- Vendéliques
-
Les Vendéliques ou encore Vindélices, Vindéliciens[1], en latin Vindelici, Vindolici ou Vindalici, désignent un peuple habitant une ancienne région romanisée sous le nom de Vindélicie. Elle s'étend entre le Danube au nord qui a été sur le limes de Germanie), la Norique à l'est au delà de l'Oenus (Inn), la Rhétie première au sud et la Gaule à l'ouest qui commence par l'ancien territoire des Helvètes. Cela correspond aujourd'hui au territoire comprenant la partie nord-est de la Suisse, le sud-est de la région de Bade, et le sud du Wurtemberg et de la Bavière.
Sommaire
Habitants de la Vindélicie
La Vindélicie primitive soumise l'an 15 avant J.-C. et protégée par les Romains prend son nom latin de l'accolement de deux rivières qui l'encadrent, la Lech et la Wertach, autrefois dénommée Licus et Windo. Notons que Vindo, Winda en latin, provient d'un mot celte signifiant « blanche ». Les populations déclarés celtes ou gauloises par les conquérants, mais en réalité des Suèves dissidents soutenant en cachette les peuples Rhètes dans leur farouche résistance à Rome, se nomment : Licates, Rucciinates, Caténates, Consuanetes...
Comme les Suèves se doivent d'être l'allié des Romains, cette région est conquise et intégrée de facto à la province de Rhétie. Les troubles qui éclatent permettent aux légions victorieuses d'accroître le périmètre de sécurité au Danube. Les habitants sont dénommés par commodité Vindéliques.
Le principale citadelle de Vindélicie est l'oppidum de Manching près d'Ingolstadt. Sur ce territoire, une ville est fondée par les légions romaines de drusus la colonia Augusta Vindelicorum qui devient l'« Augusta des Vindélices » ou Augsbourg). Elle est après 90 la plus importante et la plus prospère de Rhétie avant que l'empereur Marc-Aurèle l'en sépare, fondant ainsi la Rhétie seconde dans le diocèse d'Italie. La Rhétie première reste alpine, centrée sur Coire.
Si la vieille culture archéologique de la Vindélicie appartient sans conteste à La Tène, les habitants romanisés au IIIe siècle réinventent le gentilé Vindelices oublié, conscients que leurs ancêtres celto-germaniques parlaient un langage celtique, alors qu'il fréquente de plus en plus étroitement le monde germanique. Les érudits étymologistes ont pu noter aussi que d'autres peuples antiques proches ont un nom apparent : Vandales, Vénèdes, Vénètes ou Wendes ou encore le camp romain antique de Vindonissa, aujourd'hui au nord de la Suisse. Mais faut-il préciser que les Vendéliques qui doivent leur nom aux deux rivières qui traversent leurs territoires, sont le produit d'une mythogénèse latine. Toutefois, parmi les tribus ou régions qui leur sont inféodées, on trouve les Brigantii (dans la région de Bregenz), les Estiones (région de Kempten), les Licates (vallée de la Lech) et plus à l'est les Catenates, les Cosuanetes et les Rucinates, attestant l'importance de la cité capitale Augusta Vindelicorum et la vieille influence suève sur ce qui est aujourd'hui le sud du Wurtemberg et la Bavière occidentale.
Histoire
En 15 av. J.-C., Tibère et son frère Drusus mènent une campagne contre la population rhète, répartie entre la Norique et la Gaule[2], contre les Vindélices[3],[4]. Drusus a déjà précédemment chassé des territoires italiques les Rhètes mais Auguste décide d'envoyer Tibère afin de résoudre définitivement le problème[5]. Tibère, qui avance depuis l'ouest, bat les Vindélices autour de Bâle et du lac de Constance. C'est en ce lieu que les deux armées se rejoignent et se préparent à envahir la Bavière. L'action conjointe conduite par les deux frères permet d'avancer jusqu'à la source du Danube où ils remportent la victoire définitive sur les Vindélices[6]. Ces succès permettent à Auguste d'assujettir les peuples de l'arc alpin. Sur la montagne près de Monaco, à proximité de La Turbie, le trophée d'Auguste est érigé pour commémorer la pacification d'une extrémité à l'autre des Alpes et se rappeler les noms de toutes les tribus soumises. L'inscription augustéenne de 12 av. J.-C. fait mention de quatre tribus de Vindélices parmi les défaits. Vers la fin du Ier siècle, la région des Vindélices (la Vindélicie) est incluse dans la province de Rhétie. Zosime mentionne dans son Historia nova que Probus défait les Vandales, les Burgondes et les Lygiens (Lugii) en Rhétie (Vindélicie) et près de la rivière Lygis (rivière Lech en Autriche et en Bavière) au cours de l'année 279 ap.J.C.
À partir de 525 des populations paysannes alamanes migrent vers la Rhétie en deux vagues successives, gagnant d'abord les rives de l'Iller puis celles de la Lech, et forcent les colonies gallo-romaines à prendre l'exode vers l'est. Les historiens présument qu'à l'est de la Lech, ces réfugiés s'agrègent à des tribus germaniques elles-mêmes en déshérence (Marcomans et Lombards) et forment la nation des Bavarii, mentionnée deux siècles plus tard par les chroniqueurs francs.
Les principales villes vendéliques sont Augusta Vindelicorum (Augsbourg), l'oppidum de Manching, Castra Regina (Ratisbonne), Cambodunum (Kempten), Foetes (Füssen), Apodiacum (Epfach), Parthanum (Partenkirchen), Brigantium (Bregenz), Castra Batava (Passau).
Sources
Les Vendéliques sont cités par Pline l'Ancien comme un des peuples les plus importants des Alpes[7] :
- Les Alpes sont peuplées d'un grand nombre de nations, mais les plus connues entre Pola et la région de Trieste sont
- les Fecusses, les Subocrini, les Catali, les Menoncaleni puis, voisins des Carni, les peuples qu'on appelait autrefois
- Taurisques, aujourd'hui Noriques ; puis viennent les Rhètes et les Vendéliques, eux-mêmes divisés en de nombreuses tribus.
Horace fait une allusion à ce peuple dans son quatrième livre des Odes, décrivant les Vindélices comme des « fiers porteurs de ces haches scythiques[1] »
Le trophée des Alpes, arc de triomphe érigé sur ordre d'Auguste pour commémorer la victoire de Rome sur les peuples des Alpes, mentionne « quatre tribus Vendéliques ».
Notes et références
- Horace, Odes, IV, 4.
- Dion Cassius, Histoire romaine, Livre LIV, 22 (1).
- Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 9
- Suétone, Vie des douze Césars, Claude, 1.
- Dion Cassius, Histoire romaine, Livre LIV, 22 (2).
- A. Spinosa, Tiberio, p. 41.
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, chap. XIX, 133
Wikimedia Foundation. 2010.