- Valentin Haüy
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Valentin Haüy (Haüy se prononce "A-U-I"), né le 13 novembre 1745 à Saint-Just-en-Chaussée et mort le 19 mars 1822 à Paris, frère du minéralogiste René Just Haüy, fut l'un des premiers à s'intéresser au devenir socio-culturel des aveugles. Il fonda à Paris la première école pour aveugles, devenue depuis l'Institut national des jeunes aveugles. Il mit également au point leur matériel de lecture et s'attacha à promouvoir leur insertion par le travail.
Sommaire
Biographie
Valentin Haüy naquit le 13 novembre 1745 dans une famille de tisserands de Saint-Just-en-Chaussée (Picardie).
Il fit des études classiques à Paris, où il acquit la pratique du latin, du grec, de l'hébreu, et d'une dizaine de langues vivantes. Il gagna dès lors sa vie en traduisant des documents officiels, notariés, commerciaux ou privés. Membre et professeur du Bureau académique d'écriture en 1781, il devint interprète du roi en 1783. En 1786, il se prévalait du titre d'Interprète du Roi de l'Amirauté et de l'Hôtel de Ville. Il était membre du Bureau des Écritures.
En 1771, il assista à une représentation donnée par de jeunes aveugles à la Foire de Saint Ovide place de la Concorde à Paris (alors place Louis XV). Il fut si choqué de l'accueil moqueur qui leur fut réservé qu'il décida de fonder une école, comme l'avait fait l'abbé de l'Épée pour les sourds-muets.
En mai 1784, sous le porche de l'église Saint-Germain-des-Prés, il rencontra un jeune mendiant, Francois Lesueur, à qui il fit l'aumône. Le jeune homme lui fit remarquer qu'il avait dû se tromper en lui donnant une pièce trop grosse. Il fut son premier élève.
Sa grande idée étant de faire lire les aveugles, il fit réaliser des caractères spéciaux : des lettres romaines de forme ordinaire mais de taille très supérieure, il s'en servit pour gaufrer des feuilles de papier cartonné. Avec cette méthode de lettres en relief, Lesueur apprit à lire, composa des phrases, acquit des rudiments d'orthographe, apprit les quatre opérations de base du calcul. Il fit de rapides progrès, et Haüy annonca le succès de son entreprise dès septembre 1784, dans le Journal de Paris, recevant ensuite des encouragements de l'Académie des sciences.
En 1783, une société philanthropique avait ouvert un atelier de filature pour une douzaine d'aveugles qu'elle avait pris en charge ; elle confia l'instruction de ses protégés à Valentin Haüy. En 1786, L'institution des Enfants Aveugles était née. Son but était d'instruire les élèves et de leur apprendre un travail manuel : filature, impression typographique... Consécration suprême, le 26 décembre 1786, Valentin Haüy présenta à Versailles les vingt-quatre pensionnaires que comptait alors l'institution.
Sous la Révolution, l'institution fut prise en charge par l'État, le 28 septembre 1791 : l'institution devint l'Institut national des aveugles travailleurs, installé dans l'ancien couvent des Célestins, dans la section de l'Arsenal, puis, en l'an III, dans l'ancien couvent des religieuses Sainte-Catherine, rue Denis, dans la section des Lombards. Valentin Haüy participa activement à la vie politique de son temps, et connut des heures difficiles sous le Consulat. Personnalité de la section de l'arsenal sous la Révolution, il associa les élèves et l'orchestre de l'école aux fêtes civiques et fut successivement secrétaire de l'assemblée primaire lors des élections de 1792, commissaire civil puis commissaire révolutionnaire. Arrêté comme terroriste le 5 prairial an III, après l'insurrection du 1er prairial, il fut libéré le 11 par le Comité de sûreté générale, arrêté de nouveau le 20 par l'assemblée générale, arrestation confirmée le 30 par le Comité de sûreté générale. Libéré le 19 fructidor, il devint membre du club du Panthéon sous le Directoire, théophilanthrope, électeur en l'an VI et membre du cercle constitutionnel du 6e arrondissement de Paris, qui se réunit à l'Institut des aveugles. Sous le Consulat, une liste du 17 nivôse an IX le signalait comme « terroriste ». À la même époque, on lui retira la direction effective de son établissement, réuni à l'hospice des Quinze-Vingts, et il dut démissionner en 1802[1].
À l'appel du tsar Alexandre Ier, il partit pour Saint-Pétersbourg en septembre 1806, afin d'y fonder une école qu'il devait diriger pendant onze ans[1].
Rentré à Paris, où on l'avait presque oublié, en 1817, il connut de nouvelles déceptions. Ce n'est que quelques mois avant sa mort, qu'il reçut l'autorisation de pénétrer dans la maison qu'il avait fondée, et qui portait à présent le nom d'Institution royale des Jeunes Aveugles. Le 21 août 1821, une cérémonie solennelle fut organisée en son honneur.
Infirme, ne quittant plus le domicile qu'il partageait au Muséum avec son frère l'abbé René-Just Haüy, il s'éteignit le 19 mars 1822. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, en compagnie de son frère.
Très influencé par les philosophes du XVIIIe siècle, il fut un des fondateurs du culte révolutionnaire de la Théophilanthropie.
Hommages
Une école primaire et un boulevard de sa ville natale, Saint-Just-en-Chaussée, portent son nom.
Dans cette même ville, une statue lui est dédiée ainsi qu'à son frère, René Just Haüy. On peut voir Valentin Haüy en train d'éduquer un jeune enfant aveugle. La mention "La ville de Saint-Just-en-Chaussée à des deux illustres enfants. Monument élevé par souscription" y est indiquée. Cette statue se trouve place René-Benoist, face à la mairie.
Une plaque a été apposée sur sa sépulture, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, avec la mention : "À Valentin Haüy 1745-1822 Les Aveugles Reconnaissants".
Lorsque, en 1889, Maurice de La Sizeranne crée une association ayant pour vocation d’aider les aveugles et les malvoyants, il lui donne le nom d’Association Valentin Haüy.
Une rue de Paris porte son nom dans le 15e arrondissement : rue Valentin-Haüy.
Une rue porte également son nom à Villeurbanne.Source partielle
- Raymonde Monnier, « Haüy Valentin », Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 536)
Notes et références
- Albert Soboul, Raymonde Monnier, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l'an II, Publications de la Sorbonne, 1985, 564 pages, p. 393.
Voir aussi
Ouvrage
- Essai sur l'éducation des aveugles, 1786.
Musée
Musée Valentin Haüy : voir du bout des doigts.
5 rue Duroc, 75007 Paris
Métro : Duroc
(accès libre, ouvert mardi et mercredi de 14H30 à 17H)Liens externes
Catégories :- Déficience visuelle
- Enseignement spécialisé en France
- Inventeur de système d'écriture
- Personnalité politique de la Révolution française
- Chevalier de l'Ordre de Saint-Vladimir
- Naissance en 1745
- Décès en 1822
- Personnalité enterrée au cimetière du Père-Lachaise (division 60)
- Naissance dans la province d'Île-de-France
- Handicap
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