Tupi

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Tupis

Les Tupis ont emprunté leur nom au langage qu’ils parlent, le tupi (voir plus bas le paragraphe Précision). En fait, les Tupis étaient à l’origine sept tribus différentes mais toutes liées entre elles par une seule et même langue. Ils contrôlaient les côtés du Brésil, ainsi qu’une grande partie de l’intérieur du pays. On suppose qu’ils sont arrivés plus tardivement sur ces territoires, venant du nord de ce qui est aujourd’hui le Paraguay, traçant leur territoire aux dépens de tribus moins agressives.

Rencontre avec les Européens

Les Européens rencontrèrent pour la première fois les Tupis lorsqu’ils découvrirent le Brésil. En 1507, les navires portugais sillonnant les côtes africaines se laissèrent emporter et ne visitèrent que très brièvement le continent. Les descriptions faites des Tupis par les premiers voyageurs à s’aventurer au Brésil, choqua et éveilla la curiosité de l’Europe. Les Tupis avaient une vie simple basée sur la chasse et l’agriculture et ils se promenaient complètement nus. Ils n’étaient pas très attachés à la notion de propriété. Ils faisaient des hôtes merveilleux pour les explorateurs et les commerçants qui cherchaient du bois brésilien et travaillaient pour quelques babioles et d’autres outils en fer.

Après un séjour plus poussé au contact de la culture Tupi, elle s’avéra bien plus complexe qu’elle n’était apparue au départ. La plupart des terres qu’ils occupaient étaient des forêts tropicales qui ne pouvaient servir à l’agriculture et ne regorgeaient pas d’animaux sauvages. Les sections de terre devaient être défrichées puis cultivées que pour quelques saisons et devaient être abandonnées lorsque le sol s’épuisait. Les populations devaient donc ainsi se déplacer constamment, ce qui provoquait des frictions avec les populations voisines et un état de guerre quasi permanent.

En fait, les Tupis étaient de redoutables guerriers. Les guerres auxquelles ils se livraient avaient le but de maintenir la population de la région sous leur contrôle. Ils étaient d’excellents tireurs à l’arc, mais tout comme les Aztèques, ils préféraient les massues. L’objectif principal des combats était de capturer des prisonniers. Ils étaient temporairement réduits en esclavage puis mangés lors de rites très élaborés destinés à rendre furieuses les autres tribus et à encourager d’autres guerres. Les prisonniers apportaient de la main-d’œuvre mais étaient aussi une source de protéines. Selon les termes de leur culture, c’était un honneur d'être mangé dans ces circonstances.

Malgré leur cannibalisme et les autres caractéristiques exotiques de leur culture, les Tupis et les Européens vécurent en bons termes pendant plus d'une génération après s'être découverts mutuellement. Les Tupis travaillaient pour fournir les bûches de bois brésilien et les échanger contre des outils en fer et des babioles. Cependant, tout le bois nécessaire, si facile à obtenir, finit par être débité et les Tupis obtinrent tous les outils et babioles qu’ils désiraient. Ils perdirent bientôt tout intérêt pour le commerce des marchandises et refusèrent de travailler sous aucune circonstance. Leur population était décroissante en raison des maladies importées d’Europe, qui touchaient l’ensemble de la population. Ils préférèrent retourner à leur mode de vie original, désormais rendu plus facile grâce à de meilleurs outils.

Mais les Européens n’allaient pas laisser faire. Les prairies qui longeaient la côte et les forêts brésiliennes défrichées offraient un terrain idéal pour la culture de la canne à sucre qui nécessitait un travail intensif. Lorsque que les Tupis refusèrent de travailler, les planteurs commencèrent à acheter des prisonniers aux Tupis pour les utiliser comme main-d’œuvre et encouragèrent les guerres de destruction réciproque pour faire plus de prisonniers. Selon la politique des Européens, mieux valait tuer un esclave au travail que le manger, un point de vue que ne partageaient pas les Tupis.

La fin des Tupis

Lorsque le commerce des prisonniers n’apporta plus la main-d’œuvre adéquate, les colons européens en vinrent progressivement à faire la guerre aux Tupis. En très peu de temps, les tribus Tupis qui peuplaient la côte furent décimées du fait des guerres et des maladies, asservies ou chassées vers l’intérieur des terres. Les chasseurs d’esclaves remontèrent les rivières vers la forêt tropicale à la recherche de l’« Or rouge ». Les Européens se justifièrent en invoquant les pratiques cannibales des Tupis et leur refus du christianisme.

Les Tupis disparurent de la plupart des terres qu’ils occupaient au moment du premier contact avec les Européens. Leurs descendants en tant que tribus survivent aujourd’hui dans les forêts tropicales menacées du Brésil. Ils ne sont plus qu'un nombre infime en comparaison du million estimé de l'ensemble des tribus et groupes apparentés au moment de l'arrivée des Européens.

Toutefois comme le note Darcy Ribeiro, les premiers Européens, essentiellement Portugais, étant arrivés avec très peu de femmes, se sont rapidement fondus pour la plupart dans la population amérindienne de la côte, profitant des coutumes locales en vigueur (polygamie et "cunhadismo" à savoir formation de liens de parenté par mariages). Ils ont ainsi constitué la première source de métissage et de miscigénation qui a pu, à partir d'un nombre très faible de colons au départ, former du 16è au 18è siècle, une population aux caractéristiques mixtes (caboclos) se diffusant dans l'immensité du territoire brésilien, parlant plus la lingua franca (le nheengatu, dialecte moderne issu du vieux tupi reformaté par les Jésuites) que le portugais, et incorporant des techniques et outils européens aux méthodes indigènes de culture. L'expulsion des Jésuites sur l'ordre du Marquis de Pombal a réduit par la suite l'influence de la culture tupi, les nouveaux Brésiliens revenant de plus en plus à la langue portugaise. Mais l'héritage du peuple originel tupi ressort largement dans le peuple brésilien d'aujourd'hui de près de 200 millions, tant au plan ethnique et biologique pour une bonne part des métissés, et en plus faible proportion souvent ignorée pour beaucoup de blancs et d'autres descendants d'immigrés au fur et à mesure de leur assimilation, qu'au plan linguistique dans le portugais brésilien, dans les patronymes et les toponymes, que dans la gastronomie et dans la culture en général.

Précision

En ethnologie, le terme tupi renvoie aux groupes amérindiens dont les langues appartiennent au tronc tupi.

Classiquement, le terme regroupe les peuples qui habitaient le littoral atlantique de l’actuel Brésil, depuis l’État de Rio de Janeiro jusqu’au Nord de l’État de Bahia, voire jusqu’aux États du Pará ou d’Amazonas, selon certains auteurs.

Dans un sens plus large, par leurs similitudes culturelles et ethniques, on réunit souvent les Tupis et les Guaranis (qui occupaient le sud et le sud-est du Brésil, ainsi que le Paraguay et la Bolivie) dans le grand groupe ethnique et linguistique des "Tupi-Guarani".

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