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Île de Trielen
Mur et ruine de ferme sur l'île de TrielenGéographie Pays France
Archipel Archipel de Molène Localisation Mer Celtique (océan Atlantique) Coordonnées Superficie 0,27 km2 Côtes 2,39 km Géologie Île continentale Administration France
Région Région Bretagne Département Finistère Commune Molène Démographie Population Aucun habitant Autres informations Découverte Préhistoire Fuseau horaire UTC+1 Îles de France Trielen est une île de l'archipel de Molène, située à 6,3 milles marins du Conquet et à 1,3 milles marins de Molène, dans le Finistère, en Bretagne.
Sommaire
Géographie
Bande de terre orientée sud-ouest / nord-est, l'île s'étend sur 1 km, pour une largeur maximale de moins de 300m. Elle comporte un plan d'eau intérieur dont l'eau est saumâtre.
On peut y débarquer par deux plages situées à l'est de l'île, Porz au nord, à proximité de l'île aux Chrétiens, et Porz Douc'h au sud, protégée des forts courants de la passe de la Chimère par une avancée rocheuse mais exposée aux vents de sud. La majorité du trait de côte est constituée de galets, de micro-falaises meubles et d'affleurements rocheux, et connait une forte érosion par endroits[1].
Panorama de l'île, avec au premier plan des ruines et l'étang de l'île, puis l'île aux Chrétiens, Molène et le Ledenez Vraz à l'arrière plan et Ouessant sur la ligne d'horizon.Elle est recouverte par une végétation rase, essentiellement constituée de fougères et d'herbes grasses, à l'exception de quelques arbustes autour du corps de ferme et d'un figuier, protégé par un muret en galets.
Histoire
Les fouilles archéologiques menées sur l'île ont révélé la présence de plusieurs monuments mégalithiques[2] et un site occupé au cours du second Âge de Fer (entre 450 et 50 avant JC), avec notamment les traces d'un atelier de production de sel et des dépotoirs présentant des restes animaux variés et très bien conservés, permettant de mieux connaitre le régime alimentaire des habitants à cette époque[3].
Comme Béniguet, au Moyen Âge, l'île appartient aux Comtes de Léon, puis à l'Abbaye de Saint-Mathieu[4].
Trielen a accueilli une ferme importante, comme en témoignent aujourd'hui ses ruines et ses bâtiments, mais aussi les murets en galets qui délimitaient les parcelles cultivées. De 1949 à 1955, elle est exploitée par 3 paysans goémoniers, qui y élèvent 12 vaches et la cultivent[4]. Après l'abandon de cette activité agricole, elle est utilisée entre 1954 et 1959 comme centre de rééducation par le père Albert Laurent, à l'instar de l'île de Balanec. La mission que s'est donnée le père Laurent est de « favoriser le reclassement de jeunes ayant eu des difficultés avec la société », grâce à la vie au grand air et aux travaux des champs[5]. Plusieurs éducateurs se succèdent sur place (MM. Masselin, Morin et Le Doyen) ; leurs tentatives pour subsister sur les îles grâce à leurs productions propres se soldent par des échecs. « On ne mangeait pas tous les jours », se souvient Hubert de Boissieu, l'un des pensionnaires, qui séjourna quelques mois à Trielen en 1957. Les îliens de Molène voient parfois débarquer les jeunes colons ; ils les surnomment les « bagnards ». « On voyait qu'ils vivaient mal », se souvient Marcel Masson, qui était à l'époque adolescent[5]. Les pensionnaires dépérissent, jusqu'à ce que le père de Jean-Claude Paul, alerté par une lettre de son fils, ne s'inquiète auprès du maire de Molène, M. Bourlès. Celui-ci alerte alors la gendarmerie du Conquet, dont l'enquête a pour conséquence un nouvel abandon des îles de Trielen et Balanec en 1957.
Cependant le père Laurent décide de renouveler l'expérience en confiant les centres à la garde du couple Dumoret. Celui-ci essaye tant bien que mal à l'aide de chevaux et de quelques têtes de bétail d'organiser sa subsistance, mais en vain. Un pensionnaire parvient à s'échapper à l'aide du youyou de Trielen[6].
Suite à la constatation de mauvais traitements par la police, des plaintes sont déposées par des parents, des particuliers ayant versé de l'argent et des créanciers. Le prêtre est inculpé pour escroquerie par le parquet de Versailles. Pendant son procès, l'abbé Laurent plaide son innocence. Il accuse le « responsable » du centre de Molène d'avoir « dilapidé les fonds destinés au ravitaillement et vendu les moutons ». Après un réquisitoire « ressemblant fort à une plaidoirie »[5], le prêtre est finalement relaxé par la 12e chambre correctionnelle de la Seine le 31 janvier 1959. Ces révélations mettent toutefois un coup d'arrêt aux expériences et les centres sont alors fermés définitivement[4].
L'île abandonnée a été acquise par le conseil général du Finistère le 7 février 1972, dans le cadre d'une procédure d'expropriation se fondant sur un arrêté de déclaration d'utilité publique du 8 novembre 1971. Elle est depuis gérée par l'association Bretagne vivante SEPNB, dans le cadre de la réserve naturelle de la mer d'Iroise, qui l'entretient et y protège la faune et la flore[4].
Notes et références
- B. Fichaut, S. Suanez, J.M. Cariolet, « Suivi Morphosédimentaire des îlots de la Réserve Naturelle d’Iroise », dans Le réseau des réserves, 2008, p. 17-18 [texte intégral (page consultée le 2011-04-24)]
- Yohann SPARFEL, Yvan PAILLER, Sandrine PACAUD, Agnès LAURE, « Contribution à l’inventaire des mégalithes de l’archipel de Molène: Trielen et Enez-ar-C’hrizienn (commune du Conquet) », dans [de la Société Archéologique du Finistère], vol. CXXXIII, 2004
- Marie-Yvane Daire, Anna Baudry, Catherine Dupont, Valérie-Emma Leroux, Yvon Dréano, Anne Tresset et Laurent Quesnel avec la collaboration de Jean-Yves Le Gall et David Bourles, « Suivi archéologique sur l'île de Trielen, Un site Gaulois au péril de l'érosion », dans Le réseau des réserves, 2008, p. 19 [texte intégral (page consultée le 2011-04-24)]
- Vital Rougerie, L'archipel molénais, Rennes, édité pour le compte de la SNSM de Molène, 1989, 114 p., p. 99-103
- « Le mystère des ossements de Quéménès », dans Ouest-France, 23 juillet 2008 [texte intégral]
- « L'ombre d'un sinistre camp de réeducation », dans Le Télégramme, édition des 17, 18 et 19 décembre 1957 [texte intégral]
Liens internes
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