Maâta Mohamed El Habib

Maâta Mohamed El Habib

Maâta Mohamed El Habib est un homme politique algérien, né le 19 décembre 1938 à Saïda (Algérie), mort à Villeneuve-la-Garenne le 21 septembre 1962, à l'âge de 25 ans. Maâta Mohamed El Habib (MMEH) est une grande figure de la Révolution algérienne. Il est considéré dans son pays comme un martyr et honoré en tant que Héros national.

Sommaire

Biographie

Aussitôt son indépendance acquise, l’Algérie connut une période mouvementée engendrée par des tentatives de prise de pouvoir. Une lutte s'ensuivit entre les membres du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et une figure de la Révolution Ahmed Ben Bella. Les troubles s’amplifiant, ils faillirent dégénérer en une véritable guerre civile, par le jeu des alliances, si ce n’était la mort expiatoire d’un jeune révolutionnaire, Maâta Mohamed El Habib. Les funérailles nationales du jeune héros, les premières dans une Algérie indépendante, réconcilièrent malgré tout les opposants et disqualifièrent pour longtemps la Fédération de France du Front de Libération Nationale (FLN) qui avait commandité l’assassinat du leader, plus connu sous ses différents noms de guerre.

Le 21 septembre 1962, à Villeneuve-la-Garenne, le corps torturé du révolutionnaire fut retrouvé criblé de balles. Le crime, plus connu sous le nom d'« affaire Maâta », fera couler beaucoup d’encre à l’époque, mais étrangement, ne donnera lieu à aucune action judiciaire, à aucune poursuite du fait de l’implication de nombreux politiques tant algériens que français. L'histoire fut étouffée malgré l'hommage grandiose rendu par le peuple à son premier héros national. Le mystère persiste à ce jour et son entretien met parfaitement en évidence la participation de hauts dignitaires encore en poste. L’histoire de Maâta Mohamed El Habib ressemblera à s’y méprendre à celle de Mehdi Ben Barka. Elle en est le prologue.

L’enfance

Maâta Mohamed El Habib avait, de son vivant, le statut de « Pupille de la Nation » en raison de la mort de son père des suites d’un emprisonnement dans un stalag lors de la Deuxième Guerre mondiale. Son géniteur, un capitaine d’infanterie de l’armée française, héros de guerre, Grand Chevalier de la Légion d’Honneur, décoré et cité de nombreuses fois pour faits d’armes.

Orphelin très tôt, Maâta Mohamed El Habib connaitra une enfance difficile, sa mère étant privée, pour des raisons discriminatoires et politiques, des pensions militaires de veuve d’officier qui lui étaient dues. Toutefois, cela ne l’empêchera pas de débuter ses études primaires et de continuer en secondaires à Saïda. Il se distinguera par son intelligence vive et lucide.

Les débuts politiques en France

Maâta Mohamed El Habib quittera l’Algérie en 1955 pour continuer ses études en France et s’installera chez sa sœur Maata Fatma ainée résidant le territoire de Belfort. Son statut de fils de grand combattant français ne l'empêchera pas de s’impliquer activement, et très jeune, dans la Guerre d’Algérie, au sein du Front de libération nationale.

Son beau-frère Hamza Berrachedi et sa sœur Maata Fatma, agent de liaison inter-régional à la création de la Fédération de France, militaient clandestinement au sein de l’Organisation Secrète (OS) dont le but était de faire accéder l’Algérie à son indépendance.

Malgré son intelligence lucide et peu commune, son sens inné de l’organisation qui lui vaudra plus tard le qualificatif de « cerveau de Paris » et fera ses preuves dans les rangs du FLN en France. Parrainé par son beau-frère qui jouera un rôle prépondérant dans sa formation militante, il abandonnera ses études en classe de seconde, pour s’engager dans la lutte du peuple algérien.

L'un des plus jeunes responsables de France

Le FLN le baptisera « J3 » , en raison de son très jeune âge, et lui donnera le pseudonyme de « Si Mansour » qu’il portera dans la clandestinité. Il lui confiera alors, dans le but probable de le tester, des missions de base au départ, assez éprouvantes, puis le responsabilisera dans la collecte des fonds. Toutefois, une dénonciation faite par un membre du Mouvement National Algérien (MNA), dirigé par Messali Hadj, lui vaudra d’être appréhendé, une première fois, par la DST en 1955. MMEH à peine âgé de dix-sept ans, adolescent et mineur, il connaîtra les affres de la détention et subira la torture, l’isolement forcé, la grève de la faim dans les geôles françaises.

Sa détention, en tant que mineur, la torture qu’il subira dans la prison de Belfort, qui lui vaudra une première hospitalisation, fera ouvrir une enquête dirigée par des organisations humanitaires internationales. Celles-ci avaient été alertées par la mère de MMEH, une femme singulièrement active, totalement impliquée dans la lutte armée et qui sera connue sous le nom de « mère courage », comme celle du roman de Maxime Gorky, La Mère, en raison des combats menés pour sauver son fils.

L’événement, en lui-même, suscitera un émoi particulier dans les milieux progressistes français de l’Est d’autant que MMEH, son beau-frère et sa sœur aînée, activant dans l’ombre, encourageaient les désertions, l’organisation, la réception et la fuite des transfuges vers Tunis via la Suisse. Ainsi entretenaient-ils, dans ce cadre, des relations étroites avec les « porteurs de valises », le réseau Jeanson, Henri Curiel et Etienne Bolo.

L’État français, s’étant fait sermonner par la Fédération internationale des droits de l'homme à cause de l’affaire, une première, condamnera néanmoins MMEH, en violation du Droit, à six mois de prison ferme pour « atteinte à la sûreté de l’État », peine qu’il purgera dans la maison d’arrêt de Belfort. L’emprisonnement, erreur stratégique coloniale, formera le caractère du militant, accentuera sa détermination, acérera son abnégation et aiguisera son sens inné et aigu de l’organisation. Aussi, MMEH commencera-il, en détention, à mettre en œuvre son talent d’ « éminence grise » qu’il assumera pleinement dans la lutte de libération.


A l’indépendance de son pays, promu pourtant à une brillante carrière, puisque le ministère des Affaires étrangères ou celui de l'Intérieur lui furent proposés, il ne l’achèvera pas car, curieusement, il se verra confier une mission par le gouvernement algérien en place, de laquelle il ne reviendra pas vivant. Sa mort reste encore un profond mystère dans la jeune histoire du pays pour lequel il a si hardiment et si ardemment combattu.

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