- Victor Brauner
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Victor Brauner, né le 15 juin 1903 à Piatra Neamț en Roumanie et décédé le 12 mars 1966 à Paris, était un peintre dadaïste puis surréaliste qui a fait partie de l'importante communauté d'artistes et intellectuels roumains de Paris avec Constantin Brâncuși, Emil Cioran, Mircea Eliade, Eugène Ionesco, Isidore Isou, Panaït Istrati et Tristan Tzara.
Sommaire
Biographie
Sa jeunesse est marquée par deux faits importants : d'une part, la révolte en Moldavie et les séances de spiritisme de son père auxquelles il assiste en secret, et, d’autre part, le souvenir laissé par l’étrange excitation provoquée par le passage de la comète de Halley en 1911, qui, pour beaucoup, annonçait la fin du monde. La famille Brauner s’installe pendant quelque temps à Hambourg, puis à Vienne (1913) et se réinstalle en Roumanie en 1914 et à Bucarest en 1918. Il étudie à l'école des Beaux-Arts de Bucarest de 1919 à 1921.
En octobre 1924, il expose ses œuvres et édite, avec Ilarie Voronca, une revue Dada "75 H.P." (un seul numéro) dans laquelle il écrit le manifeste de la "picto-poésie". Ni tout à fait peinture, ni tout à fait poésie, la "picto-poésie" juxtapose des formes géométriques différenciées selon la couleur et la touche du pinceau, où s'inscrivent des lettres tracées à la main ou au pochoir, formant dans l'esprit à la fois futuriste, dadaïste et constructiviste, un vocabulaire dont la signification ne prend sens que par leur inscription sur la toile et soulignent l'expression dynamique de l'image. Son jeune frère Théodore Brauner deviendra d'ailleurs une figure marquante de la photographie surréaliste.
Un premier voyage à Paris, en 1925, lui fait découvrir Giorgio De Chirico et les surréalistes. Mais ce n'est qu'en 1932, installé à Paris, qu'il prend contact avec ces derniers grâce à Yves Tanguy. Il commence une série de tableaux autour du symbole de l'œil énucléé (Salomé). Son autoportrait (Autoportrait 1931) est-il la prémonition de la perte de son œil sept ans plus tard ? En 1934 a lieu sa première exposition parisienne à la galerie Pierre. André Breton préface le catalogue : « Le désir et la peur président par excellence au jeu qu'il mène avec nous, dans le cercle visuel très inquiétant où l'apparition lutte crépusculairement avec l'apparence. » (La Porte et « Paysage méditerranéen 1932). Après un retour à Bucarest, en 1935, il revient à Paris en 1938 et partage l'appartemment d'Yves Tanguy. Il rencontre Jacqueline Abraham qu'il épousera en 1946 (L'Étrange K de Monsieur K).
Dans la nuit du 27 au 28 août 1938, lors d’un chahut entre Oscar Dominguez et Esteban Francés, il est atteint en plein visage par un verre qui le prive définitivement de son œil gauche[1] . Jusqu'à la déclaration de guerre de septembre 1939, le peintre traverse une période dite des « Chimères ».
Après la défaite de juin 1940 et l'occupation partielle de la France par l'armée allemande, Victor Brauner se réfugie dans la famille du poète Robert Rius (dont il vient d'illustrer le recueil Frappe de l'Echo) à Perpignan. Il loge à Canet-plage, puis est en résidence surveillée à Saint-Filiu d'Amont.[réf. nécessaire]En novembre, il est à la villa Air-Bel à Marseille, avec d'autres artistes comme André Breton, Max Ernst, Wifredo Lam, et le militant révolutionnaire Victor Serge, dans l'espoir d'obtenir un visa pour quitter le pays et échapper à la répression. Son attente étant vaine, il est alors caché en Provence par René Char. La précarité de sa vie le contraint à s'adapter et utiliser le peu de matériau dont il dispose. Ainsi, il peint à la cire, matière à qui il donne une valeur alchimique, voire ésotérique (Espaces psychologiques, La Ville). (Devenir non devenant 1943, Analogie animale 1945, Triomphe du doute, Motan de Lune 1946).
En 1947, il participe à l'Exposition internationale surréaliste, à la galerie Maeght et présente son être-objet le Loup-table. Après cette exposition, il quitte le groupe surréaliste. Sa peinture s'assombrit jusqu'à devenir presque monochrome tandis que les titres de ses œuvres renouent avec l'humour Dada : Orgospoutnique, Autonoma, Aeroplapla, Poisson à roulettes. Malade et inquiet du sort des Roumains illégaux en France, Brauner ira à Zurich puis à Ronco. Il meurt à 63 ans des suites d'une longue maladie. Inhumé au cimetière de Montmartre, sur sa tombe est inscrit en épitaphe une phrase extraite de ses carnets : « peindre c'est la vie, la vraie vie, ma vie ».
Œuvre
L'ensemble de son œuvre est répartie entre le Centre Georges Pompidou, le Musée d'Art moderne de la ville de Paris, le Musée d'Art moderne de Strasbourg, le Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne Métropole et le musée de l'Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d'Olonne.
Références
Notes
- Louis Scutenaire, et le peintre Esteban Francés, ceinturé par Brauner. Dominguez jette au visage d'Esteban Francés, qui se baisse instinctivement, une bouteille qui atteint Brauner. Étaient également présents Éluard, Georges Hugnet, Wolfgang Paalen, Benjamin Péret et Tanguy (Irine, C'était, « Le Vocatif », n° 207, Bruxelles, mars 1980, non paginé, 8 pages). Irène Hamoir raconte l'empoignade qui oppose Dominguez, retenu par
Bibliographie
- Sarane Alexandrian « Victor Brauner », Oxus Éditions, Catégorie "Les Roumains de Paris", février 2004, ISBN : 2-84898-014-1, présentation de l'ouvrage
- Sarane Alexandrian, Victor Brauner. L'illuminateur, éditions des Cahiers d'art, Paris, 1954.
- Sarane Alexandrian, Les Dessins magiques de Victor Brauner, Denoël, Paris, 1965.
- Adam Biro et René Passeron (sous la direction de), Dictionnaire générale du surréalisme et de ses environs », Office du livre, Fribourg, Suisse et Presses universitaires de France, Paris, 1982
- José Pierre, L'Univers surréaliste, éditions Somogy, 1983.
- Vasile Florea, L’art roumain moderne et contemporain, éditions Meridiane, Bucarest, 1985
- « Cahier Victor Brauner», Saint-Étienne, Musée d'art moderne 1988
- Charline Lepingle, Instruction-surréalisme de Victor Brauner, thèse, Université Lumière, Lyon 1989.
- Margaret Montagne, "L'Oeuvre graphique de Victor Brauner(1903-1966), Etude et Catalogue du Fonds d'atelier conservé au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne", thèse, Université Lyon II, Lyon 1998.
- Didier Semin, Victor Brauner, Filipacchi et RMN, Paris, 1990.
- Didier Ottinger « Les Victor Brauner de la collection de l'Abbaye Sainte-Croix», Les Sables-d'Olonne, 1991.
- Alain Jouffroy « Victor Brauner », Fall Édition, 1995
- Marina Vanci « Victor Brauner », Mazzotta Milan 1995
- « Victor Brauner » (catalogue raisonné des) Collections du Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou Paris, 1996 (ISBN 2-85850-864-X).
- Camille Morando et Sylvie Patry (sous la direction de), avec la participation de Didier Semin, Rose-Hélène Iché, Margaret Montagne, Marina Vanci-Perahim, Victor Brauner, Écrits et correspondances (1938-1948), Ed. INHA /Centre Pompidou, Paris, 2005 (ISBN 2-84426-283-X).
- Martine Dancer, Chantel Fernex de Mongex, Rose-Hélène Iché et Jacques Beauffet, Victor Brauner, un surréaliste européen, Un, Deux... Quatre éditions, octobre 2007 (ISBN 978-2-35145-064-2).
Anecdotes
Victor Brauner est un boss de 'Castlevania : Portrait of Ruin', dans lequel il incarne un vampire peintre du nom de "Brauner". Son prénom n'est cependant jamais mentionné.
Voir aussi
Article connexe
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