- Antoine Pomme
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Antoine Pomme est un poète baptisé à Orgon le 16 août 1645[1]. Il a publié un ouvrage, Les œuvres du sieur Antoine Pomme, en 1674, qu'il a dédicacé au comte de Grignan, gendre de la marquise de Sévigné, mari de Françoise de Sévigné. La première partie est constituée de lettres à ses contemporains, et surtout à ses contemporaines; la seconde, de poèmes. « Il était, selon les archives d'Arles, docteur en médecine, et l'époux de Marguerite Rosier; il exerçait à Orgon »[2]. Il est petit-fils d'Antoine Pomme, maître chirurgien[1], et à l'origine d'une famille de médecins d'Arles, dont Pierre Pomme (1728-1814)[2].
Extraits de Les œuvres du sieur Antoine Pomme
Lettre XXIX
A Mademoiselle D... Laquelle étant dans une compagnie, où je faisois l'endormy dit qu'elle n'avoit jamais aymé les Pommes.
Il eut été necessaire Mademoiselle, pour le proffit de genre humain, que le premier homme eut eû le même dedain que vous pour Pomme, nos ames seroient dans une tranquilité parfaite, & nous goûterions avec facilité ce que nous ne pouvons avoir qu'avec bien de la peine; je considere pourtant que le peu d'êtat que vous en faites ne vous a pas empechée de faire comme un autre Adam, c'est à dire de mordre dessus: & quoy que cette morsure ne soit pas si criminelle que l'autre, ie ne laisse pas d en sentir en mon particulier de bien rudes effets. L'une fut cause de la perte de nos ames, & celle jcy l'est de celle de mon cœur. Mais à propos, Mademoiselle, à quoy songiez vous je vous prie d'aller mordre une chose que vous n'aymiez pas, & pourquoy l'avez vous abandonnée après l'avoir mordue. Le fruit pour aigre qu'il soit ne le sçauroit jamais être tãt que vous, & de plus un seul morceau, n'est pas capable d'agacer vos dens, à ce que j'en crois. Reprenez donc ce que vous avez commencé, & considerez je vousprie qu'un fruit mordu ne se peut plus honorablement presenter: ne le refusez donc pas, Mademoiselle, car ie meure si ie ne vous l'offre avec les mêmes considerations que Paris avoit lors qu'il fit un semblable present, ie souhaiterois, par un sort tout à fait bizarre, tantôt qu'il fut a vôtre goust & tantôt qu'il fut assez mauvais pour vous faire mal au cœur. Dans cette contrarieté de desirs je ne sçay pas bien ce que je veux que vous en fassiez, je suis en peine pourtant du traitement, que vous luy ferez, & je crains fort que vous ne fassiez comme une autre Eue, c'est à dire que vous ne l'exposiez a la dent de vôtre mary. Si cela m'arrivoit, Mademoiselle, vous ne devez pas douter que je n'en recueille un tres sensible deplaisir, non pas tant pour ma perte, que parce que je n'entrerois pas si volontiers dans son corps, comme dans le vôtre. Ayez donc pour la Pomme un peu plus de tendresse que vous n'avez pas. Quand à moy je souhaiterois de tout mon cœur qu'elle fit en vous le même effet qu'elle fit à Adam c'est-à-dire qu'elle vous donnat l'envie de pecher, &c
Sur un Chien qu'une Dame nourrissoit.SONNET.
QVe ton sort est heureux qu'il est digne d'envie!
Celle qui n'a pour moy que haine & que dédain,
Et qui tient ma fortune attachée à sa main,
Me fait trouver la mort où tu trouves la vie.
Oüy perfide animal, ma cruelle SylvieTe donne le pouvoir de vivre sur son sein,
Tu prens sur ses tetons un pouvoir souverain,
Tandis que leur beauté tient mon ame asservie.
Ces deux globes de lait, dont tu te sens nourrir,Portent secretement ce qui me fait mourir,
C'est à dire un venin que leur charme me livre.
Ha! quelle difference icy de nôtre sort,Le tien, traître animal, te fait trouver à vivre
Dans un sein, où le mien me fait trouver la mort.
Notes et références
- registres paroissiaux
- Les Pomme d'Arles, Bulletin des amis du vieil Arles n°99/100, juillet 1998
Bibliographie
- Bibliographie de la France, Cercle de la librairie, 1861
Catégorie :- Poète français
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