- Antoine Serra
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Antoine Serra est un peintre français d'origine sarde, né le 8 mars 1908 en Sardaigne et décédé le 6 mai 1995 à Mouriès en Provence).
Sommaire
L'origine de ses engagements
Antoine Serra est né sur l’ile de la la Maddalena.
La famille est pauvre ; le père, malade, ne peut subvenir aux besoins des siens. Le petit garçon a 6 ans lorsque sa mère décide de quitter son île natale avec ses enfants pour essayer de leur assurer des jours meilleurs. Elle débarque donc à Marseille, chez l’une de ses sœurs qui l’accueille, avec ses 3 filles et son fils, le petit Antoine, troisième de la fratrie. Elle s’installera définitivement dans cette ville, avec ses enfants, et ne reverra jamais son pays natal.
L’enfance d’Antoine est difficile. Il va être confronté très tôt à la dureté du monde du travail, et va prendre conscience avec acuité des inégalités sociales, d’où son engagement, dés l’âge adulte, pour le militantisme dans la lutte des classes.
Les premiers pinceaux qu’il va utiliser sont ceux du peintre en bâtiment qui l’emploie comme apprenti. Il est alors jeune adolescent, et va découvrir tout à fait par hasard une autre utilisation de la peinture.
Sur les quais du port de Marseille, il voit un homme assis devant un chevaler, reproduire sur une toile, à l’aide de son pinceau, le vieux port et ses voiliers, la façade de la mairie, tels qu’ils s’offraient à ses yeux. Sa vocation dès lors s’impose. Il deviendra artiste peintre.
Il demande à sa mère de l’inscrire à l’école des beaux-arts de Marseille, où il obtient plusieurs premiers prix.
Ses premiers supports seront des chutes de papier peint, de contreplaqué, des cartons, où il s’exprime, pas assez fortuné pour acheter de la toile. Les années passent.
Il n’est plus employé mais patron de sa propre entreprise de peinture en bâtiment. Il gagne sa vie. Il peint.Sa carrière de peintre
En 1928, il participe à sa première exposition avec un groupe de peintres, dont Simon Auguste et Toncini. C’est un artiste engagé qui fonde, en 1933, le groupe des « peintres prolétariens » qui deviendra plus tard le groupe des « peintres du peuple ». Les toiles réalisées durant cette période représentent des usines, des portraits d’ouvriers, qui reflètent toutes une profonde tristesse, un sentiment de douleur et de misère.
En 1936, il anime à Marseille la première Maison de la Culture de province, (dont il est l’un des membres fondateurs), inaugurée par Aragon et Malraux.Après la guerre, il subit un jour, sans plus pouvoir s’en défaire, une attraction magnétique pour les Alpilles, qu’il découvre au hasard d’un séjour, émerveillé par des » paysages enveloppés d’une lumière qui magnifie les formes », dira-t-il. Il aura alors, comme objectif, de venir vivre dans cette région dont il venait de tomber amoureux.
En 1946, il concrétisera cette envie par l’achat d’un vieux mas, rénové au fil des ans, le « Mas du Diable » situé au pied des Baux de provence.
C’est au cœur de cette Provence d’adoption qu’il va pouvoir donner libre cours à tout son talent, loin de l’agitation marseillaise et des engagements qui furent son quotidien jusque-là.
Cependant, il lui reste un autre souhait à réaliser : Faire connaissance avec sa terre natale, la Sardaigne, qu’il avait quittée tout petit enfant. Il y fera plusieurs séjours, dont il reviendra ébloui.Le retour aux sources, dans ce pays qu’il découvrait, va aiguiser en lui une frénésie de création. Il va vivre à Olbia, accueilli par de proches cousins, qui lui offriront l’hospitalité, puis séjourner plusieurs mois dans la région montagneuse, au cœur des villages de Oliéna et Orgosolo. Il y peindra des scènes de la vie de tous les jours, des scènes d’intérieur, femmes faisant le pain ou tricotant, scènes de famille devant la cheminée, d’une criante vérité
Tout au long de sa vie, la peinture d’Antoine Serra connaitra, par vagues successives, une évolution constante dans la diversité.Sa palette, plutôt sombre au cours de ses jeunes années marseillaises, qui nous vaut ces intérieurs à peine éclairés, va se diriger, au contact de la terre de soleil qu’est la Provence, vers des nuances plus claires et colorées, d’où le nom de « peintre de la lumière » qui lui sera donné.
Intégré à cette lumière, il sera le peintre des objets, des fleurs, des champs et des collines, des fruits posés sur l’assiette en fonds colorés, des arbres, des personnages, dont il excellera dans le portrait, saisissant le mystère du visage humain, la femme, mais aussi peintre de l’aride Crau provençale, l’âpre Lubéron, ou le Roussillon d’ocre et d’or, sans oublier la mer si bleue et les barques dansant sur le port de Martigues inondé de soleil.
L’évolution de Serra n’est qu’une large suite de recherches obstinées vers le « beau ».
Il aura réalisé non seulement de nombreux portraits , mais encore des paysages, des marines, des natures mortes, des intérieurs. On retiendra à ce sujet, l’analyse de J.P. Chamant en 1953 :« Huiles, gouaches, détrempes, aquarelles, pointes sèches, célèbrent à l’envi les ressources multiformes de la Provence, les parfums de la colline, les charmes des calanques, les joies renouvelées de la Mer éternelle et les mystères troublants d’un terroir aux indéchiffrables secrets ».
Ou bien celle de Charles Mourre en 1951 « Serra est un méditatif, ce qui ne l’empêche pas de prendre à la nature tout ce qu’elle lui offre de capiteux et de tentateur ».
Devant un paysage, le peintre réagit en poète, voire en philosophe. Que ce qui est traduit sur la toile corresponde ou non au souvenir que notre mémoire a pu conserver de la réalité, n’a vraiment qu’une importance secondaire. La transposition conçue par Antoine Serra crée une sorte de paysage vivant sa vie propre.
De même, pour un portrait, s’il simplifie la forme par un souci de synthèse, il accentue davantage la personnalité du sujet dont il exprime la vie intérieure avec intensité.
Dernières années
Il a vécu les 15 dernières années de sa vie à Mouriès, petit village provençal au cœur des Alpilles, dans un mas qu’il avait réhabilité.
Il décède le 6 mai 1995, à l’âge de 87 ans.
Tout au long de sa vie, il aura offert de nombreux tableaux à tous ses amis, à ses admirateurs, ainsi qu'à tous les membres de sa famille dont il était resté très proche.
Sous l'impulsion de l’Office de tourisme de Saint-Chamas une rétrospective a été réalisée. La famille a rassemblé les œuvres en sa possession , qui témoigne de plus de 50 ans de peinture.
Une cinquantaine de toiles a été exposée, de juin à août 2009. En attestent les articles de journaux parus (LA PROVENCE du 31 mai 2009 « Antoine Serra à l’honneur à la Chapelle Saint Pierre », - LA PROVENCE du 24 juin 2009 « Une exposition dédiée au peintre de la lumière », - LE REGIONAL de Salon de Provence, du 17 au 23 juin 2009 « Antoine Serra, l’expo », - Journal en provençal du CONSEIL REGIONAL région PACA, mai-juin 2009 « Antoni Serra, lou pintre marsilhès de la lus »), et les 4 000 personnes venues visiter et apprécier l’œuvre d’un peintre provençal, que beaucoup connaissaient, et certains découvraient avec beaucoup d’intérêt.
Expositions principales
1945 - Exposition avec Ambrogiani et Ferrari, à la Galerie Jean-Marc Vidal à Paris.
1949 - Exposition au Salon d’Automne à Paris.
1960 - Exposition des toiles de Sardaigne à Cagliari (Sardaigne) et Paris, Galerie Weill.
1963 - Exposition au Palais des Arts à Marseille
1966 - Exposition Galerie Chabaud à Paris.
1967 - Exposition Château de la Jansonne en Arles.
1968 - Invité d’honneur au Salon de Montélimar
1970 - Exposition Galerie Saint Georges à Marseille, -Achat d’un tableau par le Musée d’Art Moderne de Paris. Rétrospective au Château de Tallard. 1971 - Exposition au Musée Cantini de Marseille; achat d’un tableau par le musée Longchamp.
1972 - Exposition à la galerie « Salle Basse » de Martigues.
1974 - Participation à la Biennale Internationale, Musée Granet d’Aix en Provence.
1975 - Exposition à Paris, Galerie « Tamenaga »
1976 - Exposition à Tokyo.
1977 - Exposition au musée départemental de Gap
1982 - Exposition des toiles des États-Unis à Martigues, Villa Kariessa.
1984 - Rétrospective au « Musée de la Vieille Charité » à Marseille
1985 - Rétrospective au musée « Paul Valéry » de Sète.
1987 -Rétrospective à l’Abbaye de l’Epau au Mans.
1988 - Invité pour une exposition par l’Office départemental de la culture, festival d’Aix en Provence.
1992 - Exposition à Mouriès
1993 - Exposition au Théâtre Comédia d’Aubagne.
1995 - Dernière exposition de son vivant, au Mas des Arnaud, à Saint-Martin de CrauOuvrages illustrés
LA PIERRE ETOILEE, de Charles Galtier – 1955 16 pointes sèches –
L’HUMBLE JOIE DE VIVRE de Marie Mauron – 1973 7 sérigraphies couleur 8 sérigraphies couleur noire
NOTRE CAMARGUE de Marie Mauron – 1974 8 sérigraphies
LA CRAU de Marie Mauron – 1975 11 sérigraphies
MAGIQUE LUBERON de Marie Mauron – 1976 13 sérigraphies
LE DIEU VENTOUX de Marie Mauron – 1976 – 1977 8 sérigraphies
LA MYSTIQUE MONTANETTE de Marie Mauron - 1978 12 sérigraphies
LE VIEUX DE LA MONTAGNE de Marie Mauron – 1979 8 lithographies
MARE NOSTRON de Marie Mauron – 1985 24 lithographies
S’IL RESTE ENCORE UN PAS de Charles Galtier – 1988 Illustrations
Bibliographie
1955 publication Cahiers du Sud, Numéros 327 à 334
1988 Hommes, idées, journaux: mélanges en l'honneur de Pierre Guiral Par Jean A. Gili, Ralph Schor, Pierre Guiral Publications de la Sorbonne
2003 René Seyssaud: sensations de mer, de Claude-Jeanne Bonnici éditions Images en manœuvres,
2005 Antoine Serra, de la Sardaigne à Marseille: regards sur un peintre singulier du XXe siècle provençal de JM. Guillon, J. Arroye, J. Domenico, ed Jeanne Laffitte,
2006 Les couleurs de l'engagement, 1920-1950 autour d'Antoine Serra ed Musée d'histoire de Marseille
2006 Les communistes à Marseille à l'apogée de la guerre froide: 1949-1954 ed Université de Provence,
Notes et références
Liens externes
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