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Woeser (autres graphies Öser, Wéisè ou Wei Se en chinois), de son nom complet Tsering Woeser, est une poétesse et essayiste de nationalité chinoise, et d'ethnie tibétaine, née en 1966. Elle fait partie d'une nouvelle génération d'auteurs tibétains dont la langue d'expression est le chinois[1],[2]
Sommaire
Biographie
Woeser est née à Lhassa en 1966. Sa mère est Tibétaine[3]. Son père, Tsering Dorjé[4], issu du mariage d'un Han et d'une Tibétaine, était soldat dans l'Armée populaire de libération[5]. Son grand-père paternel aurait poussé sa famille à se siniser[5]. Quand elle était enfant, sa famille fut relogée dans le Kham. Elle reçoit une éducation exclusivement chinoise et athée, avec une « croyance naïve dans les bienfaits du Parti » [6].
En 1988, elle obtint un diplôme en littérature chinoise de l'Université des nationalités du Sud-ouest (c'est-à-dire pour les minorités ethniques) à Chengdu. En 1990, elle devint rédactrice pour la revue de langue chinoise Littérature tibétaine. Elle travailla comme journaliste à Kardzé et plus tard à Lhassa. Ayant perdu son travail et son logement à la suite de ses prises de position dans son livre Notes sur le Tibet [7], elle s'installe à Pékin en 2003. Woeser se marie à Wang Lixiong, un auteur chinois spécialiste du Tibet. Ensemble ils présentent le problème des minorités ethniques dans les milieux prodémocrates jusque là peu sensibilisés à ces questions.
Au cours des troubles de 2008 au Tibet, Woeser et Wang Lixiong, son mari, auraient été mis en résidence surveillée après avoir parlé à des journalistes[8]. Tous deux fournissent régulièrement des analyses pour le service tibétain de RFA[9]. Depuis le 6 janvier 2007, le service en tibétain de RFA diffuse une émission intitulée « le forum de Woeser », consacrée à ses écrits sur la religion, la culture, l'économie et la politique au Tibet[10].
En juillet 2009, suite aux émeutes au Xinjiang Wang Lixiong et sa femme Woeser ont lancé une pétition[11] afin de demander la libération de l'universitaire Ilham Tohti. En effet, le 8 juillet l’économiste ouïgour Ilham Tohti[12], professeur à l’Université centrale des minorités et animateur d'un blog[13], a disparu de son domicile de Pékin. Les autorités chinoises lui reprochent d’avoir provoqué des troubles, en propageant des rumeurs concernant les émeutes au Xinjiang. La pétition souligne qu’Ilham Tohti revendique des relations amicales entre nationalités. Son blog a été conçu comme un espace d'échange, Ilham Tohti ne saurait être tenu pour responsable des propos tenus par des particpants au forum du blog[14]. Le 14 juillet, 250 personnes avaient signé cette pétition.
La poétesse Woeser a annoncé le 3 août 2009 l'emprisonnement de 4 écrivains tibétains. RSF indique à leurs sujets: « La répression des auteurs tibétains doit cesser ! L’impossibilité pour les écrivains et journalistes de cette province chinoise de s’exprimer librement et de critiquer les autorités de Pékin et la politique du Parti Communiste Chinois (PCC) est une honte pour la Chine. La plupart sont détenus sans avoir été jugés et leur lieu de détention est inconnu. Apprendre l’incarcération de plusieurs personnalités réputées, parfois plus d’un an après les faits, est par ailleurs symptomatique de la difficulté d’obtenir des informations sur le Tibet » [15]
Woeser demande un passeport depuis 3 ans à l'État chinois et poursuit ce dernier en justice pour l'obtenir [16].
En 2010 à propos de l'arrestation du Tibétain Karma Samdrup et des membres de sa famille, Woeser a indiqué à l'AFP : « ces condamnations font peur à de nombreux intellectuels tibétains », sans autres commentaires par « peur des représailles »[17].
Carrière
Selon le Tibet Information Network (TIN), son livre Notes sur le Tibet aurait été interdit par le gouvernement de la région autonome du Tibet en septembre 2003[18], même s'il « semblait être toujours disponible à l'achat, du moins épisodiquement, sur l'Internet »[19],[16], à cause d’allusions favorables au Dalaï Lama[20]. De fait, l'édition initiale de 2003 serait disponible en librairie en Chine ainsi que sur l'Internet[citation nécessaire] [21].
Selon Human Rights in China, une ONG fondée par des étudiants et des universitaires chinois, financée par le gouvernement des États-Unis via la Dotation nationale pour la démocratie[citation nécessaire], en 2004, peu après la prétendue interdiction, Woeser a perdu son travail et son statut[22] et ses droits de citoyenne chinoise car elle pouvait « mettre en péril la Nation » selon les autorités chinoises[23].
Selon Radio Free Asia (RFA), le 28 juillet 2006, ses deux blogues ont été fermés par ordre du gouvernement, apparemment en réponse aux articles dans lesquels elle présentait ses vœux au 14eDalaï Lama à l'occasion de son anniversaire[20],[24]. La poétesse y avait également publié un poème faisant l'éloge du chef spirituel[25].
Selon Reporters sans frontières (RSF), les deux blogues de Woeser auraient été fermés à la demande des autorités chinoises alors qu’une vague de censure dénoncée par RSF frappait l’Internet chinois[26]. Woeser y publiait des essais sur la culture tibétaine et sur des sujets rarement abordés au Tibet comme le SIDA, la prostitution, les dégâts environnementaux et la voie ferrée reliant Pékin à Lhassa, à la construction de laquelle elle était opposée[16], ainsi que des articles de Wang Lixiong dont le forum a aussi été fermé[27].
Cependant, si les premiers blogues ont disparu des serveurs chinois, un nouveau blogue en chinois est accessible chez l'hébergeur américain middle-way.net [28]. Selon le en:PEN American Center, ce nouveau blogue a été la cible d'une cyberattaque en mai 2008[29].
Sur la base de photos prisent durant la révolution culturelle au Tibet par son père, alors cadre de l’armée, Tsering Woeser, interviewa de 1999 à 2006, 70 personnes photographiées. Elle conserva 23 témoignages pour un ouvrage, qu’on ne trouve pas en Chine et qui fut publié en chinois à Taïwan. Elle veut comprendre pourquoi des temples comme le Jokhang ont été saccagés par les jeunes gardes rouges, comprenant des Hans, mais aussi une majorité de Tibétains, venus de Pékin ou des lycées de Lhassa. Woeser explique : « Les plus jeunes, souvent, croyaient vraiment à la propagande de Mao. Elle était efficace et, d'ailleurs, on y a cru dans le monde entier. Mais on s'aperçoit aussi combien de gens n'avaient pas le choix : ils participent parce qu'ils ont peur. Parce que c'est la seule manière de survivre. » La traduction française de l'ouvrage de Woeser est parue en 2010[30].
Prix
- En 2007, Tsering Woeser a reçu le Prix du Norwegian Authors Union pour la liberté d'expression [31].
- Elle a aussi reçu le Prix 2007 pour la liberté d’expression de l'Association des journalistes tibétains en exil[2].
- En 2010, elle a reçu le Courage in Journalism Awards de la fondation International Women's Media Foundation[32],[33].
- En 2011, Prix du Prince Claus, thème Briser les tabous
Œuvres
- 2010 Mémoire interdite. Témoignages sur la Révolution culturelle au Tibet, éd. Gallimard, traduction Li Zhang & Bernard Bourrit, (ISBN 2070131157)
- 2005 Unlocking Tibet: A Chinese Author’s Perspective on Tibet Issue, Switzerland, par Wang Lixiong et Woeser.
- Xīzàng zài shàng 《西藏在上》(Xining, Qīnghǎi rénmín chūbǎnshè 青海人民出版社 1999).
- Xīzàng Bǐjì 《西藏笔记》 (Guangzhou, Huāchéng chūbǎnshè 花城出版社 2003), (ISBN 7536038313). Aussi publié à Taïwan comme Míng wéi Xīzàng de shī 《名为西藏的诗》 (Taiwan, Dàkuài wénhuà 大块文化 2006), (ISBN 9867291905).
- Jiànghóngsè de dìtú 《绛红色的地图》 (Taiwan, Shíyīng chūbǎnshè 时英出版社 2003), (ISBN 9867762045) ; (Beijing, Zhōngguó lǚyóu chūbǎnshè 中国旅游出版社 2004), (ISBN 7503222476).
- Bākuò Jiē de cāngsāng 八廓街的沧桑, in: Jīn Zhìguó 金志国 (ed.): Xīzàng dāngdài lǚxíngjì 西藏当代旅行记 (Lhasa, Xīzàng rénmín chūbǎnshè 西藏人民出版社 2004), (ISBN 7-223-01587-X).
- Jiànghóngsè de Nímǎ Cìrén 绛红色的尼玛次仁, in: Mǎ Míngbó 马明博, Xiāo Yáo 肖瑶 (eds.): Wénhuà míngjiā huà fóyuán 文化名家话佛缘 (Beijing, Zhōngguó dàng'àn chūbǎnshè 中国档案出版社 2004), (ISBN 7801664159).
- Shājié 《杀劫》 (Taiwan, Dàkuài wénhuà 大块文化 2006), (ISBN 9867291840).
Voir aussi
Vidéo
Articles connexes
Liens externes
- Le Tibet Invisible : Traduction française des chroniques de Woeser
- L'invasion, l'exil – contre l'oubli, pour mémoire [1], traduction en français d’un poème de Woeser par Claude Levenson
- PEN International Magazine (hiver 2009), extrait de Mémoire interdite : témoignages sur la révolution culturelle au Tibet
- “They Have Guns, and I, a Pen”: Highly Valuable New Source on the Tibetan Rebellion
- In Beijing, author treads fine line as she tells Tibet's story, The Christian Science Monitor, 18 novembre 2008
- Le couple qui tient tête à Pékin (Bruno Philip, Le Monde)
- (zh) Blog de Woeser
- Voir notamment "Secret Tibet" de Woeser sur le site Tibet Writes
- Tibet Facing Imperialism of Two Kinds: An Analysis of the Woeser Incident par Wang Lixiong
- Dreaming Lhasa
- Lone Tibetan Voice, Intent on Speaking Out
Notes et références
- Woeser Where Tibetans Write « This force of hundreds of Tibetan authors and poets have a command of Chinese that readers and critics find superior in many cases to the work of today’s Han writers » Cf la monographie de l'auteur sur le site
- (en) Tibetan journalists’ body honours Woeser on its 10th Anniversary.
- Tibet's most famous woman blogger, Woeser, detained by police
- (en) Banned Tibetan writer publishes in Taiwan.
- Le couple qui tient tête à Pékin (Bruno Philip, Le Monde).
- Ursula Gauthier - Tsering Woeser : l'âme du Tibet (page 83) Le Nouvel Observateur du 23 décembre au 5 janvier 2010 : La voix des sans paroles de
- Informations biographiques sur Woeser.
- En Chine, quelques voix bravent le tabou tibétain, LE FIGARO.fr International, 28 mars 2008. Jean-Jacques Mével,
- (en) Tibetan Writer Under House Arrest in Beijing Site de RFA ; citation : « Both Tsering Woeser and her husband, Wang, contribute regular commentary to RFA’s Tibetan service ». .
- (en) Woeser's forum.
- Texte de la pétition en faveur de la libération de l’économiste Ilham Tohti
- Page Wikipédia en langue anglaise concernant Ilham Tohti
- Le blog d'Ilham Tohti
- Source : Le Courrier International
- Source : Reporters sans frontières du 4 août 2009
- (en) Tibetan writer, a rare outspoken voice against Beijing's policies, sues Chinese government Article de l'Associated Press.
- Terre-finance - 4 juillet 2010 : Chine: un militant écologiste tibétain condamné à cinq ans de prison
- (en) TAR Authorities Ban Book by Tibetan Author (TIN).
- (en)Extracts from ‘Notes on Tibet’
- Des sites Web sont fermés en plein milieu d'une vague de répression de l'Internet, Archives du "Communiqué de l'IFEX", vol. 15, No. 31, 8 août 2006.
- Dangdang, SYBooks, JQCQ, Haotushu. Cf.
- (en) Tibet: China persecuting Tibetan Writer for Pro-Dalai Lama Opinion, Site de l'UNPO
- Le blog de Tsering Woeser, activiste des Droits de l’Homme, est inaccessible.
- (en) Banned, Blocked Tibetan Writer Vows to Speak Out in China.
- China shuts blog that wished Dalai Lama happy birtday, sur le site Tibet Writes, 26 décembre 2007 : « She (Woeser) said her birthday wishes and poem posted on July 6, the Dalai Lama’s birthday, praised the spiritual leader who has been exiled in India since 1959 ». TW,
- Disparition des deux blogs d’une poétesse tibétaine, Site de RSF.
- Un été très mouvementé pour le Dalaï Lama et le Tibet.
- woeser.middle-way.net Woeser's blog.
- (en) PEN Protests Cyber-Attacks Against Woeser.
- "Mémoire interdite" : nuit de dix ans au Tibet, Le Monde, 25 décembre 2010 Brice Pedroletti,
- (en) Norwegian Authors Union awards Freedom of Expression Prize 2007 to Tsering Woeser Site de Phayul.com.
- Tibetan writer Woeser wins ‘Courage in Journalism award’
- Press release
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