Balrog de la Moria

Balrog de la Moria

Balrog

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Dans l'œuvre de J. R. R. Tolkien, les Balrogs sont de puissantes créatures de l'ordre des Maiar. Leur première apparition se fait dans Le Seigneur des anneaux, mais ils étaient déjà présents dans les écrits antérieurs de Tolkien concernant Le Silmarillion.

Les Balrogs sont décrits comme des êtres humanoïdes de grande taille, capables de s'envelopper dans les flammes ou les ténèbres. Ils apparaissent fréquemment armés de fouets ardents à plusieurs lanières et parfois d'épées. Les vaincre est une tâche ardue, que seuls quelques héros parviennent à mener à bien au cours de l'histoire de la Terre du Milieu.

Sommaire

Histoire

Les Balrogs sont des Maiar, appartenant au même ordre que Sauron, Saroumane ou Gandalf. Ils ont été séduits par Melkor, le Seigneur Ténébreux, qui en fait ses serviteurs avant la création d'Arda[1]. Après l'éveil des Elfes, les Valar partent en guerre contre Melkor, qui domine la Terre du Milieu, et le font prisonnier. Ils négligent cependant d'explorer entièrement ses forteresses d'Utumno et Angband, où se réfugient les serviteurs de Melkor, parmi lesquels les Balrogs[2].

Bien des années plus tard, Melkor, désormais appelé Morgoth, retourne en Terre du Milieu, et ses Balrogs le sauvent de l'attaque d'Ungoliant, une créature arachnoïde, en entendant son cri perçant[3]. Lorsque les Noldor arrivent en Beleriand, sur les talons de Morgoth, ils remportent une première victoire facile contre les Orques (Dagor-nuin-Giliath). Fëanor poursuit les fuyards en direction d'Angband, mais ce faisant s'isole, constituant une cible facile pour les Balrogs : il est mortellement blessé par leur prince Gothmog[4].

Les Balrogs participent encore aux batailles de Dagor Bragollach et Nirnaeth Arnoediad, durant lesquelles les Noldor sont vaincus ; lors de la seconde, leur Haut Roi Fingon est tué par Gothmog. Ils sont également présents lors de l'assaut sur Gondolin, mais deux d'entre eux y sont tués : Ecthelion de la Source affronte Gothmog au pied de la Tour du Roi, et ils se tuent l'un l'autre, puis Glorfindel affronte un Balrog pour permettre aux quelques rescapés du sac de la ville de s'échapper du Cercle des Montagnes. Leur duel s'achève lorsqu'ils tombent tous deux dans l'abîme[5].

La plupart des Balrogs sont détruits à la fin du Premier Âge, lors de la guerre de la Grande Colère, « sauf quelques-uns qui s'enfuirent pour se cacher dans des grottes inaccessibles dans les racines de la Terre », parmi lesquels le Fléau de Durin[6]. Celui-ci est libéré en l'an 1980 du Troisième Âge par les Nains de Khazad-dûm, à force de creuser toujours plus profondément en quête de mithril. Le Balrog tue Durin VI, puis son fils Náin, et oblige les Nains à fuir leur cité[7]. Il est vaincu en 3019 T.A. par Gandalf, au terme d'un duel débuté sur le Pont de Khazad-dûm et achevé au sommet du Zirakzigil[8].

Caractéristiques

Gothmog chevauchant un dragon lors de la Chute de Gondolin

La conception des Balrogs selon Tolkien évolua au fil du temps. Dans La Chute de Gondolin, écrit vers 1916-1917, ils existent en très grand nombre : Ecthelion en tue trois et Tuor cinq[9], et le peuple de Rog en élimine une quantité qualifiée de « prodige »[10]. Leur taille est alors double de celle d'un elfe[11], et on les voit à plusieurs reprises chevaucher des dragons[12]. Ils sont dès l'origine des démons féroces, liés au feu et armés de fouets. Le grand nombre de Balrogs perdure dans la Quenta Silmarillion de 1937 : un millier de Balrogs y sont dits prendre part à la bataille des Larmes innombrables[13].

À partir du Seigneur des anneaux, le Balrog devient plus puissant et imposant. Christopher Tolkien remarque toutefois que les Annals of Aman, en 1958, présentent toujours Melkor commandant « une armée de Balrogs »[14], et ce n'est que dans une note tardive, en marge du manuscrit de ce texte, que Tolkien envisage que « au plus 7 [Balrogs] aient jamais existé »[15]. Ils ont alors cessé d'être des créatures de Melkor pour devenir des Maiar, des Ainur mineurs, à l'image de Gandalf ou de Sauron, ce qui implique que seules leurs formes corporelles peuvent être détruites.

Tolkien indique que les Valar (et les Maiar) peuvent changer de forme à volonté, et se mouvoir « dénudés », autrement dit invisibles et sans forme. Toutefois, Morgoth et Sauron perdent successivement ces capacités : le premier est incapable de guérir les blessures causées par les Silmarils ou Fingolfin et Thorondor, tandis que le second ne peut plus prendre d'apparence plaisante à l'œil après la destruction de Númenor[16]. Tolkien n'indique pas explicitement ce qu'il en est pour les Balrogs.

Dans le chapitre « Le Pont de Khazad-dûm », le Balrog apparaît comme « une grande ombre, au milieu de laquelle se dressait une masse sombre, peut-être une forme d'homme, mais plus grande[17] ». Sa forme et sa taille exacte ne sont pas données précisément, ce qui a donné lieu à de nombreux débats, notamment sur l'existence ou non des ailes mentionnées à deux reprises dans la description de Tolkien :

« Son ennemi s'arrêta de nouveau face à lui, et l'ombre qui l'entourait s'étendit comme deux vastes ailes[18]. »
« [Le Balrog] se redressa soudain jusqu'à une grande stature, et ses ailes s'étendirent d'un mur à l'autre[18] [...] »

La question est de savoir si ces « ailes » ont une existence concrète, ou s'il s'agit seulement d'une image pour décrire le manteau d'ombre du Balrog[19],[20],[21].

Le Balrog de la Moria est armé du classique fouet ardent à plusieurs lanières, ainsi que d'une épée enflammée. Dans Le Silmarillion, des Balrogs sont présentés armés de haches noires[22]. Des écrits antérieures mentionnent des flèches enflammées, des griffes d'acier et des mailles de fer[23].

Nom

Le nom Balrog est très ancien, apparaissant dès La Chute de Gondolin (v. 1916-1917). Dans ses lexiques des années 1920, Tolkien explique ce nom goldogrin comme provenant de bal « angoisse, supplice » ou balc « cruel » + graug « démon ». Son équivalent quenyarin est incertain : Christopher Tolkien mentionne les noms araukë, Malkaraukë ou Valkaraukë[24].

Par la suite, une liste de noms des années 1930 décrit ce nom comme d'origine orquine, sans équivalent qenyarin, « Malaroko- emprunté »[25]. Il apparaît par la suite dans « Les Étymologies » sous les radicaux ÑGWAL « tourment » et RUK « démon », avec l'équivalent quenyarin Malarauko[26].

La dernière pensée de Tolkien à ce sujet apparaît dans l'essai linguistique « Quendi and Eldar », rédigé vers 1960 : Balrog y est indiqué comme équivalent du quenya Valarauko « Démon de Puissance »[27]. Cette étymologie est reprise par Christopher Tolkien dans Le Silmarillion.

Le pluriel sindarin de Balrog est inconnu : Tolkien utilise systématiquement Balrogs, utilisant la marque plurielle de l'anglais (et du français) -s. Il utilise en un endroit[28] Balrogath, mais le suffixe -ath est un pluriel de classe et non un pluriel simple[29] : Balrogath désigne donc « l'ensemble des Balrogs » plutôt que « des Balrogs ». Helge Fauksanger suggère deux pluriels sindarins « purs » possibles : Balroeg ou Belryg[30]. En revanche, le pluriel de Valarauko est attesté : Valaraukar[31].

Sur le pont de Khazad-dûm, Gandalf appelle le Balrog « flamme d'Udûn ». Udûn est le nom sindarin d'Utumno, la première forteresse de Morgoth.

Annexes

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Balrog ».
  1. Le Silmarillion, p. 47
  2. Le Silmarillion, p. 51
  3. Le Silmarillion, p. 81
  4. Le Silmarillion, p. 107
  5. Le Silmarillion, p. 242-243
  6. Le Silmarillion, p. 251
  7. Le Seigneur des anneaux, p. 1146-1147
  8. Le Seigneur des anneaux, p. 542-543
  9. Le Second Livre des contes perdus, p. 244
  10. Le Second Livre des contes perdus, p. 241
  11. « ... car ce démon faisait deux fois sa [Glorfindel] taille... », Le Second Livre des contes perdus, p. 263
  12. Le Second Livre des contes perdus, p. 243, 247
  13. La Route perdue et autres textes, p. 310
  14. Morgoth's Ring, p. 79
  15. Morgoth's Ring, p. 80
  16. Le Silmarillion, p. 280
  17. Le Seigneur des anneaux, p. 361
  18. a  et b Le Seigneur des anneaux, p. 362
  19. Hammond & Scull, Reader's Companion, p. 296
  20. The Encyclopedia of Arda
  21. Xenite.org
  22. Le Silmarillion, p. 193
  23. Le Second Livre des contes perdus, p. 240, 263
  24. Le Livre des contes perdus, p. 335
  25. La Route perdue et autres textes, p. 404
  26. La Route perdue et autres textes, p. 377, 384
  27. The War of the Jewels, p. 415
  28. Morgoth's Ring, p. 79
  29. Ardalambion
  30. Ardalambion
  31. Le Silmarillion, p. 31

Bibliographie

  • (fr) J. R. R. Tolkien (trad. Francis Ledoux), Le Seigneur des anneaux, Christian Bourgois Éditeur, 2001 (ISBN 2-267-01316-9)
  • (fr) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien, trad. Pierre Alien), Le Silmarillion, Christian Bourgois Éditeur, 1998 (ISBN 2-267-01462-9)
  • (fr) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien, trad. Adam Tolkien), Le Livre des contes perdus (Histoire de la Terre du Milieu, vol. 1), Pocket, 2001 (ISBN 2-266-09549-8)
  • (fr) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien, trad. Adam Tolkien), Le Second Livre des contes perdus (Histoire de la Terre du Milieu, vol. 2), Pocket, 1999 (ISBN 2-266-07930-1)
  • (fr) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien, trad. Daniel Lauzon), La Route perdue et autres textes (Histoire de la Terre du Milieu, vol. 5), Christian Bourgois Éditeur, 2008 (ISBN 978-2-267-02000-7)
  • (en) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien), Morgoth's Ring (The History of Middle-earth, vol. 10), HarperCollins, 2002 (ISBN 0-261-10300-8)
  • (en) J. R. R. Tolkien (éd. Christopher Tolkien), The War of the Jewels (The History of Middle-earth, vol. 11), HarperCollins, 2002 (ISBN 0-261-10324-5)
  • (en) Wayne G. Hammond & Christina Scull, The Lord of the Rings: A Reader's Companion, HarperCollins, 2005 (ISBN 0-00-720907-X)

Articles connexes

Liens externes

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