces armées rendait son retrait du service inévitable.

Son retrait posera peut-être deux problèmes, celui de la rupture capacitaire, étant donné que l'armée de terre n'a pas reçu de nouveau drone rapide capable de le remplacer (l'EADS Surveyor/CARAPAS, CApacité drone RAPide AntileurreS, n'en est qu'au stade de l'étude) et celui de l'entretien des compétences, le seul SDTI ne suffisant pas à occuper un régiment d'artillerie à lui tout seul[6].

Utilisateurs

Notes et références

  1. http://www.emd.terre.defense.gouv.fr/ea/wai_/artillerie/materiels/Fiches/cl289.html
  2. a, b et c (en) CL-289 Unmanned Aerial Vehicle, Germany sur www.Army-technology.com. Consulté le 6 janvier 2011
  3. (en) CL-289 / AN/USD-502 sur Globalsecurity.org. Consulté le 6 janvier 2011
  4. a, b et c L'avenir incertain des drones hypervéloces CL-289 et CAPARAS sur www.aeroplans.fr. Consulté le 6 janvier 2011
  5. CL-289 : la der des der sur Le Mamouth, 19 juillet 2010=consulté le=6 janvier 2011
  6. La fin d'un mescalero et d'un dinosaure sur Le Mamouth, 2 février 2010. Consulté le 6 janvier 2011

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article CL-289 de Wikipédia en français (auteurs)

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