- Victoria Woodhull
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Victoria Claflin Woodhull (23 septembre 1838 – 9 juin 1927) était une femme politique féministe américaine.
Avec sa sœur Tennessee Claflin, elle fut la première femme agent de change à New York. Militante de l'amour libre, elle fit scandale; sa large audience médiatique en fit durant le Gilded Age, une des meneuses du mouvement pour le droit de vote des femmes aux États-Unis. Elle fut en 1872 la première femme à se présenter à l'élection présidentielle américaine.
Sommaire
Jeunesse
Victoria Claflin est née le 23 septembre 1838 dans une famille haute en couleurs, à Homer, Comté de Licking dans l'Ohio. Son père, Ruben Buckman Claftin, dit Buck, vivait d'escroqueries diverses, joueur de cartes, trafiquant de chevaux ou vendeur de potions. Il épousa Roxanna Hummel, une servante, à qui il arrivait parfois lors de visions de prédire l'avenir. Ils eurent sept enfants, dont deux fils et cinq filles. Parmi elles Victoria et sa sœur Tennessee, de sept ans sa cadette, restèrent très proches pendant une grande partie de leur vie.
À 15 ans, Victoria épousa Canning Woodhull, un médecin de 38 ans[1]. Le couple vécut d'abord à Rochester, puis partit s'installer à San Francisco, qui était à l'époque une ville de pionniers en pleine ruée vers l'or. Ils eurent un premier enfant, Byron, déficient mental[2]. Canning Woodhull, devenu alcoolique, assurait de moins en moins les revenus de la famille. C'est bientôt Victoria qui y pourvut, en se produisant comme actrice.
En 1857, Victoria décida de rejoindre sa jeune sœur, suite à une vision où elle avait entendu celle-ci lui demander de rentrer. Elle retrouva à Indianapolis Tennessee qui faisait vivre la famille en exploitant ses talents de médium; Victoria se joignit à elle en faisant elle aussi profession de spirite. La famille dut déménager à plusieurs reprises, suite à divers scandales liés à des escroqueries, et pour s'éloigner des zones de combats de la guerre de Sécession. C'est à New York que naquit le 23 avril 1861 le second enfant de Victoria et Canning, leur fille Zula[3].
Femme d'affaires et conférencière
La famille Claflin s'installa ensuite à Ottawa, dans l'Illinois, où l'un des frères de Victoria, Hebert créa un hôpital pour cancéreux tandis que Tennessee reprenait ses activités de voyante. C'est là que Victoria donna ses premières conférences : elle se présentait comme médium, tout en plaidant les valeurs du féminisme, et elle rencontra très vite du succès.
Après la mort d'une patiente, les conditions déplorables de vie à l'hôpital Claflin furent découvertes. La famille quitta précipitamment Ottawa, et reprit une vie itinérante qui la mena à Cincinnati, Chicago et à Saint-Louis, les deux sœurs se présentant comme voyantes, et Victoria continuant ses conférences.
À Saint-Louis, lors d'une de ces conférences, Victoria fit la connaissance du colonel James Blood, un vétéran de la guerre de Sécession, dont elle devint bientôt très proche. Blood était également marié, et tout deux demandèrent alors le divorce d'avec leurs conjoints respectifs.
La famille Claflin se fixa alors à New York, où Tennessee fit la connaissance de Cornelius Vanderbilt. Féru de spiritisme, il sympathisa avec les deux sœurs. Des informations apportées par Victoria lui permirent de tirer son épingle du jeu lors du scandale Fisk-Gould, qui fit chuter brutalement le cours de l'or. Il aida alors les deux sœurs à monter leur propre office, elles devinrent les premières femmes agents de change à la Bourse de New York.
Leur réussite dans ce nouveau domaine, outre une certaine prospérité, ouvrit à Victoria les colonnes du New York Tribune, puis du New York Herald. C'est dans ce journal qu'elle annonce dès 1870 son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 1872, avant de créer son propre journal, l'hebdomadaire Woodhull and Claflin's weekly.
L'élection présidentielle de 1872
La campagne de Victoria pour l'accession des femmes au droit de vote suscita la création d'un parti de l'égalité des droits, lors de la convention nationale tenue le 10 mai à New York. Elle fut désignée comme candidate à la présidence, désignant comme colistier Frederick Douglass, un ancien esclave, militant républicain radical. Celui-ci refusa cette investiture et fit campagne pour Grant dans l'État de New York.
Cette candidature fut éminemment symbolique : Victoria Woodhull n'était alors âgée que de 34 ans, alors que l'âge minimum pour être élu président(e), et donc pour être candidat, était fixé à 35 ans. Lors de la campagne, elle dénonça l'hypocrisie régnant au sujet de la prostitution et fut pour cela condamnée à la prison pour propos obscènes. Elle était encore emprisonnée le jour de l'élection. Lors du dépouillement, les bulletins de vote la désignant ne furent pas décomptés, on se sait pas précisément le score qu'elle obtint.
Nouvelle vie en Angleterre
Victoria reprit ses conférences et l'édition du Woodhull ans Claflin's weekly, mais elle avait été profondément meurtrie par cette arrestation.
Elle décida alors de quitter les États-Unis pour l'Angleterre. C'est à cette époque qu'elle rencontra Benjamin Tucker, jeune anarchiste dont elle s'éprit. Elle divorça de Blood, mais sa nouvelle passion fut brève.
En Angleterre, précédée par sa notoriété, Victoria donna avec succès de nouvelles conférences. Lors de l'une d'entre elles, elle rencontra John Biddulph Martin, un des banquiers les plus riches d'Angleterre. Elle l'épousa et devint la châtelaine de Manor House, dans le comté de Norton du Worcestershire.
Elle se convertit au catholicisme, et développa des œuvres sociales sur son domaine. Elle demeurait féministe, et lança en 1892 un nouveau journal, The Humanitarian, en collaboration avec sa fille Zula.
Quand John Biddulph Martin mourut en 1897, il lui légua la totalité de ses biens. Victoria ne se fit plus guère remarquer que par sa passion pour les automobiles qu'elle conduisait à vive allure à travers le comté. Elle mourut le 10 juin 1927.
Sources
Références
- Ils se marièrent le 23 novembre 1853 cf Victoria Woodhull: Fearless Feminist, par Kate Havelin, page 15
- Selon les sources, il serait né handicapé (K Havelin) ou aurait eu des lésions au cerveau suite à une chute (A Decaux)
- Victoria Woodhull: Fearless Feminist Kate Havelin, Page 20
Bibliographie
- Kate Havelin, Victoria Woodhull: Fearless Feminist, Lerner publishing group (ISBN 978-0822559863) [lire en ligne]
- Alain Decaux, Alain Decaux raconte, t. 4, Librairie Académique Perrin, 1981
- Camille Raymond, « L’utopie féminine américaine au 19e siècle : Victoria Woodhull et Tennessee Clafin », dans Horizons philosophiques, no vol. 14, n° 1, 2003, p. 56-76 [texte intégral]
- J.P. Feuillebois et N. Blondeau, Victoria la scandaleuse, Livre de poche
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